Face à la presse, le lundi 10 février, le président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsy Coulibaly n’a pas manqué de dénoncer les tares qui minent les services de recouvrement des recettes intérieures. La Douane, qui a mobilisé 555 milliards de FCFA en 2019 pour le trésor public, faisant d’elle le second service pourvoyeur de l’Etat en recettes après les Impôts (919 milliards), n’a pas échappé aux critiques du patron des patrons d’entreprises maliennes.  » La Douane malienne se tape la poitrine avec 500 milliards de FCFA de recettes en 2019. Elle se fout de qui ? Soyons sérieux ! Pour un pays qui vit à 90% des produits importés », a-t-il relevé.

 

Connu pour son franc-parler, son engagement inlassable à dénoncer les cas de corruption et toutes les pratiques qui entravent la bonne marche du secteur privé malien, le président du patronat s’est attaqué, cette fois-ci, à la fiscalité. Selon lui, le système fiscal malien met  » trop de pression sur une minorité d’entreprises, soit environ 20% qui supportent les 100% des recettes fiscales « .

S’il est convaincu que l’Etat a besoin des ressources pour faire face à ses engagements, Mamadou Sinsy Coulibaly pense qu’il faut réaliser le pari d’un élargissement de l’assiette fiscale avec, par exemple, la taxation du foncier et de l’immobilier et surtout la numérisation du système de collecte des recettes des Impôts et de la Douane.

Sans cette numérisation, ditil, les Inspecteurs des impôts en charge de la collecte se permettent une interprétation tendancieuse du Code Général des Impôts.

Au niveau de la Douane, il dira que  » grâce à la numérisation, la Douane ivoirienne a collecté 1932 milliards de FCFA en 2019, soit le budget du Mali, alors que la Côte d’Ivoire produit presque tout chez elle. Et, pour cette année, elle table sur 2000 milliards de FCFA de recettes douanières, en s’appuyant sur la numérisation. Alors que l’économie malienne, contrairement à celle de la Côte d’Ivoire, est basée sur l’importation de plus de 90% de ce que nous consommons. Et les douaniers maliens se tapent la poitrine qu’ils ont fait 500 milliards de FCFA de recettes en 2019. Ils se foutent de qui ? Soyons sérieux ! « .

Si, aujourd’hui, les recettes douanières sont à 555 milliards de FCFA, il faut reconnaitre qu’elles peuvent aller largement au-delà de ce montant vu le potentiel d’importation de notre pays.

Pour cela, il faut minimiser les cas de fraudes et d’évasion de recettes très fréquents dans ce milieu. Le patron du CNPM de renchérir :  » L’Etat perd plus de 10 milliards de FCFA par mois au cordon douanier dans l’importation des hydrocarbures à cause d’un secteur informel délictuel ». Ce secteur informel délictuel se rencontre, outre dans les produits pétroliers, le foncier, le bazin, le groupage.

Ainsi, alors qu’ils font des milliards de FCFA de chiffres d’affaires par an, ces opérateurs économiques sont encore sous l’Impôt Synthétique grâce à des complicités.

En tout cas, pour Mamadou Sinsy Coulibaly,  » l’Etat malien a besoin de s’appuyer sur le secteur privé malien pour mieux gérer les finances publiques, à travers une délégation de gestion dans le cadre du Partenariat Public/Privé (PPP). Il peut déléguer certains volets de la gestion des impôts aux privés comme c’est le cas dans d’autres pays ». Et de conclure :  » Celui qui investit a pris un risque et il mérite d’être soutenu. Donc, soutenons le secteur privé malien ».

YC

Source : l’Indépendant