Hier le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, accusé d’être un proche du parrain des parrains de la mafia corse, Michel Tomi, avec de fortes allusions pour jeter l’opprobre sur la première institution du Mali. Aujourd’hui, le chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga accusé de connivence avec des criminels ayant mis fin à la vie de la journaliste Ghislaine Dupont et de son technicien Claude Verlon. Et certainement demain le président de l’Assemblée nationale sera accusé, gratuitement, d’avoir prié avec Amadoun Kouffa dans la même mosquée avant l’une des attaques du célèbre chef terroriste ou encore que le chef d’état-major des armées parle régulièrement au téléphone avec Iyad Ag Ghali avant ce dernier ne fasse à chaque fois du mal au Mali. Doit-il y avoir un Malien sérieux pour encourager cette campagne de dénigrement des hautes autorités du pays ?

Qui sait, à ce jeu-là, tout le monde y passera, cadres de la Majorité comme ceux de l’Opposition. L’Honorable Karim Keïta n’en parlons pas, puisqu’on est habitué à le voir cité dans des histoires parfois vertes ou trop mures pour être vraies. Mais puisque ce n’est donc toi, c’est donc ton fils…

Malheureusement, il se trouvera toujours des gens crédules pour croire à ces contrevérités destinées à déstabiliser le Mali, parce que, tout simplement, c’est de source presse française. Par conséquent, cela vaut parole d’évangile pour certains et commandements coraniques pour d’autres. Et avec la complicité des réseaux sociaux devenus de façon très surprenante des réseaux asociaux, le mal est fait en quelques minutes.

Il y a donc lieu de ne plus se taire pour se contenter de réprimandes de salons ou de rester blasé, tout en pensant – et d’ailleurs à juste titre- que le mépris est la plus noble des attitudes face à ce genre de provocations. Soit ! Mais au-delà des personnages du chef de l’Etat, du Premier ministre et même de celui du chef de file de l’opposition qui a été lui aussi malmené dans une affaire de faux détournements à l’Uemoa, c’est l’image du Mali qui est égratignée et il est temps de faire face. Comme disent les anciens “une langue ne peut jamais bouffer l’autre”. Pour dire qu’il n’est plus question de se taire face à cette tyrannie de quelques médias français dont tout le monde connaît la connivence avec des services de sécurité et de renseignements de la Métropole.

Si des journaux français veulent chercher des malfaiteurs devant comparaître devant des juridictions, qu’ils commencent par Nicolas Sarkozy, une des grandes sources de tous nos malheurs, notamment avec ses mensonges d’Etat pour faire passer le complot international contre la Libye. Des compatriotes ont d’ailleurs déposé plainte contre l’ex président français, mais du côté des médias français, cette information a été boycottée. Pour Rfi, France24 et autres, c’est silence radio ! Pourtant, le soutien à la rébellion du nord du Mali est un secret de polichinelle et à l’heure actuelle le Malien le moins informé reste convaincu que derrière le Mouvement national de libération de l’Azawad se trouve nichée la France qui conseille et manœuvre.

Le mensonge, à force d’être répété, finit par laisser un peu de place au doute

Ces accusations allant parfois jusqu’à des menaces de procès, rentrent dans le cadre du plan diabolique de déstabilisation du Mali en essayant de tenir en laisse les dirigeants du pays pour mieux faire passer les initiatives de scission du territoire malien dictées depuis des officines tapies dans la neige et non dans la chaleur des tropiques africaines.

Ce n’est plus un secret que le président IBK a été quasiment bousculé pour aboutir à la signature de cet accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger car les interférences de l’Ambassadeur de France au Mali, en son temps, lequel était tout le temps aux trousses du ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, n’ont pas échappé aux observateurs. IBK voulait certes un accord, mais ses ambitions, avouons-le, dépassaient ce qui a été finalement servi car le gouvernement du Mali a dû renoncer, sous la pression internationale dont principalement celle de la France, à une douzaine de pages de format A4 d’observations et réserves, lesquelles pouvaient éviter, à l’heure actuelle, certains blocages notés.

Mais tout est bien orchestré depuis Paris où le dossier Tomy Michel était agité et un travail savant de communication dans la presse française l’accompagnait pour tenter de fragiliser le président IBK qui bénéficiait d’un soutien populaire extraordinaire avec près de 77% des voix lors de la présidentielle de 2013. Mais il se trouve des Maliens prêts à donner écho à de telles graves accusations, sans chercher à comprendre que c’est de la manipulation de la part de l’ancien colonisateur. Comme on le dit, le mensonge, à force d’être répété, finit par laisser un peu de place au doute, obligeant donc le président IBK à tout faire pour laver son honneur. Honneur ? Il s’agissait de cela en fait car, connaissant bien le président IBK, attaché à l’honneur et à la dignité, les stratèges français savaient donc bien par où passer pour tenter de l’atteindre et le pousser à mener cet autre combat pour l’honneur. De la distraction pure et simple !

C’est finalement par des entrefilets diffusés dans des organes de moindre audience qu’on annonce que le président malien a été blanchi de ces accusations, vers la fin de son premier mandat. Dès lors, même ceux qui en doutaient encore ont pu comprendre la manipulation et la portée stratégique de ces accusations maintenues durant tout le mandat comme une épée de Damoclès par-dessus la tête de notre première institution. Du pur machiavélisme !

Après IBK mafioso, c’est Soumeylou BoubèyeMaïga chef terroriste

C’est maintenant au tour du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, considéré comme l’homme de la situation parce que faisant preuve à la fois de courage et de fine stratégie pour avancer vers ses objectifs. Tel un poussin qu’on veut empêcher de naître, on cherche à l’étouffer dans l’œuf, notamment en amenant cette accusation à la fois grave et grotesque de connivence avec les commanditaires de l’assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon pour demander qu’il soit entendu par un juge français. D’ailleurs, depuis tout le temps que durent les enquêtes sur ce dossier, pour attendre maintenant pour évoquer le nom de Soumeylou Boubèye Maïga, au moment où il est un élément-clé dispositif du régime du président IBK.

N’ayons pas peur des mots car il y a des moments où les choses doivent être exprimées crûment, avec leur acidité. En effet, après avoir présenté le président de la République soit l’angle d’un mafioso, c’est le Premier ministre qui est maintenant affublé du statut de proche d’un des chefs terroristes du nord du Mali. Quel Malien, de quel bord politique qu’il soit, serait-il fier de cela ? Il ne devrait y en avoir aucun, si une seule goutte de patriotise reste encore dans les veines de tous ceux et toutes celles qui se réclament encore, respectivement, fils et filles du Mali.

Doit-on être fier de présenter Soumaïla Cissé comme un détourneur de deniers publics de la communauté sous-régionale ?

De la même manière, devait-on être fier qu’un digne fils du Mali, Soumaïla Cissé, soit présenté comme un détourneur de deniers publics de toute une communauté sous-régionale ? Eh bien que non ! Car ces questions dépassent les clivages politiques et les adversités sur fond de conflits d’intérêts au plan national. De quelque nature que ce soit.

Si la France et d’autres puissances nous prouvent à travers cette accusation du Premier ministre qu’ils savent écouter n’importe quelle conversation téléphonique, alors qu’elles localisent Amadoun Kouffa, Iyag Ag Ghali et autres, ainsi que leurs complices, pour nous permettre d’en finir avec eux. Si non, c’est à une grande fumisterie internationale que nous assistons, dans le cadre d’un complot international contre le Mali. Mais jusqu’à quand encore ?

La colonisation produit un droit sur les ex colonies

L’heure est donc à la vigilance car les ressources naturelles qui dorment sous le sol de nos pays de la sous-région sentent à mille lieux et attirent les puissances voraces du monde, surtout celle qui pense que la colonisation produit un droit sur les ex colonies. Hier c’était le Niger et le Mali pour l’insécurité, aujourd’hui c’est aussi le Burkina Faso qui est pleinement projeté dans cet enfer djihadiste. La Côte d’Ivoire ayant déjà pris un sacré coup reste sur le qui-vive, tandis que depuis un certain temps les forces du mal concentrent leurs efforts sur comment frapper le Sénégal. Ce qui est tout un symbole pour la centrale terroriste, selon plusieurs analystes.            

  A.B. NIANG

 

Source: Aujourd’hui-Mali