es violations des Droits de l’Homme impliquant les forces armées maliennes, la réaction énergique de la communauté internationale, gestion catastrophique des conflits intercommunautaires par le gouvernement et la grogne des administrateurs civils à un mois de l’élection présidentielle….
Tels sont, entre autres, les sujets abordés dans cette interviou que le Chef de l’Etat nous a, de bien et bonne grâce, accordée. C’était le week-end dernier, en début d’après-midi, au Palais de Koulouba. Interviou.

Mr le président, l’honneur et la réputation du Mali viennent d’être jetés, une fois de plus, à terre. Après avoir nié l’existence de fosses communes, suite aux graves violations des Droits de l’Homme à Nantaka et Kobaka, dans la région de Mopti, le ministre de la Défense a fini par le reconnaître. N’est-ce pas là un déficit de communication, comme cela a, toujours, été le cas ?

Inutile de le nier : la communication a, toujours, été le talon d’Achille de mon quinquennat. Plusieurs communicants se sont relayés, tant à la présidence qu’au gouvernement, pour gérer de telles affaires ; mais cela n’a jamais marché. Du moins, jusqu’au moment où je vous parle. D’ailleurs, je ne sais même plus quoi faire pour remédier à ce déficit de communication.

Pourquoi le ministre de la Défense et le porte-parole du gouvernement ont affirmé que « l’armée n’y est pas impliquée », avant de le reconnaître ?

Qui connaît papa de chien, Le Mollah ? Je n’en sais rien. Peut-être qu’ils avaient cru bien faire en niant les faits en bloc. Je n’en sais, strictement, rien.

Conséquence : la réaction de la communauté internationale a été énergique. Même le Canada, pays ami du Mali qui s’est toujours voulu discret sur ces questions, n’a pas caché sa déception, en exigeant que les auteurs de ces crimes soient arrêtés et punis.

Mais les enquêtes, comme l’a annoncé le ministre de la Défense, sont ouvertes.

Quand seront-elles fermées, quant on sait que l’ouverture d’une enquête, sous votre quinquennat, n’a jamais accouché de résultats ?

Je prends, solennellement, l’engagement que ces enquêtes-ci n’accoucheront pas d’une salamandre.

En êtes-vous sûr ?

J’en suis certain !

Mr le président, les administrateurs civils sont en rogne. A un mois de l’élection présidentielle, c’est inquiétant. Pire, ils s’apprêtent à aller en grève pour une semaine.

C’est vrai ! Qui peut imaginer qu’en pleine distribution des cartes d’électeur que les Préfets et Sous-préfets soient sur les dents. Et le plus grave, dans cette affaire, c’est que certains n’entendent pas rejoindre leur poste à cause, disent-ils, de l’insécurité ambiante. Comme pour donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’élection présidentielle ne peut se tenir pour les mêmes raisons : l’insécurité.
J’ai comme l’impression, Le Mollah, que mes adversaires politiques m’ont jeté un sort. Chaque fois que je tente de sortir la tête de l’eau, un événement inattendu me tire vers le bas.
Rappelez-vous, j’avais, à peine, fini de gérer le scandale des équipements militaires, que celui de l’avion présidentiel a pointé le bout de son nez. A peine celui-là étouffé, que celui de l’engrais « pourri » s’est présenté. Et j’avais, à peine, fini d’éteindre cet incendie que celui des 1.000 tracteurs a explosé.
Aujourd’hui encore, le même scénario se poursuit, hélas.
Après la manifestation de Kéniéba et son cortège de dégâts et de mort, revoilà les administrateurs civils, chargés de superviser la présidentielle du 29 juillet prochain, qui décrètent une grève.

Ce n’est pas tout, Mr le président, l’autre jour les députés ont accusé, ouvertement, le gouvernement d’avoir mal géré les conflits intercommunautaires dans le centre du pays…

Ils ont osé !

« Nous demandons au gouvernement de tout mettre en œuvre pour qu’il n’y ait plus d’exécution sommaire… », a déclaré l’honorable Belco Samassekou, député élu à Mopti.

Je vais retourner voir mon charlatan. Il faut qu’il consulte les ancêtres pour moi. Car, je ne comprends plus rien. Est-ce à dire que les charlatans de l’opposition sont plus forts que les miens ?
Tout ce qui m’arrive, à 30 jours de l’élection présidentielle, ne doit pas être fortuit. J’en suis, quasiment, sûr.

Propos recueillis 
par Le Mollah Omar 

Source: Canard Déchainé