Le juge a délivré hier mardi un mandat de dépôt contre le maire de la ville de Bamako, Adama SANGARE qui est accusé dans une affaire de détournement présumé de fonds publics dont les faits remontent il y a 10 ans. L’affaire met la ville en émoi et pour beaucoup, elle sent une cabale. Adama SANGARE est-il victime d’une cabale politico-judiciaire ?

Plus de 400 millions de FCFA est le chef d’accusation retenu contre Adama SANGARE qui a passé ses 1eres heures de garde à vue au Pôle économique et financier. Hier, il s’était présenté au juge qui a décidé le maintenir en détention, à travers un mandat de dépôt, selon nos sources. Dans cette affaire, le maire du District de Bamako est accusé avec trois autres personnes. Ils sont tous poursuivis pour atteintes aux biens publics (détournement de fonds du projet d’éclairage public entre le Palais de Koulouba et l’aéroport de Bamako).
En effet, outre Adama SANGARE, la garde à vue a été aussi ordonnée contre le colonel Bassekou BERHE et Mohamed TRAORE, promoteur d’IFABAKO, ancien président de la fédération de Tennis et ancien DG de la BHM. Sur la liste, les mêmes sources évoquent des soupçons qui viseraient également Mafily TRAORE présenté comme le chef des hydrocarbures à l’EDM.

La cabale
L’histoire de cette affaire remonte à 10 ans. À l’époque des faits, le pays était dans la ferveur et préparatif des festivités des 50 ans de l’indépendance du Mali. La mairie du District, l’EDM SA et l’entreprise devaient réaliser des éclairages publics sur l’axe Palais de Koulouba jusqu’à l’aéroport de Sénou. Dans les chefs d’accusation, on reproche à Adama et aux autres de la non-exécution du projet, selon nos sources. Or, des éclairages publics réalisés dans le cadre de ce projet jonchent encore les abords des axes concernés.
Alors question : qu’est-ce qui se trame contre le maire ? Quelle est l’opportunité de cette affaire ? Pourquoi attendre en 2019 pour lancer une poursuite dans cette affaire qui date de 2010 ? Ce marché était-il le seul projet financé à l’époque par l’État malien ?

Sans cracher sur le combat lancé par le régime contre les corrompus et les voleurs des derniers publics, l’action contre Adama SANGARE dans l’affaire de détournement présumé de fonds publics sent la manipulation et l’instrumentalisation à des fins politiciennes. Sommé par les bailleurs de fonds de faire patte blanche en manière de bonne gouvernance, certains pensent que l’on aurait décidé comme dans la fable de La Fontaine de faire tomber quelques grosses têtes pour calmer le courroux des argentiers. Pour d’autres et beaucoup de partisans du Maire dans les mailles de la justice, son interpellation n’est rien d’autre qu’une cabale politique. Derrière l’action, argumentent-ils, l’initiative judiciaire est explicite d’un combat téléguidé pour abattre un homme politique, après l’échec d’une première tentative de l’anéantir en 2013. Là, également dans une affaire banale, Adama SANGARE a été trainé dans la boue et incarcéré à la prison de Koulikoro puis blanchi par la justice après l’avoir humilié. Le temps a passé, mais les rancœurs politiques contre l’homme sont demeurées et devenues vivaces. Notamment, depuis la dernière présidentielle où le président lui a confié la direction de sa campagne à Bamako.

Confort moral
Alors, le récent rapport de vérification était comme pain béni. Taisant la délation anonyme, on le brandit comme la cause causale, l’opportunité à ne pas manquer pour en finir avec le maire et prendre sa place auprès d’IBK. Et pour cause ?
En dépit de son combat en faveur de la réélection du président, Adama Sangaré est celui qu’il faut à tout prix écarter du chemin de Koulouba en 2023. Également, à la tête d’une ville avec un budget annuel de 48 milliards pour 2020, la mairie est très convoitée par des adversaires politiques qui ne vont pas rater l’occasion de le calomnier.
C’est pourquoi, pour de nombreux observateurs, la décision du procureur de le placer en garde à vue était fondée exclusivement sur des raisons politiques. Elle procède, selon eux, d’une instrumentalisation de la justice du pays pour saper le moral du Maire.
Dans ce contexte, réveiller ce vieux dossier de 10 ans serait une belle opportunité pour ceux-ci de le disqualifier avant les prochaines élections régionales et du District annoncées pour 2020 par le gouvernement. Donc, s’agit-il de salir sa réputation politique. Car, l’homme jouit d’une popularité à Bamako et dans certaines localités du pays.
Après une première interpellation, il y a moins de deux mois où il était parti donner des informations au juge sur la mise en œuvre du projet, Adama SANGARE a été finalement gardé à vue, le lundi 21 octobre dans un premier temps. Puis, le juge a délivré en son contre un mandat de dépôt.
Confiant quant à l’issue de cette nouvelle épreuve avec la foi inébranlable en Dieu, depuis son lieu de garde à vue, le maire clame son innocence et affirme n’avoir pris 1 franc du fonds qui était géré par l’EDM. Il dit être à l’aise avec ce dossier, car il ne se reproche rien. Selon lui, la mairie n’a pas touché à un kopeck du fonds ayant servi à l’éclairage de la ville de Bamako à l’occasion du cinquantenaire. Selon Adama SANGARE, c’est l’EDM SA qui a géré le fonds en son temps.

Par Sikou BAH

Source: info-matin