Trois ministres du nouveau gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga sont au cœur de la tempête : Dr. Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances, Dr. Nango Dembélé, ministre de l’Agriculture, Ramatoulaye Diallo, ministre de la Culture. On leur reproche de ne pas être rigoureux dans la gestion des ressources publiques.

Comme en 2013, le président de la République Ibrahima Boubacar Keita entame un mandat très difficile. Au-delà de l’épineuse question de dialogue politique, la bonne gestion des ressources publiques fait défaut chez ses hommes de main. Le premier à être cité est le ministre Boubou Cissé.

Jusqu’ici considéré comme un homme de rigueur parmi les différents membres du gouvernement, sa carrosserie a désormais pris des éraflures.
Il est ministre de l’Economie et des Finances et se nomme Boubou Cissé. La révélation provient des magistrats. Du moins, des deux syndicats de la magistrature, le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et le Syndicat libre de la magistrature (Sylima).

Dans un communiqué, ces syndicats disent avoir pris acte de la
décision prise par le gouvernement de procéder à la retenue sur les
salaires des magistrats à partir du mois de septembre 2018. Ils
rappellent que cette mesure est, en principe, le pendant légal de la
grève à la disposition de l’employeur. «Toutefois, en vertu de
l’obligation légale incombant aux différentes parties de s’exécuter de
bonne foi de leurs engagements, la présente grève n’est que la
réaction légale et légitime de la magistrature contre le reniement du
gouvernement, si bien que toute forme de pression du pouvoir exécutif
contre le pouvoir judiciaire est illégale et donnerait lieu à une
réaction juridique appropriée», indique le même communiqué.

Ils déplorent la décision prise et assumée par le gouvernement de
recourir à un tel moyen et invitent leurs membres à en assumer toutes
les conséquences. «L’Etat fonctionne sur la base de la complémentarité
nécessaire entre les trois pouvoirs et que toute velléité paternaliste
de l’un à l’encontre des autres ne peut que détériorer inopportunément
l’indispensable collaboration devant présider à la conduite de
l’action publique. Ceux qui prônent l’exemplarité doivent être les
premiers à l’abri de tout reproche…» rappellent le Sam et le Sylma.

Avant d’exiger que «toute la lumière soit faite autour des trois
milliards et demi (3.500.000.000) FCFA évaporés curieusement dans la
nature à l’hôtel des finances à l’occasion du soi-disant dédommagement
d’un opérateur économique consécutivement à la crise au nord du pays.
Ladite opération, intervenue dans le cadre d’un marchandage de gré à
gré entre le ministre des Finances et l’opérateur économie en
question, est intervenue en violation des règles élémentaires
applicables en la matière».

Le Sam et le Sylma notent que «cette importante somme d’argent a été
détournée au profit d’une seule entreprise de la place et dans des
conditions scabreuses, alors que l’incidence financière totale de la
demande légitime des syndicats, est seulement de l’ordre de deux
milliards Fcfa par an pour près de six cent magistrats : que partant,
nul ne peut nous opposer une quelconque insoutenabilité budgétaire de
la revalorisation demandée…».

Les syndicats de la magistrature encouragent le gouvernement à
poursuivre cette compagne de provocation, tout en se réservant le
droit de faire d’autres révélations et même d’entreprendre des actions
plus fortes visant le même ministre, voire d’autres membres du
gouvernement de la République, impliqués dans d’autres scandales non
moins sulfureux.

En tout cas, l’invite des magistrats à l’endroit du
ministre Boubou Cissé, à adopter des mesures de transparence, passe
d’abord par la volonté de celui-ci de se mettre à la disposition de la
justice. S’il tient à préserver son image d’homme de rigueur.
Acceptera-t-il de se mettre à la disposition des services compétents
pour la transparente ? Rien n’est moins sûr.

Dr. Nango Dembélé, ministre de l’Agriculture, est aussi interpellé. À  l’Office du périmètre irrigué de Baguinéda (OPIB), la population estime que rien ne va plus dans cette structure étatique. La mauvaise gestion du Dg Diallo est passée par-là.

Selon nos confrères de La Sirène, l’Opib est aujourd’hui devenu un nid
où tous les oiseaux de mauvais augure y pondent. «Le
climat social est délétère à cause du DG qui est l’homme à tout faire,
comme si la structure ne disposait pas d’autres cadres. Comptable,
responsable des ressources humaines et même planton, M. Diallo est le
seul à jouer tous ces rôles. Pas étonnant, nous confie cette source
proche du dossier qui signale que c’est une manière pour lui de gérer
tout à sa guise. Pour les passations de marchés, il est et reste le
seul à donner son mot sur le dossier, contrairement à la procédure de
la structure», indique le journal.

Et de poursuivre que c’est un non-respect du manuel des procédures. Les bâtiments devant héberger les missionnaires, abritent des cérémonies de mariage ou des concerts d’artistes. La chambre d’hôtes, le responsable de l’Opib, en complicité avec son frère, l’a transformée en salle de jeux. Les locataires, la plupart venue de Bamako, payent 10 000 Fcfa sans reçu pour assouvir leurs désirs. Le hic est qu’on ne sait pas où vont les sous récoltés à ces occasions.

Alors que l’Opib est chargé du développement du secteur agricole notamment à travers ses périmètres irrigués dans la Commune rurale de Baguinéda. Mais à cause de la mauvaise gestion, il risque de ne pas combler les attentes comme souhaité par son ministre de tutelle qui avait fixé la production céréalière à 27 547 tonnes. Alerté, la réaction du Dr. Nango Dembélé, ministre de l’Agriculture, se fait toujours attendre.

Que dire de la passivité du ministre dans la lutte contre les oiseaux granivores et la gestion chaotique de l’invasion d’oiseaux granivores dans certaines localités du pays. Maintes fois alerté par les populations, le ministère de l’Agriculture n’a rien apporté de concret. Les
délégations ministérielles se sont plutôt contentées d’amadouer les
pauvres paysans. Alors qu’il y a urgence.

Quid de N’Diaye Ramatoulaye !

Très souvent accusée de favoritisme et de clientélisme par plusieurs
acteurs du domaine de la culture, la ministre N’Diaye Ramatoulaye
Diallo porte de nos jours le fardeau de «négligence coupable, de
fuite de responsabilité, bref d’incompétence notoire par rapport à la
gestion de nos musées».

En effet, les musées sont comme une institution permanente sans but
lucratif, au service de la communauté et de son développement. Ils
sont ouverts au public, qui acquiert, conserve, étudie, communie ainsi
avec le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son
environnement à des fins d’éducation et d’études.

Par un manque de volonté politique avérée chez certains hauts responsables du pays, certains musées souffrent encore de problèmes de ressources humaines qualifiées, de leur gestion et aussi de leur fonctionnalité. Pour preuve, à Djenné et Bandiagara, l’Union européenne, à travers le fonds FED, a cessé d’investir dans ce secteur porteur du patrimoine culturel. Par le fait des premiers responsables du
département de la Culture. Mieux, l’UE avait signé un accord avec
l’Etat malien pour la construction du musée de Bandiagara et celle de
Djenné (deux cercles au riche patrimoine culturel et historique).

Le gouvernement, à travers le ministère de la Culture, devait seulement
prendre en charge l’inauguration de ces joyaux avec la modique somme
de 10 millions Fcfa (5 millions pour chaque localité). À la fin de la
construction de ces deux musées, le département de la Culture a été
incapable d’assurer cette dépense d’inauguration. Et le partenaire
européen, très déçu, a fini par tourner dos à cet appui à ces
infrastructures culturelles.

Or, l’ex-Premier ministre, Moussa Mara, en son temps, avait pris les
choses en main en se rendant à Djenné et à Bandiagara pour voir la
situation de près et faire respecter l’engagement de l’Etat malien par
rapport à cet accord. Mais les politiques s’en étaient mêlés et les
visites du chef du gouvernement avaient été interprétées comme des
opérations d’implantation locale de son parti politique.

Et depuis, la ministre de la Culture n’a plus fait de ce dossier une de ses priorités. La même situation prévaut à Sikasso, où le musée est toujours fermé, parce que la collectivité est incapable d’assurer la prise en charge de son fonctionnement (factures d’électricité et d’eau impayées).

À  Gao, le musée du Sahel est affecté par un problème de personnel
qualifié. Le ministère, pour ne pas dire son premier responsable, chargé de la politique culturelle, reste apathique.

Zan Diarra

 Soleil Hebdo