Les responsables de l’Opposition ont animé, hier jeudi 13 juin, une conférence de presse, à la Maison de la presse, pour se prononcer sur la situation sécuritaire au centre du pays ; l’Accord politique de gouvernance ; la prorogation du mandat des députés ; la révision de la Constitution du 25 février 1992 ; le dialogue national inclusif. Le principal conférencier était le Chef de file de l’Opposition, l’honorable Soumaila CISSE qui avait à ses côtés Me Mountaga TALL, Choguel Kokalla MAIGA, Konimba SIDIBE, Djibril TANGARA, Paul Ismael BORO et Aboubacar TOURE.

 

Cette conférence de presse qui se tient au lendemain du drame de Sobane Da et la publication du Rapport de la MINUSMA sur le drame de Koulongo stigmatise la faiblesse des enquêtes, l’absence de dialogue et la persistance de l’impunité.

Situation sécuritaire

Se prononçant sur la situation sécuritaire, le Chef de file de l’Opposition a déclaré qu’au cours du 1er trimestre 2019, le Rapport trimestriel, publié avant le drame de Sobane Da établi le bilan suivant : 67 soldats maliens tués et 51 blessés ; 4 Casques bleus tués et 12 blessés ; 43 combattants armés tués et 17 blessés ; 333 civils tués et 175 blessés. Ce qui lui fait dire que la détérioration de la sécurité dans le centre du pays a de quoi alarmer.

L’honorable Soumaila CISSE soutient qu’il est grand temps que le gouvernement sorte des incantations pour faire de la sécurité des personnes et de leurs biens une priorité réelle, au lieu du faire-semblant.

Accord politique de gouvernance

Le conférencier a précisé que c’est à la suite du constat de graves périls planant sur la Nation et de la nécessité subséquente d’une union sacrée autour du Mali que le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) a demandé, avec insistance, l’instauration « d’un Dialogue National Inclusif » avec toutes les forces politiques et sociales significatives du Mali dont la finalité serait d’établir un diagnostic précis des maux dont souffre notre pays en vue de leur apporter des solutions efficaces et pérennes. Il a déploré que  sans aucune information préalable, et de manière discourtoise pour ses rédacteurs initiaux, le document de l’Accord politique de gouvernance discuté avec l’opposition a été remplacé par un autre texte où était purement et simplement biffée toute la partie relative au « Partage de responsabilités ». Aussi, ajoute-t-il, il a également été vidé de sa substance dans une partie importante de la Feuille de route. Pire, révèle Soumaila CISSE, le nouveau texte comporte, dans son préambule, des affirmations inexactes. Pour lui, ce texte se ramenait substantiellement à la révision constitutionnelle et à la prorogation du mandat des députés qui en étaient les préalables, alors que le FSD souhaitait une approche plus globale et plus ambitieuse pour le Mali.

Prorogation du mandat des députés

Décidée par le conseil des ministres extraordinaire du vendredi 7 juin 2019, Soumaila CISSE trouve que la prorogation du mandat des députés est d’abord une violation grave de l’Accord politique de gouvernance, mais aussi et surtout une négation des prérogatives du Dialogue politique Inclusif.

Il s’est justifié en faisant savoir que dans le chapitre I de l’Accord politique de gouvernance, l’Article 2, Alinéa 5, indique clairement que le Programme d’actions du Gouvernement sera articulé autour des axes suivants: ‘’L’organisation de consultations référendaires, des élections législatives, locales et régionales dans les délais convenus lors du dialogue politique inclusif’’.

Pour l’honorable CISSE, nonobstant cette disposition claire, le gouvernement ôte au Dialogue « Politique Inclusif » tout pouvoir de connaître la date des élections législatives en imposant son propre agenda.

Autre raison qui pousse le FSD à rejeter la prorogation du mandat des députés est la violation flagrante de la Constitution.

Révision constitutionnelle

Soumaila CISSE soutient qu’en plus de l’absence de visibilité sur les motivations et les objectifs de la révision constitutionnelle, faute de message clair du Président de la République, il est clair, aux termes de l’article 118 alinéa 3 de la Constitution en vigueur qu’’’aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire’’. A son avis, avant tout referendum sur la révision de la Constitution, il faut d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir dans le giron national. De surcroît, dit-il, la révision constitutionnelle devrait être l’aboutissement du dialogue politique envisagé.

Dialogue national

A propos de l’organisation du dialogue national inclusif, le Chef de file de l’Opposition a fait cas de la prorogation du mandat des députés pour démontrer le manque de sincérité du Gouvernement dans l’organisation du Débat national Inclusif.

Autres faits majeurs qui confortent l’opposition dans son analyse sont : l’initiative illégale de la Commission lois de l’Assemblée nationale qui a organisé des écoutes en usurpant les prérogatives d’une éventuelle Commission spéciale qui, aux termes du Règlement intérieur du Parlement, est présidée par un député de l’Opposition ; la désignation unilatérale par le Président de la République des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue politique inclusif et du Président du comité d’organisation, au mépris de toutes les mesures d’inclusivité, et de l’esprit des discussions avec le Chef de file de l’Opposition politique.

L’honorable Soumaila CISSE a fustigé qu’en violation flagrante des engagements pris, le Président de la République maintient sa propension à décider seul de tout, au mépris des engagements qu’il a pris avec des partenaires politiques, engagés à apporter leur contribution au relèvement d’un pays meurtri par des années d’errements.

Pour lui, la plus urgente mesure de sortie de crise est la tenue indispensable d’un dialogue politique national inclusif, pour permettre à tous les Maliens de se parler, afin de sauvegarder l’essentiel, aujourd’hui, dangereusement menacé par une crise multidimensionnelle sans précédent.

L’Opposition a saisi l’occasion pour exprimer son souhait de voir le pouvoir en place se rendre compte que notre pays n’est plus un pays normal ; qu’il écoute le cri de détresse du peuple dans ses doléances et ses exigences ; qu’il écoute enfin la voix des Amis du Mali, de plus en plus désespérés de voir notre pays aller à vau-l’eau vers un naufrage national irrémédiable.

PAR MODIBO KONE

Info-Matin