Chaque fois que l’on croit que notre président a pris de la hauteur, qu’il a changé, il nous ressort une de ses comédies et blagues de mauvais goût, dont lui seul a le secret. Au point de nous faire oublier toutes ses légèretés et autres plaisanteries qu’il nous avait déjà servies, depuis qu’il est à Koulouba. La dernière en date est celle relative à l’invitation d’une flopée de comédiens dépassés, en quête de célébrité perdue, pour célébrer le 20 janvier, fête de l’armée.  Ce, à un moment où nos soldats ont besoin de tout sauf de comédie et de distraction.

 

 La guerre au Mali, le président de la République la vit apparemment comme dans un jeu vidéo. De par ses comportements de tous les jours, on peut dire qu’IBK voit notre crise et tous les morts qu’elle engendre, au sein de nos forces armées, et de la population civile, comme dans les jeux Nintendo ou PS4.

Sinon, comment comprendre qu’il dise tous les jours que nous sommes en guerre et qu’ils choisissent le jour où il doit rendre un vibrant et mérité hommage à nos vaillants soldats, pour mettre en avant des comédiens invités spéciaux. La scène se déroule à Kati et nos amis comédiens n’hésitaient pas à chanter partout qu’ils sont «les invités spéciaux» de notre président par accident.

Quel rapport  y a-t-il entre la célébration du 20 janvier et la présence de ces comédiens ? Quel message IBK voulait-il faire passer en exhibant, à la face du monde et, particulièrement, celle de nos vaillants soldats, ces comédiens ? Quelle utilité y avait-il à associer la comédie à la gravité et la solennité du 20 janvier ?

Pourquoi le président de la République pense-t-il que nous sommes toujours dans le folklore, la musique, la danse, etc.  Pourquoi ne peut-il pas, un seul instant, prendre la mesure de la situation du pays, de la crise que nous traversons depuis le début de la décennie passée ?

IBK est décidément notre croix et il va nous falloir la porter pour quelques années encore. Ceux qui le connaissent, d’ailleurs, ne sont pas étonnés de ses comportements toujours en déphasage total avec les réalités du moment. Il dit une chose et fait tout le contraire de celle-ci. Il ne se plaît et n’excelle que dans le folklore et l’amusement. Ce qui explique d’ailleurs le fait que son parcours, lui-même, soit jonché de non-dits, de contre-vérités, et même de «trous noirs».

Tenez, par exemple, malgré le grand et vieux français qu’il se plaît à nous servir à longueur de journée, certains de ses proches n’hésitent pas à jurer la main sur le Coran (même la Bible, si vous voulez), qu’il n’a aucun diplôme. C’est ce manque de parchemin, digne de ce nom, qui explique, argumentent-ils, le fait qu’il se serait fait embaucher par Feu Tièoulé Mamadou Konaté (au lieu de Michel Sidibé, comme il a toujours essayé de le faire croire), comme animateur à l’ONG-Terre des Hommes, sur intervention de son épouse, l’actuelle Première dame.  À l’époque, Tièoulé était au GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) à Genève.

On raconte aussi qu’ayant eu des difficultés universitaires, c’est chez Toumani Djimé Diallo (TOM) qu’il habitait à Paris, et son passe-temps favori n’était pas les bibliothèques ou autres lieux de rencontres des étudiants.

Au-delà de ses diplômes que certains de ses compatriotes lui contestent, il est aussi, souvent, question, pour ce qui concerne IBK, de ses rapports avec les hommes qu’il utilise et se débarrassent d’eux comme des torchons ou des serviettes usées. Pour ce qui concerne ce chapitre, on peut évoquer ses liens avec le CNRDRE de l’époque. Il a, nuitamment, escaladé la colline pour Kati, échangé avec Sanogo, qui l’a soutenu pour accéder à Koulouba, avant de mettre ce dernier en prison. Tout cela aux dépens de ses camarades de l’ex-FSD, qu’il a laissés en rade pour «parrainer» le coup d’Etat de 2012 et les putschistes.

IBK a aussi soutenu haut et fort l’Accord de Ouaga obtenu par Tiébilé, qui stipulait dans une de ses dispositions que soixante (60) jours après l’élection présidentielle, le gouvernement et la rébellion devraient se rencontrer pour conforter la paix. À peine élu, il a déchiré cet accord, tenu des propos incompréhensibles et discourtois envers tous ceux qui ont œuvré à l’obtention de cet accord qui a permis l’organisation de la présidentielle, qui a permis, à lui IBK, de devenir président de la République.

Il a profité d’une rencontre de l’OMVS à Gouina, en présence de ses pairs du Sénégal et de la Mauritanie, pour déclarer qu’il «ne négociera pas avec les rebelles», que «personne ne va le trimbaler», etc. La suite, on la connaît. Il court derrière ces «rebelles», les reçoit en grande pompe chez lui et à Koulouba, fait des selfies avec eux.

Il prend même le soin d’inviter son rejeton de député, «le pauvre Karim», à ses séances-photos. Sacré IBK ! Faisons avec lui bon cœur contre mauvaise fortune et disons-nous, simplement, que c’est notre croix.

 Moussa Touré

Nouvelle Libération