Un expert des droits de l’homme des Nations Unies a demandé hier mercredi 23 septembre 2020, la « libération immédiate » de plusieurs responsables politiques maliens détenus par la junte, dont l’ex-Premier ministre, Boubou Cissé.

 

« J’ai appelé aujourd’hui les responsables du coup d’État au Mali à libérer les anciennes autorités gouvernementales détenues depuis plus d’un mois », a déclaré dans un communiqué, Alioune Tine, l’Expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme au Mali.

L’expert onusien s’est d’ailleurs dit « extrêmement préoccupé par le fait que les personnes arrêtées par les responsables du coup d’État ont été arbitrairement privées de leur liberté pendant plus d’un mois ».

Or, selon M. Tine, « il n’y a aucune base légale pour la détention de l’ancien Premier ministre, de l’ancien Président de l’Assemblée nationale et d’autres anciens responsables gouvernementaux maliens arrêtés lors du coup d’État du 18 août ».

Alors que les militaires eux parlent de protection et n’aiment que l’on parle de détention. Pour eux, la libération des personnes à leur niveau dépendra de l’amélioration de la sécurité

Sur les 18 personnes arrêtées par les putschistes le 18 août, au moins 13 sont toujours détenues « illégalement au camp militaire de Kati à Bamako, malgré les appels à leur libération lancés par la cheffe des droits de l’homme, Michelle Bachelet, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres, le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ».

Dans ces conditions, M. Tine invite le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) – organe de direction mis en place par les militaires putschistes – à « respecter les obligations internationales du Mali en matière de droits de l’homme ».

« Toute personne arrêtée pendant le coup d’État doit être libérée immédiatement et sans condition », a-t-il fait valoir, relevant que ces détentions sont « contraires aux instruments internationaux et régionaux des droits de l’homme auxquels le Mali fait partie ». En vertu du droit international, « toute personne arrêtée doit être informée, au moment de son arrestation, des raisons de son arrestation et, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre elle », a-t-il souligné.

L’expert onusien exhorte le CNSP, les responsables de la junte au pouvoir, à respecter scrupuleusement les droits des personnes arrêtées, notamment le droit de communiquer avec leurs familles et leurs avocats et de recevoir des visites, en particulier des membres de leur famille. « Mais surtout, j’exhorte le CNSP à les libérer immédiatement », a conclu M. Tine.

Bourama Kéita

LE COMBAT