Le nouveau gouvernement de 35 membres est composé à plus de 71% de l’équipe précédente qui en comptait 33. La gent féminine se contente de 8 portefeuilles, soit un de plus par rapport au gouvernement sortant. Ce chiffre viole la loi n°2015-052 relative à la promotion des femmes aux postes nominatifs et électifs, dite loi du quota.

Abdoulaye Idrissa maiga pm malien chef gouvernement

Le suspens aura duré quatre jours après la nomination d’Abdoulaye Idrissa Maïga à la primature. Le nouveau gouvernement a été finalement formé ce mardi 12 avril, mais à l’analyse du nouvel attelage gouvernemental, les observateurs politiques conviennent d’une chose. C’est que le grand bouleversement que d’aucuns avaient prédit n’a pas eu lieu, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre ayant vraisemblablement choisi de faire du nouveau avec du vieux.

Les rescapés

En effet, 25 ministres de l’équipe Modibo Keïta font leur retour dans le gouvernement Abdoulaye Idrissa Maïga, soit un peu plus de 71% de son effectif. Il y a eu seulement deux permutations: celles de Mohamed Ag Erlaf qui quitte l’Administration territoriale pour l’Education nationale, et du Dr Nango Dembélé qui laisse l’Elevage et la Pêche au profit de l’Agriculture. Aussi, aucun département dit de souveraineté, à une exception près, n’a changé de titulaire. Ainsi, le ministre Abdoulaye Diop garde les Affaires étrangères, Me Mamadou Ismaïla Konaté s’occupe toujours de la Justice, Dr Boubou Cissé reste à l’hôtel des Finances. Seul le département de la Défense et des Anciens combattants, précédemment dirigé par Abdoulaye Idrissa Maïga, celui là même qui est désormais investi des fonctions de Premier ministre, a été confié à Tiénan Coulibaly, jusque-là ambassadeur du Mali aux Etats-Unis d’Amérique. Parmi ceux qui ont gardé leurs portefeuilles et qui ont même gagné en galons, il y a Me Mohamed Ali Bathily. En plus des Affaires foncières, ce dernier s’occupe désormais de l’Urbanisme et de l’Habitat, même s’il est par ailleurs vrai qu’il perd les Domaines de l’Etat. En plus de lui, le Dr Abdrahamane Sylla, ministre des Maliens de l’extérieur, se renforce avec l’Intégration africaine, pendant que le ministre du Commerce, ‘’l’inamovible’’ Abdel Karim Konaté, se voit investi de la casquette de porte-parole du gouvernement. D’autres revenants ont, au contraire, perdu de leur domaine de compétences. Ainsi, Abdoulaye Diop perd l’Intégration africaine et Traoré Seynabou Diop, désormais ministre de l’Equipement et du Désenclavement, se voit retirer les Transports, érigé en département autonome. Aussi, Mamadou Ismaïla Konaté ne s’occupe plus de Droits de l’Homme qui, cumulé avec la Reforme de l’Etat, devient un département à part entière. Ceux qui ont gardé leurs départements en l’état sont: Hamadou Konaté, ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire; Général de brigade Salif Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection civile; Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances; Pr Tiémoko Sangaré, ministre des Mines; Pr Assétou Founè Samaké Migan, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique; Mohamed El Moctar, ministre de la Réconciliation nationale; Konimba Sidibé; ministre de la Promotion de l’Investissement et du Secteur privé. S’y ajoutent Mohamed Aly AG Ibrahim; ministre du Développement industriel; Diarra Raky Talla, ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions; Malick Alhousseini, ministre de l’Energie et de l’Eau; Keïta Aïda M’BO, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable; N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la Culture; Nina Walett Intallou, ministre de l’Artisanat et du Tourisme; Housseïni Amion Guindo, ministre des Sports; Thierno Amadou Oumar Hass Diallo, ministre des Affaires religieuses et du Culte; et Amadou Koïta, ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne.

Mountaga, seul chef de parti éjecté

Parmi les 8 ministres de l’ancienne équipe gouvernementale qui ont fait leurs valises, celle de Me Mountaga Tall aura a été la plus remarquée. En effet, le président du Cnid Faso Yiriwa Ton, désormais ancien ministre en charge de la Communication, porte-parole du gouvernement, est le seul chef de parti à être débarqué. Des observateurs estiment que le départ de l’avocat s’explique par le fait que son parti perd de plus en plus du terrain. En effet, le parti du soleil levant n’a pas de député à l’Assemblée nationale. Pire, il a eu un score moins honorable lors des dernières élections communales.

Dans le lot des partants, se trouvent aussi Kassoum Denon, ministre de l’Agriculture; Ousmane Koné, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat; Sangaré Oumou Ba, ministre de la promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille; Togo Marie Madeleine Togo, ministre de la Santé et de l’Hygiène publique,  Kénékouo dit Barthélémy Togo, ministre de l’Education nationale, Mahamane Baby, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle et Sambel Bana Diallo, ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Population.

Retour très remarqué de Tièman Hubert

Contrairement à Me Mountaga Tall, celui des  12 nouveaux arrivants dont le retour fait beaucoup plus parler de lui, c’est certainement Tièman Hubert Coulibaly, nouveau ministre de l’Administration territoriale. Il a suffit 7 petits mois pour que le président de l’UDD opère son retour au sein du gouvernement, après en avoir été éjecté en septembre dernier, et remplacé au poste de ministre de la Défense et des Anciens combattants par l’actuel Premier ministre. L’autre retour qui a été aussi remarqué, c’est celui de Tiènan Coulibaly qui dirige désormais le ministère de la Défense et des Anciens combattants. Ambassadeur du Mali auprès des USA jusqu’à sa nomination, M. Coulibaly, réputé pour sa rigueur, avait dirigé le département de l’Economie et des Finances sous la transition.

Les novices

A part les deux cités ci-dessus, tous les autres entrants participent à un gouvernement pour la première fois. Il s’agit de Me Baber Gano, tout puissant secrétaire général du parti présidentiel, le RPM, qui dirige le ministère des Transports; Maître Kassoum Tapo, ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’État. Jusqu’à sa nomination, ce dernier était conseiller à la présidence de la République. Aussi, Maouloud Ben Kattra, membre influent du bureau de l’Untm et membre du Conseil économique, social et culturel, fait son entrée au poste de ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, pendant que Samba Ousmane Sow, désormais ex-directeur du Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (Cnam), prend les commandes du département de la Santé et de l’Hygiène publique. Selon beaucoup d’observateurs, ce dernier doit sa nomination à la bonne gestion de la question  Ebola, en sa qualité de chef de la cellule de lutte contre cette épidémie. En plus de ceux-ci, il faut citer Alhassane Ag Hamed Moussa, ministre de la Décentralisation et de la Fiscalité locale, Ly Taher Dravé, ministre de la l’Elevage et de la Pêche; Adama Tiémoko Diarra, ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Population; Traoré Oumou Touré communément appélée ‘’Oumou Cafo’’, ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille;  Arouna Modibo Touré, ministre de l’Economie numérique et de la Communication. Ce dernier était jusque-là PDG de PMU-Mali.

La promesse non tenue d’IBK

Ce qu’il y a lieu à présent de souligner, c’est que le nouveau gouvernement compte 8 femmes. A analyser de près, on peut retenir que le chef de l’Etat a fait un effort, car l’équipe sortante en comptait 7. Sauf que le président IBK avait promis, lors de la cérémonie de célébration de la journée internationale de la femme, le 8 mars dernier, de tenir compte, lors de la formation du futur gouvernement, de la loi 2015-052 qui prévoit 30% des postes nominatifs et électifs pour les femmes. C’est ainsi dire que sur les 35 membres du nouveau gouvernement, la gent féminine devait occuper au moins 10 postes.

Au travail !

Au-delà de cette analyse, il importe de rappeler que les défis qui attendent la nouvelle équipe sont à la fois nombreux et urgents. En effet, la nomination du gouvernement Abdoulaye Idrissa intervient dans un contexte marqué par l’escalade de la demande sociale au Mali, avec notamment la  grève illimitée dans le secteur de la santé, et celle du syndicat des enseignants du supérieur qui a commencé depuis le 4 avril.

L’autre défi auquel la nouvelle équipe devra s’attaquer au plus vite, c’est l’épineuse question sécuritaire au Centre du pays, où la recrudescence des affrontements intercommunautaires devient de plus en plus inquiétante. S’y ajoute un accord de paix qui peine à être appliqué.  En rencontrant les centrales syndicales le mardi  dernier, on peut déduire que le gouvernement a conscience de l’urgence de la situation. Il ne lui reste plus donc qu’à se mettre au travail pour soulager les Maliens qui attendent beaucoup de lui.

Bakary SOGODOGO

 

Source: Le Prétoire