Au « Palais de Sébénikoro », résidence privée du Chef de l’Etat sortant, candidat à sa propre succession, c’est la fête. Ou presque. Avec ses parterres de fleurs taillées avec art, la cour ne désemplit pas. Les partisans d’IBK y entrent et sortent. Comme dans une fourmilière. 


Du salon, déjà bondé de monde, on entend, au loin, les éclats de rires de ceux qui croient, dur comme fer, à la victoire de leur mentor.
Bonnet vissé sur la tête, lunettes à fine monture posée sur le nez, IBK observe ce beau monde, avec un certain calme.
Après les « salamalecs » d’usage, il nous invite à le suivre dans le petit salon où il reçoit ses invités de marque. C’est là, que se déroulera, pour la première fois, cette interview, imaginaire ou presque. Sans concession.

Mr le président, êtes-vous inquiet pour la suite de cette élection présidentielle ?

Pas du tout ! Après que le premier tour se soit déroulé dans le calme sur toute l’étendue du territoire national, à part une localité du centre où, le matériel de vote a été emporté par les narco-djihado-terroristes, tout s’est bien déroulé. Comme dans le meilleur des mondes.

Comment ce matériel de vote a-t-il été emporté, surtout avec la présence des forces de sécurité déployées dans la région ?

Qui connaît Papa de chien ? Pour l’heure, je n’en sais rien. J’attends le compte rendu de mes services de renseignements, avant de me prononcer sur cet incident malheureux.

A quelques heures de la proclamation des résultats du premier tour, quelles sont vos impressions ?

Dans l’ensemble, elles sont bonnes.

Mohamed Ag Intallah, l’Amenokal de Kidal aurait déclaré, en parlant de vous, que « les populations de l’Adrar ne voteront pas pour quelqu’un qui dit quelque chose et ne le fait pas ». Qu’en dites-vous ?

Je dis juste que je ne réponds pas à des gens qui, pour leurs intérêts égoïstes, complotent avec les « forces obscures » pour mettre leur pays à feu et à sang.

Vous voulez parler de qui ?

Je parle, moi aussi, de celui qui, durant ces six dernières années, dit une chose et fait le contraire.

C’est une réponse du berger à la bergère ou quoi ?

C’est une réponse du « Kankélintigui » (NDLR : un homme de parole) au « Kantiamantigui » (l’homme qui a plusieurs paroles).

Faites-vous allusion à l’Amenokal de Kidal ?

Je n’ai rien dit de tel !

Comment expliquez-vous ce revirement de Mohamed Ag Intallah qui vous a, pourtant, accueilli à Kidal, il y a quelques jours, avec faste ?

Moi, aussi, je n’arrive pas à me l’expliquer. Mais sa déclaration, comme l’a dit, récemment, Macron au sujet de l’affaire Benalla, n’est qu’une tempête dans un verre d’eau.

Et s’il invitait les populations de Kidal à voter pour vos adversaires, en particulier, pour Soumaïla Cissé ?

C’est impossible ! Il a beau être le chef traditionnel des Ifoghas, il ne peut obliger toutes les populations de Kidal à voter pour Soumaïla Cissé.
Mes partisans voteront pour moi. Même avec un sabre, sur la gorge.

Mr le président, au regard du nombre de mécontents, durant votre quinquennat, pensez-vous pouvoir gagner cette présidentielle ?

Rassurez-vous, Le Mollah, je suis le favori de cette présidentielle. Et je le reste jusqu’à la fin du second tour.
A défaut du « Takokelen », ce sera le « Takofla ».

En êtes-vous sûr ?

Certain, Le Mollah !

Avez-vous un message pour vos adversaires politiques ?

Un seul : qu’ils viennent s’agenouiller devant moi pour reconnaître ma victoire. Avant même le second tour.

Propos recueillis 
par Le Mollah Omar 

Canard Déchainé