A peine mis en place que les organes de la transition (président, vice-président, gouvernement) rivalisent en communication. Photo par-ci, photos par-là, des audiences par-ci, des audiences par-là. Les premiers discours fermes et salutaires ont laissé place aux objectifs des caméras!

Le président Bah N’Daw multiplie les apparitions! Toujours la même scène: audience après audience! Ce qui change, les accoutrements: tantôt, son fidèle bazin trois pièces, tantôt de jolis costumes taillés sur mesure et portés par des beaux souliers italiens! L’homme autrefois dit austère commence à s’habituer aux projecteurs et aux délices du pouvoir qui enivrent au point d’oublier les réalités! Aucune mesure concrète depuis le discours d’investiture. Bah N’Daw est relégué au rang de président honorifique.

A la vice-présidence, aucune mesure en vue à part un cabinet pléthorique et budgétivore où des conseillers spéciaux et assistantes s’entasseront sans aucun officier d’état-major. C’est pourtant un bureau chargé des questions sécuritaires. Le vice-président et non moins chef de la junte, colonel Assimi Goïta, adore les photos dans sa tenue de commando.

Au Gouvernement, la situation est pareille. Certains nouveaux ministres sont photo-addicts. Le moindre geste est immortalisé par la caméra: visite privée, prise de contact avec les services rattachés, visite de terrain, audiences, etc. Aucune visite dans le Mali profond, ni pour le PM, encore moins les ministres. Difficile de tâter les réalités à ce rythme.

Photo, la star de la transition

La photo et les caméras sont les principales stars de la transition. Chacun veut montrer qu’il s’active à la tâche alors que les Maliens veulent voir le résultat de ce qu’ils font. Il est certes trop tôt pour juger, mais le départ ne présage rien de concret. La photo et les caméras sont certes des instruments de communication, mais ils doivent contenir des faits qui touchent au quotidien des Maliens. C’est bien de communiquer, mais faudrait que cela soit soutenu par du concret. Le régime précédent excellait dans les discours qui ne sont ni visibles ni palpables. Celui-ci est le régime des photos: elle est visible, mais pas palpable. Si la photo est présente partout, les grands absents sont les résultats. Viendront-ils après ? Une sagesse bambara nous enseigne que « la belle nuit s’annonce dès le crépuscule ».

M. Assory

Source: le democratre Mali