Le tout-premier contingent de l’armée en voie de « reconstitution  » comme stipulé par l’accord pour la paix de juin 2015 a à peine pris pied dans son camp kidalois, le jeudi 13 février, en début de soirée, qu’une déferlante terroriste s’est abattue sur des détachements des FAMA dans deux localités de Gao (Bentia et Ouatagouna avec 18 tués) et une localité de Mopti (Mondoro, un mort). Ces attaques ont fait aussi de nombreux blessés et des dégâts matériels considérables.

La localité martyre d’Ogossagou (174 personnes y avaient été massacrées en mars 2019) également dans la région de Mopti, en a fait les frais avec cette fois-ci 31 civils assassinés, selon le bilan officiel, 54 d’après d’autres sources.

De forts soupçons pèsent, en effet, sur l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) dont la région gaoise est la zone de prédilection et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ( GSIM) qui sévit surtout dans le centre du Mali à travers la katiba Ançar Dine Macina du prédicateur illuminé Amadou Koufa. Sa folle ambition de ressusciter l’empire musulman peul du Macina est à l’origine de la dérivation du traditionnel conflit entre Dogons sédentaires et Peuls nomades en une guerre communautaire sans précédent dans l’histoire millénaire du Mali.

Le message que ces groupes moyenâgeux et obscurantistes ont voulu faire passer par le biais de cette vague meurtrière est limpide comme une eau de roche : ils s’emploieront par tous les moyens à leur portée, y compris la mise à mort à grande échelle de populations civiles innocentes, pour faire échec à la reconstitution des forces armées maliennes et leur déploiement sur l’ensemble du septentrion. Et pour cause : ils savent pertinemment que cette reconstitution et ce déploiement sont destinés certes à instaurer une paix durable voire définitive avec les ex-rebelles kidalois, par-delà à combattre et éradiquer les terroristes qu’ils sont, avec l’appui de la FC G5 Sahel, des forces internationales, notamment françaises et européennes. (Ces dernières étant en gestation).

Les autorités maliennes sont donc averties : la pression sur les FAMA, qui n’a cessé de croitre et de se densifier ces dernières semaines, va s’accentuer davantage avec l’objectif de faire plus de victimes dans leurs rangs.

La population civile non plus ne sera pas épargnée. Les terroristes ont conscience que plus ils tueront en son sein, plus ils attiseront la haine communautaire, fragiliseront le tissu national et se rapprocheront de leur funeste dessein de morcellement du centre en émirats pauvres et asservis.

L’autre message, inscrit en filigrane, est qu’ils n’ont cure de l’insensé dialogue concocté par IBK et son Haut Représentant pour le Centre, Dioncounda Traoré. Eux, ils ont une vision claire et s’appliquent à la matérialiser : instaurer l’Etat islamique. A nos hauts dirigeants, de leur côté, d’appréhender correctement leur mission et de l’assumer pleinement et avec l’efficacité requise.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant