Le rapport annuel 2020 du Bureau Vérificateur Général a été officiellement remis au Président de la Transition, ce 12 octobre 2021. Dans ce dernier rapport, la vérification financière du bureau du VGAL portant sur la gestion des Entrepôts Maliens en Côte d’Ivoire (EMACI), au titre des exercices 2016, 2017, 2018 et 2019 (1er semestre) ont fait ressortir des irrégularités financières de plus 2,59 milliards de FCFA.

 

Au titre des exercices 2016, 2017, 2018 et 2019, il ressort du rapport du VGAL que les irrégularités financières constatées aux EMACI s’élèvent à 2,59 milliards de FCFA.
Faisant les détails de ce contrôle, le rapport indique que les Régisseurs n’ont pas encaissé des redevances pour la coordination des activités de transport et de transit. Ces redevances non encaissées s’élèvent à un montant total de 605,35 millions de FCFA dont 543,11 millions de FCFA au titre des importations et 62,24 millions de FCFA pour les exportations.
Aussi, le Chef du Service Administratif et Financier n’a pas déclaré des recettes encaissées. Les recettes des EMACI déclarées sur les certificats de recettes sont inférieures à celles collectées à travers les quittanciers centralisateurs pour les exercices de 2016 et 2017.
Le montant total des recettes non déclarées sur les certificats de recettes est de 192,74 millions de FCFA.
Autres constats, le Chef du Service Administratif et Financier n’a pas collecté des redevances maritimes sur des transactions d’importation. En effet, les Régisseurs ont collecté pour le compte du Conseil Malien des Chargeurs (CMC), sur la période sous revue, un montant de 452,08 millions de FCFA au titre de la redevance maritime, sur la base des quittanciers centralisateurs, au lieu de 812,14 millions de FCFA correspondant à ladite redevance sur l’ensemble des marchandises déclarées aux services des douanes et transportées en importation. L’écart de 360,06 millions de FCFA n’a pas été collecté pour le compte des EMACI.
De leurs côtés, le Directeur et le Chef du Service Administratif et Financier n’ont pas reversé dans le compte du CMC des redevances maritimes collectées.
Sur un montant total de 452,08 millions de FCFA de redevances maritimes collectées pendant la période sous revue, le Directeur a reversé au CMC un montant cumulé de 370 millions de FCFA soit un écart de 82,08 millions de FCFA non reversé.
Pour leur part, le directeur et la Commission d’ouverture des plis et d’évaluation des offres ont retenu un soumissionnaire ne disposant pas d’expériences requises. Le Directeur des travaux de l’Entreprise retenue pour exécuter les travaux de construction des bureaux des EMACI, pour un montant de 553,10 millions de FCFA, ne dispose pas d’expériences requises. En effet, il n’a eu à diriger qu’un projet de construction de complexité similaire en tant que Directeur des travaux ou Chef de mission au lieu de trois exigés par les critères de qualification.
Autre fait troublant, le Directeur a payé un véhicule et l’a immatriculé au nom de l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire. Il a payé un véhicule de marque Toyota RAV 4 à 14,25 millions de FCFA destiné au Contrôleur Financier et l’a irrégulièrement immatriculé au nom de l’Ambassade du Mali.
Egalement, le Directeur a octroyé au personnel et à lui-même des rémunérations indues. Les salaires de base du personnel fonctionnaire des EMACI sont surévalués et ne correspondent pas au produit numérique de l’indice. Les indemnités sont incorrectes et calculées sur des salaires de base mal évalués. Une multiplication par deux du salaire net dénommé « Montant réévalué » non prévue par le Décret n°2014- 100/P-RM du 20 février 2014 fixant la valeur indiciaire et les avantages accordés au personnel fonctionnaire dans les entrepôts maliens et ports de transit, est accordée au personnel fonctionnaire des EMACI. Une rémunération dénommée « Résidence » est irrégulièrement accordée à l’ensemble du personnel des EMACI. Le montant total des rémunérations indûment perçues par le personnel fonctionnaire des EMACI est de 521,39 millions de FCFA.
Toujours selon le rapport, le Directeur a irrégulièrement payé des frais de location pour deux Chefs de service qui devaient être logés gratuitement dans les maisons appartenant aux EMACI. Il s’agit du Chef du Service Administratif et Financier et du Chef de Bureau Contrôle et Sécurité. Les frais de location irrégulièrement payés, pendant la période sous revue, s’élèvent à 7,02 millions de FCFA.
Par ailleurs, le directeur a aussi effectué des décaissements irréguliers sur le fonds de la redevance maritime. Il a effectué, sur les redevances maritimes appartenant au CMC, trois décaissements en espèces pour un montant total de 158 millions de FCFA sans aucune pièce justificative. Il a aussi prélevé, en espèces, sur le compte bancaire du CMC ouvert à cet effet, un montant total de 101,93 millions de FCFA sur la base uniquement de factures, sans mandat, ni document de livraison. Le montant total irrégulièrement prélevé sur ces fonds s’élève à 259,93 millions de FCFA.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin