Se prononçant sur l’actualité du Mali et surtout sur les frappes aériennes dans le village de Bounty, au Nord-Ouest de Douentza (au pied de la falaise), dans la soirée du dimanche 3 Janvier dernier, qui a causé plusieurs pertes en vie humaine, le président du parti SADI, Dr Oumar Mariko était face aux journalistes, hier lundi 18 janvier, au siège dudit parti. Pour lui  » il ne s’agissait nullement de Groupes Armés Terroristes, mais d’un rassemblement festif pour célébrer un mariage « .

 

Le parti de la Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) a tout d’abord condamné les frappes de l’armée française contre la localité de Bounty et a exprimé sa solidarité et son soutien  » aux victimes de cette tragique bavure « . Ainsi, dans son exposé, Dr Oumar Mariko a expliqué que son parti a invité à son siège les représentants, les parents de victimes des localités de Bounty et de Douentza pour échanger sur l’ampleur de la tragédie causée par des frappes aériennes dans le village de Bounty, le dimanche 3 Janvier dernier, entre 14H30 et 15 Heures.

Selon lui, à l’issue de nombreuses séances d’écoute, de recoupements et de confrontation de différentes versions, auxquelles s’ajoute un faisceau de preuves irréfutables du lieu d’intervention de l’armée française, le parti SADI déclare sans ambages que  » l’armée française a commis une tragique bavure qui a coûté la vie à de nombreux innocents et décimé partiellement une lignée familiale. Il ne s’agissait nullement de Groupes Armés Terroristes, mais d’un rassemblement festif pour célébrer un mariage « .

Avant d’ajouter :  » Vouloir occulter cette réalité et conclure à la présence de Groupes Armés Terroristes, pour justifier une quelconque frappe de l’armée française, est une insulte à l’intelligence collective de notre peuple profondément attristé par cette tragédie « . Le président du SADI a aussi expliqué que  » la version que l’armée française tente de nous faire avaler ressemble à une fable « . Soutient-t-il,  » elle n’est ni crédible, ni acceptable « .

 » Aucun jihadiste n’était présent, il n’y avait ni arme, ni moto « 

Dr Oumar Mariko affirme que l’armée française soutient n’avoir effectué qu’une seule frappe.  » Pourtant, ce sont deux Mirages 2000 basés à Niamey qui ont largué trois bombes « , a-t-il persisté. Et de renchérir que ce qui confirme les témoignages recueillis parlent de deux frappes:  » une première qui a fait 16 morts et une seconde qui a fait 3 blessés qui succomberont au cours de leur évacuation (L’un est mort avant d’atteindre le centre de santé, le second au dispensaire et le 3ème, évacué à bord d’une ambulance vers Sévaré, a été intercepté à un barrage tenu par la milice Donzo. Ce blessé fut extrait et exécuté) « .

Pour l’ex-député de Kolondiéba,  » ces mêmes témoignages établissent qu’aucun jihadiste n’était présent, qu’il n’y avait ni arme, ni moto « . Et s’interroge :  » pourquoi l’armée française, d’habitude prompte à célébrer ses trophées contre les Groupes Armés Terroristes, a-t-elle gardé le silence durant 48 heures sur les évènements de Bounty  » ?

Le conférencier a  également relevé qu’il est fort  » à craindre que la tragédie de Bounty ne se répète ailleurs « . Et de poursuivre,  » le refus d’une franche collaboration de Barkhane avec les Forces armées maliennes et celles du G5-Sahel, son obstination à se comporter en terrain conquis au Mali depuis 2013 et sous la couverture juridique de l’accord de coopération militaire, qui interdit toute poursuite ni même interpellation sur d’éventuelles infractions, actes criminels et dégâts, constituent un véritable passeport à la bavure et à l’impunité « . C’est pourquoi, Dr Oumar Mariko a t-il clamé que  » l’armée française circule sans restriction sur toute l’étendue du territoire national. Et elle n’a pas besoin de solliciter l’armée malienne « .

 » Le Gouvernement de Transition a raté l’occasion de se taire « 

Dans ses explications, le président du SADI a révélé que  » dans la prétendue collaboration, la France ne fait qu’intégrer au sein des unités maliennes des détachements de liaison et d’appui, dans le but évident de mieux surveiller et d’espionner les unités maliennes « . Pour Oumar Mariko  » l’armée française peut-elle mettre sur écoute les dirigeants politiques, les acteurs sociaux ou toute autre personne pouvant représenter un danger quelconque  » ? s’interroge-t-il.  » Une possibilité qui est également élargie à la MINUSMA « .

Pour lui, l’attitude du Gouvernement de Transition qui manifeste clairement son soutien à l’Accord de défense avec la France  » n’est pas de nature à créer les conditions d’un débat profond et serein entre les Maliens qui doivent juger, sur la base d’une saine évaluation, de cette présence française sur notre territoire « . Aussi, ajoute-t-il,  » le Gouvernement de Transition a raté l’occasion de se taire. Ses propos sur le déroulé des faits qui s’inscrivent dans le cadre d’une opération conjointe baptisée  »Eclipse » sont en nette contradiction avec son engagement et sa promesse d’envoyer une mission d’enquête sur le terrain « .

Dr Oumar Mariko de conclure que le parti SADI exige la prise en charge des blesses et des orphelins, leur indemnisation par les autorités et la France la reconnaissance par la  » bavure «  en présentant solennellement ses excuses publiques aux familles des défunts, aux blessés et à tout le peuple malien.

Daouda SANGARE

Source: l’Indépendant