Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, la Fédération des Organisations de la Résistance Civile (FORCE) a exprimé toutes ses inquiétudes sur la situation qui prévaut à Gao, notamment la question du découpage territorial qui fait polémique dans la région.

La situation à Gao n’est pas rose. Elle est dure et même très dure. Comme si le problème sécuritaire ne diffusait pas, le gouvernement vient de créer un autre problème plus grave avec son projet de redécoupage territorial qui, en réalité, est loin d’être inclusif. C’est cette vérité que la Fédération des Organisations de la Résistance Civile (FORCE) a craché au président IBK dans sa lettre ouverte. « Aujourd’hui l’heure est grave car les regards s’assombrissent, face à l’état de l’Etat dans lequel nos communautés s’apprêtent à servir un Dieu qui n’est pas le leur », écrit la FORCE et ajoute : « Et au-delà de tous ces regards, loin des superstitions sociales, des chaînes s’élèvent dans les airs… Objectif : nous entraver et nous livrer aux pires des supplices pour satisfaire des folies ».

Cette fédération estime qu’il y a les folies contre les Hommes paisibles, contre les Hommes de liberté, contre nos pères et mères, encore et toujours folies contre tout et rien. « Paradoxalement, c’est au nom de notre sérénité que toutes ces folies portent le nom de guerre. Peu importe les terminologies, qu’elles soient idéologiques, religieuses ou raciales », explique la FORCE à IBK.

La FORCE de Soumana Amadou Maïga a aussi rappelé toute la bravoure de la population de Gao qui avait sauvé l’unité territoriale du Mali en 2012.

Aussi, rappelle la Fédération des Organisations de la Résistance Civile (FORCE), les efforts des populations ont permis la tenue de la première conférence internationale sur le Mali à Bamako afin d’apporter la vraie sérénité à notre peuple.

« Pour revenir au désenchantement du Peuple, entre autres, la persistance du sentiment séparatiste, qui s’est cristallisé dans les premiers termes de l’Accord pour la paix dit d’Alger signé à Bamako, à travers le vocable Azawad ; le rempart érigé contre l’inclusivité par certains partenaires nationaux et internationaux à travers des agendas personnels et personnifiés ; l’exclusion des femmes ; des jeunes ; de la résistance civile et de la société civile d’une part », dénonce-t-elle. Et d’ajouter que, d’autre part, la nomination et la promotion de certains « gangsters, narcotrafiquants, narco djihadistes », qui, quand ça leur chante ou pour défendre des prébendes, minent et fomentent des attentats contre le fondement de l’Etat. L’ironie, selon la FORCE, c’est lorsque ces « gangsters » dont certains se disent conseillers à la Présidence, se radicalisent, pour enfin, finir par se trahir à travers des désertions en pleine bataille. Des fanatiques qui clament un « musulmanistan » au Mali, d’où la réelle frustration de ce Peuple que vous chérissez tant. « D’ailleurs, n’est-ce pas vous qui dites : “Nous fumes, lorsque beaucoup n’étaient pas” en parlant de ce même Peuple ? », interroge-t-elle le président IBK.

Pour ces acteurs de la société civile de Gao, on ne pas redonner espoir aux communautés sans leur participation effective à la mise en œuvre de l’Accord.

La Fédération estime que le cumul de prérogatives par un seul individu qui ne milite pas en faveur du principe d’inclusivité, est un réel frein au niveau de l’Accord lui-même. Ce n’est pas tout, la FORCE estime que les structures de mise en œuvre de l’Accord sont devenues des maisons de retraite pour des cadres, dont le parcours constitue les germes de l’effondrement de l’Etat.

Le redécoupage administratif, la bombe à fragmentation

La Fédération des Organisations de la Résistance Civile (FORCE) dit tout haut à IBK ce que beaucoup pensent tout bas concernant le redécoupage territorial. Ce projet très contesté divise les Maliens et crée la haine entre les communautés. « Actuellement, la bombe à fragmentation larguée sur notre pays, par des experts en génocides, se trouve être le découpage territorial », a précisé la FORCE dans sa lettre au 1er magistrat. Selon elle, ce découpage est l’expression d’un ethnocentrisme masqué, soutenu par l’instinct clanique. « Donc, l’heure est grave. L’heure est grave car le gouvernant nommé s’évertue à grossir le capital des autres, en bradant des zones dites franches, juste pour servir l’autre au détriment du Peuple et de son Gouvernant élu », a-t-elle martelé.

La FORCE de M. Maiga estime qu’elle n’a pas, malgré toutes ces dérives, perdu espoir car le Peuple du Mali est organisateur, bâtisseur, fraternisant avec l’héroïsme pour transformer le groupe et la société, de l’état de nature à celui de la coopération.

Elle a, enfin, invité le président de la République à prendre leurs préoccupations en compte. « Monsieur le Président de la République du Mali, veuillez apprécier l’esprit de notre dévouement à l’Appel du Mali », a-t-elle conclu.

Boureima Guindo

Source: Le Pays