24 heures après la tenue du congrès extraordinaire de la formation politique de feu Soumaila Cissé, sous la conduite du Collectif pour la sauvegarde de l’URD, nous nous sommes entretenus avec le président du dit Collectif. Au cours de l’entretien qu’il nous a accordé, Kalilou Samaké donne des éclaircissements sur la légalité du congrès et invite ses camarades à rejoindre leur camp qu’il qualifie de légal et légitime. Ce, dit-il, avec la participation de plus de 1000 délégués sur 1400 venus de l’intérieur et de l’extérieur.

 L’ALERTE : Quelle est la légalité du congrès du dimanche et quel sentiment vous anime après sa tenue ?

Kalilou Samaké : Après cette forte mobilisation des militants de l’URD, vous me donnez l’opportunité pour m’exprimer sur des faits importants de l’organisation de ce congrès extraordinaire. Le congrès, s’est tenu dans la légalité la plus sûre et la plus incontestable. Mais il est possible que nos adversaires que nous appelons même nos amis soient encore dans la posture de continuer le combat juridique. Par ce que, ce sont eux qui ont engagé ce bras de fer que nous ne souhaitons pas et que nous ne voulons pas. Nous voulons que le parti soit un et indivisible, que tous les jours que Dieu fait nous puissions avoir d’autres militants pour renforcer et conforter notre parti, c’est ça notre objectif. Donc, il n’est pas question pour nous d’attaquer qui que ce soit au niveau des tribunaux. Mais celui qui le fait, on va répondre et nous croyons à notre Justice. Pour éventuellement des choses qui peuvent se passer parce qu’ils ont osé nous coller un procès pour empêcher la tenue normale de ce congrès, je me garderais de parler des détails de la légalité parce que ce sont des choses qui peuvent revenir. Je suis animé d’un sentiment de fierté. Sur pratiquement 1400 et quelques délégués attendus, nous avons eu plus de 1000. Et dans la légalité de pouvoir tenir le congrès, il faut réussir à réunir le quorum, Et on la largement dépassé. C’était autour de 900 et on a eu plus de 1000. Ce qui veut dire que le congrès s’est tenu dans la légalité. En ce qui concerne la troisième vice-présidente, qui a eu à organiser le congrès et présidé les assises, cela est tout à fait normal. Dans notre dispositif réglementaire, il est dit que le président est le premier responsable, il est secondé par des vices présidents qui peuvent le remplacer par ordre de Préséance. Le président Salikou Sanogo a été invité à présider, non seulement la réunion ordinaire mais aussi les assises. Il a trouvé que le congrès est tout à fait irrégulier et qu’il ne se présentera pas. En tant que premier vice-président, c’est lui-même qui a décidé de ne pas de ne pas être là. Le deuxième vice-président, c’est le ministre Iba Ndiaye dit Iba. Malheureusement, pour raison de santé, il ne s’est pas présenté. Donc par ordre de préséance, c’est la troisième vice-présidente qui en ce moment est en droit, non seulement de convoquer la réunion ordinaire et même extraordinaire du BN, de présider la réunion extraordinaire du BN mais aussi de conduire les assises. C’est ce que nous avons fait pour garder toute la légalité possible du congrès. Et aujourd’hui, moi avec tout le quorum que nous avons atteint, tout le Mali était là, toutes les régions, toutes les sections sont venues. Cela veut dire que nous disposons aujourd’hui de la légitimité populaire de 85% du parti. J’en suis fier pour avoir conduit toute cette opération. En réalité, c’est très simple ce qui nous oppose. Pour nous, il est trop tôt de sortir des candidatures. C’est ce qui nous pose aujourd’hui des problèmes. Si nous nous en tenons aux candidatures et qu’on veut trouver aujourd’hui un candidat, le parti va se déchirer pour rien. On ne sait pas encore, quand est-ce que les élections auront lieu. Quand le président lançait l’appel à candidature, les Assises étaient annoncées par les autorités de la Transition.  Et ce sont les Assises qui devraient fixer la période de l’élection présidentielle. Et jusqu’au jour d’aujourd’hui, cette question n’est pas tranchée. Donc, à quoi bon de vouloir coûter que coûte aujourd’hui sortir un candidat aux présidentielles pour le parti, nous disons non ! il faut attendre. Il faut qu’on conforter le parti, il faut qu’on le redynamise. Le cas Boubou est en fait un faux problème parce que nous disons qu’il faut attendre pour la sortie d’un candidat. L’histoire Boubou est posée pour pouvoir créer encore de la dissension. Mais, Boubou à la latitude de se présenter. Qu’il soit pris ou pas, cela n’est pas notre problème. Personne ne peut empêcher à Boubou d’être le candidat du parti où les anciens et les nouveaux militants disposent du même droit et devoir.

Tenir un congrès dans la division, n’est-il pas une seconde mort pour Soumaila Cissé ?

Pas du tout ! Pour la simple raison que nous disposons aujourd’hui, non seulement de la légitimité mais surtout la légalité pour faire un congrès extraordinaire avec un seul point inscrit à l’ordre du jour. Lors de ce congrès, il s’agissait tout simplement de remplacer Soumaila Cissé qui fut, depuis la création du parti le candidat incontesté. Soumaila était un homme de valeur, un homme qui avait des principes, qui bénéficiait de la confiance de la grande famille de l’URD. Il est décédé il y a plus d’un an. Celui qui doit le remplacer, qu’il soit bon ou mauvais, si les militants réclament que nous donnions plus de légitimité au président du parti, je ne vois pas où est le mal. Il était loisible que celui qui assure aujourd’hui l’intérim en tant premier vice-président puisse se présenter pour avoir la légitimité du parti. Mais si par ailleurs, d’autres veulent qu’on le remplace, vous dites non. Il veut finir le mandat de Soumaila Cissé jusqu’en 2023 par ce que le congrès du parti est prévu pour cette date. Donc c’est tout à fait normal d’aller à ce congrès extraordinaire dans la mesure où les militants veulent aujourd’hui un président du parti. Ce qui a fait qu’on a organisé le congrès sur un seul point inscrit à l’ordre du jour, le remplacement du président du parti.

Nous ne pensons pas que cela soit une seconde mort. Au contraire, cela va conforter le parti pour faire face aux élections à venir. Nous avons demandé qu’au lieu de se disperser dans les querelles de candidature, d’essayer de renforcer le parti en cherchant d’autres alliés que ce soit dans les organisations de la société civile, les associations et même d’autres partis politiques pour la simple raison qu’aucun parti politique ne peut gagner les élections seul. Nous sommes un parti organisé, donc nous avons besoin de nous renforcer. Cela se prépare dans l’union et non dans la division. Dans cette situation avec un président par intérim, il y a beaucoup d’autres partis politiques qui hésitent à venir vers nous. Et malheureusement, on ne va pas à l’essentiel, le renforcement du parti. C’est pourquoi depuis le décès de Soumaila, c’est seulement le parti   de Mamadou Igor Diarra et celui de Hamed Sow qui nous ont rejoints. Pour Oumar Ibrahim Touré de l’APR, c’est en stade de négociation. Malheureusement, face à la situation actuelle du pays, il hésite de venir.

Donc, on n’a pas besoin aujourd’hui de rester dans cette situation. Il faut qu’on ait un président de parti et qu’il soit uni.  Après ce congrès de redressement, il n’y a qu’une seule priorité. C’est aller vers tous nos camarades qui veulent qu’on reste dans cette situation jusqu’en 2023. Maintenant qu’on a fait le congrès extraordinaire et le parti dispose désormais d’un président, nous avons la légalité et la légitimité. C’est la règle du jeu démocratique qu’il faut respecter.  Il s’agit pour nous de leur faire comprendre que nous n’avons autre objectif que le renforcement et la construction du parti. Et je pense bien, ils vont nous rejoindre pour construire la grande famille de l’URD et nous tendons la main à tout le monde. Une chose est sûre, certains seront là. Malheureusement, certains sont dans la manipulation. On tente de faire croire aux militants que tout est illégal et ont a mené notre combat à un problème de Boubou Cissé. Mais quand ils comprendront que nous sommes dans une démarche pour le renforcement du parti, ils viendront.     C’est la seule façon pour nous d’honorer la mémoire du père fondateur de notre formation politique, feu Soumaila Cissé

Quel avenir pour l’URD minée par des guerres de positionnement ?

L’avenir pour le parti, je n’ai   aucun doute par rapport à l’engagement des militants de l’URD. Aujourd’hui nous sommes dans une transition, l’URD a été un acteur majeur dans l’avènement de cette transition. Donc nous la soutenons et le parti condamne les sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa contre le Mali. Nous sommes en train de nous battre pour le pays pour une certaine stabilité. Pendant ce temps, l’URD va se préparer comme les autres partis politiques. Nous ferons face aux échéances futures avec beaucoup de vivacité. Nous pensons que notre chance est là.

Propos recueillis par Nouhoum DICKO

 

Source: L’Alerte