Les coups d’épingle à répétition du président de la République ont froissé, chagriné son parti qui a décidé de ne plus piper mot sur sa gestion des affaires. Des têtes brûlées souhaitent sa démission, pour ce faire invitent la jeunesse à rejoindre le mouvement de contestation contre le pouvoir en place.

Le ton est monté d’un cran dans la guéguerre que se livrent le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, et son parti le Rassemblement pour le Mali (RPM). Le feu couvait depuis des années déjà. Le mini nouvel attelage gouvernemental chapeauté par Dr Boubou Cissé s’est révélé une brassée de bois mort jeté dans le foyer. Superbement ignoré, le RPM y a brillé par son absence. Créant un émoi aussi bien dans l’instance dirigeante qu’à la base. La première salve de charges est venue du Bureau politique national (BPN) réuni le 30 juillet dernier a décidé d’afficher sa plus stricte neutralité dans la gestion des affaires du pays sous le régime d’IBK. Une position médiane qui tranche avec l’inclinaison des faucons à appeler la jeunesse du parti à rejoindre le Mouvement du 5  juin de contestation contre le pouvoir en place en vue de chasser de la Primature Dr Boubou Cissé. Et au delà le président de la République, coupable à leurs yeux d’avoir proposé aux députés RPM dont l’élection est fortement contestée une prime conséquente de départ en échange de leur démission de l’Assemblée nationale, conformément à une des recommandations de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Moussa Tembiné, président de l’Assemblée nationale, élu dans une circonscription litigeuse, n’entend pas les choses de cette oreille. Pas question de jeter l’éponge. D’ailleurs, il n’a pas hésité un instant à s’afficher publiquement à côté d’IBK où ils ont pris part à la prière de la fête de Tabaski célébrée vendredi.

Les coups d’épingle à répétition du président de la République ont froissé, chagriné son parti en proie à des dissensions internes ayant occasionné des doublures de structures de base un peu partout dans le pays. Suite à son élection triomphale à la tête du Mali en 2013, il a mis six mois avant d’accorder une audience à une délégation de l’instance dirigeante du parti. Un acte jugé à la limite humiliant à l’endroit des femmes et des hommes qui ont mouillé le maillon pour transformer le rêve en réalité.

« IBK a trahi son parti »

Côté IBK, la lecture est totalement différente : sa victoire électorale, il ne le doit aucunement à son parti qui peine à mobiliser. En fait, en la matière, ses lunettes ne sont pas périmées. Porteurs d’uniforme et  leaders religieux ont été déterminants dans l’issue du vote. Les premiers avaient une peur bleue de l’avènement de Soumi le Champion au pouvoir qui pourrait déférer le dossier dit des bérets rouges devant la Cour pénale internationale (CPI), les seconds croyaient dur comme fer qu’il était l’homme de la situation. Les uns et les autres sont à présent déçus. Mahmoud Dicko, un de ses grands soutiens, a fait son mea-culpa. Et en guise de réparation du préjudice causé, il est devenu le fer de lance de la contestation.

Ensuite, IBK  a administré un coup de canif ravageur. Nombreux cadres qui lorgnaient des postes juteux à la mesure du sacrifice consenti se sont vus infligé une fin de non recevoir. IBK les a renvoyés à des études universitaires. D’aucuns continuent de ruminer leur colère. Et ne se privent pas de lui traiter de tous les noms d’oiseaux, au motif qu’ « il a trahi son parti. » Trop de chaleur était perceptible dans les propos tenus le 30 juillet au siège du RPM sis au quartier Hippodrome, en commune II du district de Bamako. Signe, que désormais tous les ingrédients d’une rupture très proche sont réunis au moment où le président de la République est dans de sales draps. Donc, a le plus besoin de l’accompagnement de sa formation politique.  Qui, comme par le passé, avait souhaité que le Premier ministre soit issu de ses rangs. Hormis Abdoulaye Idrissa Maïga, le RPM a assisté impuissant à l’occupation de ce fauteuil par des hommes de bord politique différent.

Georges François Traoré

Source: Journal L’Informateur-Mali