Il n’aura pas fallu attendre des lustres pour qu’un temps maussade s’abatte sur les relations qui sont à mille lieues d’une véritable lune de miel avec flèches de Cupidon et floraison romantique à l’appui, entre le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA et certains de ses compagnons de lutte d’hier. En maniant le subliminal et l’allusif, dans un martèlement anaphorique de critiques acerbes, pour les uns, et en optant pour les invectives, pour les autres, le constat est d’évidence que leur connivence politique bat de l’aile et que chacun s’en délivre désormais de la pire des manières. Parce que le timing est cynique et fourbe pour un divorce médiatique retentissant.

En effet, pendant que le pays est confronté à des épreuves rédhibitoires, qu’il est mitraillé, à l’extérieur, pour avoir réaffirmé son libre choix de ses partenaires sécuritaires en tant que pays souverain, mais également, à l’intérieur, où des psychopathes jihadistes sont engagés dans une véritable défiance de l’ordre républicain en repoussant chaque jour un peu plus les frontières de la terreur aveugle, il était attendu de se battre pied à pied pour sauver la patrie en danger.
En dépeignant un profil coupable idéal du Premier ministre accusé de chronophagie pour ce qui est du délai de la Transition, en s’enlisant dans des vaines querelles de personnes, en retrouvant les délices des complots byzantins, en se plaçant de ce fait dans le rôle de la mouche du coche, difficile de résister à la tentation d’affirmer que l’affichage œcuménique tenait de mise en scène, que le combat, pour certains acteurs et il en existe dans tous les mouvements sociaux politiques, était décorrélé des intérêts vitaux du pays, qu’il y avait quelque part une belle mascarade.
Ainsi, la désillusion des chèques alimentaires jamais tombés fait le lit à un désamour entre anciens compagnons de lutte, des têtes d’affiche politique, dont certains se sentent exclus des dividendes du combat qui a ouvert la voie au Mali Kura. Parce que, dans ce Mali, le cynisme le dispute à l’opportunisme, « les démocrates convaincus et les patriotes sincères », hier comme aujourd’hui, ne voient midi qu’à leur porte.
Que le grognard de la Place de l’indépendance soit devenu héros de la République, c’est un fait dont doivent s’accommoder les egos, y compris les plus surdimensionnés. Parce qu’il est établi que c’est moins la promotion d’un homme bombardé chef du Gouvernement de Transition que le péril qui plane sur l’édifice national lui-même dont il s’agit. Notre environnement est saturé d’imprécateurs.
Dès lors, le timing n’est pas très heureux pour se laisser emporter dans son élan accusatoire. Aussi faudrait-il se garder de donner l’impression que ceux qui se sont mobilisés massivement espérant de bonne foi le changement pour un Mali meilleur n’ont été que de pauvres dindons qui sont allés se faire farcir. Il faudrait se garder de raviver la facette la plus exécrable du divisionnisme, quand l’exemple d’un bloc monolithique entraine les plus sceptiques.
Au demeurant, les articles 22 et 23 de la Constitution dispose respectivement : « La défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen » ; « Tout citoyen doit œuvrer pour le bien commun. Il doit remplir toutes ses obligations civiques et notamment s’acquitter de ses contributions fiscales ».

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin