Réalité acceptée de tous, l’incivisme gagne une proportion inquiétante. Les villes et les villages sont progressivement en train de se transformer en des zones inciviques où le plus fort dicte sa loi au mépris des lois et règles établies.

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Chercher un responsable à ce phénomène est une perte de temps puisque tout le monde l’est à un moment ou à un autre. La société, dans toute sa splendeur, les familles, les gouvernants, les écoles, les espaces de socialisation des jeunes…

Mais la responsabilité première incombe aux gouvernants qui ont contribué à délégitimer l’Etat et les institutions au profit des clans et réseaux de coteries. Quelle initiative pour redresser cette pente dangereusement glissante ?

L’incivisme, ce sont ces personnes qui ne respectent les feux de signalisations et qui roulent sur les voies publiques  comme si elles étaient dans leur cours.

L’incivisme, ce sont ces jeunes d’un quartier de Bamako qui érigent des barricades pour protester contre l’arrestation d’un des leurs qui a pourtant commis un acte répréhensible sur une jeune fille.

L’incivisme, ce sont ces jeunes qui, sans chercher à comprendre, incendient un véhicule qui vient de percuter mortellement une femme. L’incivisme, ce sont ces jeunes qui, au lieu de remettre un voleur aux autorités, se font justice eux-mêmes.

L’incivisme est une notion qui s’exprime de mille et une façons. Sur le plan politique à travers la corruption, le refus de vote, la félonie… Sur le plan économique : le refus de payer l’impôt, la corruption, les détournements, la gabegie. Sur le plan social : le manque de respect des valeurs communes.

La société malienne est caractérisée depuis un certain temps par la déperdition des valeurs sociales caractérisées par la progression de l’incivisme, la pratique d’une justice privée, les actes de vandalisme, le manque d’intérêt pour la chose publique, le non respect de l’autorité de l’Etat, l’intolérance…

Malheureusement, ces institutions ont montré leur incapacité à jouer leur rôle et à protéger les faibles contre les abus des puissants. Leur soumission presque totale aux réseaux politico-économiques a fini par les discréditer aux yeux de la grande majorité des citoyens d’en bas. Elles ont perdu toute légitimité. Le déficit de confiance entre les institutions de l’Etat et les citoyens a atteint un tel niveau qu’elles ne constituent plus un recours pour les opprimés et les exclus.

Ces derniers finissent par se donner leurs propres règles, leurs modes d’expressions de leurs colères, de leur dépit. Ils se mettent ainsi en marge de la République à travers ces comportements répréhensibles.

Au fur et à mesure que passe le temps, il devient difficile de ramener les choses à des proportions acceptables. Il faut se garder de pousser les petites gens dans leur dernier retranchement. Beaucoup commence à perdre espoir quant à la volonté et à la capacité des gouvernants actuels à prendre en charge leurs aspirations à redonner des raisons d’espérer et même de rêver à ces jeunes.

Les actes d’incivisme sont parfois des cris de détresse, voire un appel au secours.

Hawa Sy

 

Source: L’Indicateur du Renouveau