Le Mouvement du 5 Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp) a tenu, le dimanche 21 février dernier, au Palais de la culture Amadou Hampathé Ba, son tout premier meeting après la mise en place des autorités de la Transition. C’était en présence de plusieurs responsables du M5-Rfp ainsi que ceux des organisations sœurs qui ont rejoint les rangs du mouvement. Au cours de ce rassemblement les responsables du mouvement, comme l’atteste la déclaration rendue publique, se disent convaincus, preuves à l’appui, qu’il existe une complicité objective et une convergence d’intérêts entre le défunt régime et les autorités militaires de la Transition. Ainsi, fidèle aux idéaux et engagements du M5-Rfp déjà déclarés, ils disent qu’ils ne peuvent ni s’associer ni assumer la gouvernance en cours, ni rester non plus observateurs passifs de ses dérives.

Pour le M5-Rfp, ne pas rester un observateur passif, c’est affirmer son désaccord et continuer à porter les justes et légitimes revendications du peuple malien pour les faire aboutir par tous les moyens légaux et démocratiques.

Selon la déclaration rendue publique pour la circonstance, les responsables du mouvement diront que “quand on n’est pas d’accord, on dit : Non”. Aussi, poursuit la déclaration, le M5-Rfp dit non et agira en conséquence pour mettre un terme à la perpétuation des pratiques que le peuple malien, sous sa houlette, a combattu au prix du sang des martyrs tombés sous les balles assassines du régime déchu.

A cet égard, précise le document, au-delà des annonces futiles du pouvoir militaire, le M5-Rfp réaffirme sa ferme détermination à obtenir justice et réparation pour eux.

S’agissant de la militarisation de l’administration publique, le M5-Rfp déplore les velléités de quelques hauts gradés des Forces de défense et de sécurité qui ont usurpé la victoire du peuple, de troquer le treillis militaire contre le costume ou le boubou civil et de délaisser les théâtres des opérations pour s’embourber dans les jeux et intrigues à Bamako et ailleurs. “Ce sont eux qui sont responsables de l’aggravation et de l’extension de l’insécurité par leurs comportements et ses impacts négatifs sur le moral de la troupe”, peut-on lire dans le document.

Sur la question lancinante de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le mouvement tombeur du régime IBK dit non à l’impunité pour les auteurs de la corruption et de toutes les autres formes de délinquance financière qui ont ruiné et appauvri notre pays et qui continuent de narguer le peuple malien auquel ils ont imposé des conditions de vie infrahumaines. Pire, précise la déclaration, les pratiques de corruption continuent à tous les niveaux à un rythme effrayant.

Ainsi, s’adossant à la volonté du peuple malien à travers les prises de positions de toutes ses composantes, le M5-Rfp dit non à la mise en œuvre intégrale et accélérée de l’Accord d’Alger et exige, pour le moins, sa relecture. “L’intégrité territoriale du Mali, la souveraineté nationale, l’unité nationale, la forme républicaine et laïque de l’Etat ne sont pas négociables”, martèlent les responsables du mouvement.

Par rapport à la marche d’une transition sans boussole ni repère, ne sachant où aller ni que faire, le principal mouvement de contestation contre le président déchu IBK prône la tenue, sans délai, des Assises nationales de la refondation pour arrêter le pilotage à vue, les multiples dérives et surtout pour fixer un cap à l’action publique.

Quant au maintien d’un Conseil national de transition (Cnt), le M5-Rfp estime qu’il est illégal, illégitime et budgétivore. A cet égard, il exige sa dissolution pure et simple. “La procédure de dissolution introduite auprès de la Cour suprême ne peut qu’aboutir au regard de la solidité de nos arguments et du souhait des Maliens de ne plus avoir à faire à des juges aux ordres comme dans un passé récent”, mentionne le document.

Sur la question des prochaines élections générales, le mouvement dénonce les manœuvres en cours pour faire des élections à venir une cession du pouvoir à un homme choisi par la junte pour perpétuer son pouvoir et s’assurer d’une immunité. “La Transition en général et le processus électoral en particulier, ne peuvent continuer à être l’affaire d’une junte militaire qui a décidé de faire main-basse sur tout le Mali, les institutions, l’administration, l’économie, les élections…”, a-t-il déploré.

En ce qui concerne les arrestations arbitraires et extrajudiciaires, le M5-Rfp dit non aux injustices qui se perpétuent, aux atteintes aux libertés d’expression, de la presse, de manifester et aussi aux démolitions sélectives d’habitations sans le moindre respect des règles procédurales et de la dignité humaine, dans le mépris total des missions et des priorités assignées à la Transition.

“Avec le M5-Rfp, les Maliennes et les Maliens disent non, non et non et agissent en conséquence pour redonner à la Transition son vrai sens et la trajectoire dont elle n’aurait jamais dû dévier. Nous le ferons pour nos Martyrs. Nous le ferons pour notre peuple. Nous le ferons pour la grandeur de notre pays”, ont renchéri les responsables.

Pour finir, le M5-Rfp a laissé entendre que ce meeting n’est que le premier jalon de l’entreprise de rectification de la Transition que le mouvement a entamée et qu’ils comptent conduire ensemble à terme.

Boubacar PAÏTAO

 

Source: Aujourd’hui-Mali