Telle semble être la question sur toutes les lèvres aujourd’hui. Le jeudi 14 mars 2019, les rumeurs du départ du PM Soumeylou Boubèye Maiga, alias SBM, ont fait le tour des réseaux sociaux avant d’être démenties par ses proches. C’est certainement une FAKE news ou un sondage pour tâter le pouls de l’opinion avant de mettre en œuvre ce qui ne serait qu’une question de jours. Tous les signes avant-coureurs d’un divorce imminent entre IBK et son Premier ministre sont visibles et lisibles depuis l’amorce d’un dialogue inclusif initié par IBK lui-même.


Le Président de la République a décidé, après plus de six mois de confiance absolue à son PM, de reprendre les choses en mains, en engageant un dialogue avec tous les acteurs de la scène politique. Lequel dialogue devrait aboutir logiquement à un gouvernement d’union nationale, qui aurait dû être conduit par SBM, s’il ne s’était pas fait beaucoup d’inimitiés, et s’il n’avait pas été impuissant face à la multiplication des fronts tant sur le plan socio-sécuritaire que politique.
Pour rappel, après la réélection d’IBK, il a renouvelé sa confiance au PM, non seulement en le reconduisant à son poste, mais aussi et surtout en renforçant son audience. C’est à SBM que la mission de rassembler tous les Maliens, qu’ils soient acteurs politiques ou leaders de la société civile, autour de la vision du chef de l’Etat, a été assignée. A-t-il réussi cette mission ? La réponse est sans nul doute non. Ni la classe politique, ni les travailleurs des différents secteurs, encore moins une grande partie de la société civile ne semblent satisfaits du travail du PM. Ils sont tous mécontents, et ne seraient pas défavorables au départ de SBM, à commencer par sa propre Majorité. Le Rassemblement pour le Mali, RPM, le parti majoritaire, a été la première cible de SBM quand il a accueilli tous les dissidents et autres blasés de ce parti à l’ASMA- CFP, sa propre formation politique. On reproche également à SBM d’avoir semé la zizanie au sein de l’ADEMA, l’autre poids lourd de la majorité, au point que ses supposés proches ont voulu tenter un putsch contre le Président de l’Abeille, qui ne serait pas son ami. Quant à l’Opposition elle n’oubliera pas si vite l’hécatombe que SBM a fait descendre sur elle, en matant sans commune mesure ses manifestations pacifiques, jusqu’à ce que des anciens ministres et un député aient été grièvement blessés. Qui ne se rappelle pas de ces propos jetés à la figure de l’Opposition par SBM, quand il affirma qu’il n’avait rien à proposer à Soumaila Cissé et à ses gens.
Comme si ces bourdes ne suffisaient pas, SBM s’est attiré l’inimitié de certains religieux, pas des moindres ; car ce sont deux de trois grandes figures emblématiques de la UMAH Islamique, à savoir, l’Imam Mahmoud Dicko et le Chérif Bouyé de Nioro.
Réputé être discret et moins bavard, le Premier ministre est pourtant sorti de son silence pour tacler les leaders religieux, hostiles à IBK, en les qualifiant d’acteurs hybrides. En français facile d’acteurs, à la fois religieux et politiques. Il n’a certainement pas intégré dans ses analyses, la vieille amitié qui a lié un moment IBK au duo Dicko – Bouyé.
C’est probablement au regard de ce bilan que le Président de la République a décidé de reprendre les choses en mains. Cette reprise en mains isolerait non seulement SBM, mais le fragiliserait davantage. Donc tout porte à croire qu’il serait l’agneau sacrificiel sur l’autel du consensus. Ses jours seraient alors comptés à la tête du Gouvernement.

Youssouf Sissoko

Source: Infosept