Le syndicat des Affaires étrangères en grève de 6 jours à partir du 23 septembre

Environ 40 personnes dont une dizaine de ministres conseillers ont  été nommés au conseil des ministres du 4 septembre dernier dans les représentations diplomatiques du Mali. Le hic est que parmi ces différentes nominations, il y a des noms cités voire même trempés dans de sales affaires. D’autres doivent leur ascension du fait d’être parrainé par des groupes armés. Ce n’est pas tout. Il y en a qui ont profité de leur connaissance des hommes et du système au niveau des Affaires étrangères  pour glisser leur dossier.

Le front social est depuis plusieurs mois en ébullition au sein du Ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Et pour cause ! Après une grève de 120 heures soit 5 jours du 26 au 30 août, le syndicat de ce département stratégique, avec pour secrétaire général Hassane Diallo, vient de déposer sur la table du  ministre du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique un autre préavis de 144 heures soit de 6 jours, précisément du 23 au 30 septembre.

Trois points sont inscrits dans leur cahier de doléances. Le premier porte sur  l’examen et l’adoption du projet de Statut du Corps Diplomatique de la République du Mali, le deuxième a trait à la relecture du Décret n°96-044/P-RM du 08 février 1996 fixant les avantages accordés au personnel diplomatique, administratif et technique dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali. Et le dernier point porte sur la relecture du Décret n°05-464/P-RM du 17 octobre 2005 fixant la valeur du point d’indice de traitement des personnels occupant certains emplois dans les Missions diplomatiques et consulaires du Mali, ainsi que leurs primes et indemnités. Cependant, il y a aussi un autre cas très cher aux travailleurs des Affaires étrangères, c’est le traitement égal des agents lors des nominations pour éviter les injustices.

“C’est vrai que les injustices sont très fréquentes lors des nominations et ce sont des choses que nous allons continuer à dénoncer” a soutenu le secrétaire général du comité  syndical, Hassane Diallo, qui a tout de même reconnu que leur combat commence à porter fruit en ce qui concerne ces injustices.

“Il faut reconnaitre que 99% de ceux qui ont été nommés le 4 septembre dernier sont tous  du corps des conseillers des Affaires étrangères. Ce qui est une première. Cependant, il sied de préciser que même à cette dernière nomination, nous avons révélé des cas d’injustice car certains sont aux Affaires étrangères depuis 2011 et  n’ont jamais été concernés par les nominations, tandis que d’autres qui viennent de venir, moins de 3 ans, ont été promus”, a regretté  le secrétaire général qui a réitéré leur engagement de poursuivre ces mouvements sociaux afin que leurs doléances et préoccupations soient prises en compte.

Cependant, même si le secrétaire général parle avec une certaine diplomatie tout en restant intransigeant sur leurs doléances, certains travailleurs des Affaires étrangères, qui se disent victimes à maintes reprises de ces cas d’injustice lors des nominations, ne décolèrent pas. “Ici aux Affaires étrangères, les nominations riment avec affairisme, favoritisme et corruption. Il faut avoir le bras long”, a soutenu notre interlocuteur, sous couvert de l’anonymat.

Citant un cas de cette pagaille au niveau des nominations, il a fait référence à celle du départ prématuré et précipité de Sékou Danfaga, vice-consul du Mali à Lyon (où il venait d’être nommé il ya juste une année)  affecté à l’Ambassade du Mali à Brazzaville au poste de deuxième conseiller. “Son départ serait dû, à l’atmosphère délétère qui existait entre M. Danfaga et le Consul, son chef  hiérarchique. C’est une “belle recrue” locale de nationalité centrafricaine qui  serait à l’origine de cette tension. L’affaire fut même remontée jusqu’à Bamako. Et Sikou Danfaga qui avait du mal à supporter les caprices de cette recrue locale au bras long, qui voulait dicter ses lois à ses chefs, a été relevé du consulat de Lyon pour Brazzaville”, a soutenu notre source.

Une autre nomination récente qui fait aussi grand bruit au niveau des Affaires étrangères, c’est celle du secrétaire particulier du Ministre lui-même. Mme Haoua Coulibaly, c’est son nom. Elle a été bombardée la semaine dernière conseillère consulaire au consulat général du Mali à Tamanrasset or le doute plane sur les qualités de cette dernière à assumer cette fonction. 

Le poste qu’elle occupe est destiné aux catégories A or elle  occupe ce fauteuil de secrétaire particulier depuis le temps de Abdoulaye Diop et personne ici au service ne l’a vu prendre un congé de formation pour les études en vue de son reclassement en catégorie A” a soutenu notre interlocuteur.

Une autre source de frustration pour ces nominations du 4  septembre, c’est le cas de Sibiry Sanou. A peine a-t-il fait trois aux Affaires étrangères qu’il se voit  propulser deuxième conseiller à l’Ambassade du Mali à Abuja. M. Illi Ag Hamada, deuxième conseiller à l’Ambassade du Mali, serait aussi dans la même situation pour n’avoir pas atteint les 5 ans. Mais lui, sa chance, à en  croire une autre source fiable, s’expliquerais par le fait qu’il serait parrainé par un responsable d’un groupe armé.

“C’est vrai qu’il n’y a pas de règle écrite en la matière, mais dans la pratique, pour prétendre à un poste nominatif, il faut faire d’abord 5 ans de service, le temps d’avoir le maximum d’expérience. Mais ceux qui ont le bras long passent par le raccourci”, a ajouté un autre conseiller des Affaires étrangères sous couvert de l’anonymat. Aussi les récentes nominations ont-elles vu également la  promotion de l’ex vice-consul du Mali à Djeddah en Arabie Soaudite, Oumar dit Barou Sacko, qui a été limogé il ya trois ans de cela par le ministre Abdoulaye Diop pour la mauvaise gestion de dossiers importants. Il s’agit de l’affaire feu Karamogo Befo et le dossier du pèlerinage. Il faut préciser que c’est ce même Monsieur qui est désormais, deuxième conseiller à l’ambassade du Mali à Tunis. Et la liste des nominations contestables est longue.

D’ailleurs, ajoute une autre source, ces pratiques commencent à s’ancrer au Département des Affaires étrangères, puisqu’elles y sont bien avant l’arrivée de l’actuel ministre, Tiébilé Dramé. “Par ailleurs, nous considérons qu’il urge surtout pour le ministre Dramé, réputé être un homme de principe et qui a combattu la corruption avec hargne lorsqu’il était à l’opposition, d’user de son influence pour que  désormais les travailleurs soient récompensés en fonction de leur mérite”, a soutenu un autre interlocuteur qui se présente également comme victime d’injustice par rapport aux nominations au sein de ce département.

              Kassoum THERA

 

Source: Aujourd’hui Mali