Si l’occasion de l’élection du président de la République est une occasion de faire le bilan de la gouvernance sortante, cette avant-veille du scrutin présidentiel du 29 juillet coïncide avec un déferlement de grèves au point qu’on est tenté de dire que le front social devient une tache noire sur le quinquennat finissant.

Les années 2016 et 2017 ont été sérieusement marquée par des grèves comme celles du secteur de la santé l’année dernière et celle de la justice. Avant cela, les travailleurs de divers secteurs d’activités comme le service pénitencier, les administrateurs d’Etat, les cadres du ministère des affaires étrangères, etc. Quels ont été les préjudices occasionnés par ces différents arrêts de travail ? Pourquoi les gouvernants n’ont-ils pas su les prévenir ? Pourquoi cette récurrence de débrayage des syndicats dans un pays où les gouvernants disent être à l’écoule des populations ? Pourtant, ces éléments sont des facteurs d’appréciation d’une bonne gouvernance.

Le syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC) et le syndicat libre des travailleurs de l’administration territoriale (SYLTMAT) ont tenu une assemblée générale, le lundi 18 juin dans la cour du ministère de l’Administration territoriale. Ils ont protesté contre les actes odieux et mauvais traitements qui leur sont infligés depuis un certain temps. C’était en présence du ministre de tutelle,  Mohamed Ag Erlaf. Les  administrateurs civils sortent de leur réserve et tapent du poing sur la table se montrant excédés par les violences, les pressions politiques et sociales de toutes sortes, les représentants de l’Etat menacent de s’aborder le processus électoral.

Dans une déclaration conjointe à l’attention du gouvernement lue devant le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf,  le syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC) et le syndicat libre des travailleurs de l’administration territoriale (SYLTMAT) dénoncent avec force les actes odieux et mauvais traitements infligés aux représentants de l’Etat. Par conséquent, ils  demandent au gouvernement « d’user de tous les pouvoirs à lui conférer par les textes pour assurer sans délai la sécurité et la protection des représentants de l’Etat ; d’entreprendre toutes actions urgentes pour la libération du préfet de Ténenkou et de son chauffeur ; d’affecter, en relation avec le ministère de la Sécurité, une garde rapprochée à chaque représentant de l’Etat à domicile et au service ».

La mise en œuvre des actions ci-dessus contribuerait selon les syndicats à la restauration de l’autorité de l’Etat et à la sérénité des représentants de l’Etat dans l’exercice de leur fonction.  Sans quoi prévient, le représentant des syndicats,  Ousmane Christian Diarra, les administrateurs civils se donnent le droit d’utiliser tous les moyens légaux.  Très remonté, le  visage ferme et la voix grave  il ajoute «  nous sommes prêts à mettre en péril le processus électoral. » Car pour organiser le scrutin, il faut être en vie, glisse-t-il.

A titre de rappel, les syndicats des administrateurs civils fulminent contre la multiplication des menaces, notamment l’assassinat des préfets, des préfets adjoints et sous préfets à Kidal le 17 mai 2014, les enlèvements du préfet de Ténenkou et de son chauffeur le 8 mai 2018, l’attaque ciblée contre le sous préfet de Ouinerden le 29 mai 2018, les relèves arbitraires des préfets de Kolondiéba et Koro et les destructions de lieux de travail, de domiciles et de biens personnels des représentants de l’Etat à Kénieba et Kani-Bonzon le 11 juin 2018. Aussi, les administrateurs civils  protestent contre l’accroissement des pratiques de substitution de pouvoir des autorités traditionnelles et certaines composantes de la société civile aux attributions des représentants de l’Etat.

En réponse, le ministre Mohamed Ag Erlaf a affirmé avoir pris acte de la déclaration et a assuré au syndicat tout son soutien par rapport à la protection demandée. Cette situation interpelle les autorités et surtout les électeurs quant aux perspectives du prochain scrutin.