Les résultats définitifs des législatives du 29 mars 2020 ont été proclamés courant mai par la Cour constitutionnelle présidée par Manassa Danioko, celle-là même qui avait en 1992, jugé avec brio Moussa Traoré et son clan. Il semble selon la presse écrite et parlée qu’elle fut moins brillante que lors de ce procès historique et qu’elle mélangea les pédales comme un néophyte en la matière, prenant des ciseaux pour invalider les uns et faisant le contraire pour les autres.

Quoi qu’il en fût, la Cour constitutionnelle étant une institution aussi puissante que Koulouba, l’Assemblée nationale fut installée et procéda le 11 mai à l’élection de son président. Mais la puissance de la cour n’est que relative, vu le mode de désignation de ses membres qui la met aux ordres de l’exécutif. Le RPM, partit favori non seulement pour la compétition électorale mais également pour la présidence de l’AN. Vu le fonctionnement de nos institutions entaché de liens de parenté et de camaraderie, la Cour ne fit qu’obéir aux ordres de son mentor qui lui dicta sa volonté de choisir tel candidat au détriment de tel autre , faisant de l’AN la caisse de résonnance du régime. Par ce jeu, arriva au Perchoir un candidat repêché par Manassa Danioko pour faire plaisir au clan présidentiel. De la même manière, il n’est pas interdit de penser qu’en raison des alliances mal ficelées, il y eut plus de députés nommés que de députés réellement élus, la plupart des candidats ayant leur entrée à Koulouba.

Mais l’élection de mars 2020 resta marquée par le fâcheux pied de nez fait au peuple par les partis et regroupements de partis politiques. Des gens qui hier encore s’insultaient publiquement, se trainaient dans les caniveaux sont subitement devenus amis et copains comme si les divergences qui les opposaient étaient sans objet. Depuis 2002, la démocratie au Mali est sortie du cadre républicain par les fourvoiements des responsables politiques qui changent de position comme ils portent leurs habits. Tout cela au nom des intérêts prétendument supérieurs du peuple pour éviter de nommer leurs propres intérêts personnels égoïstes. Seuls les partis minoritaires ont perdu du champ dans cette compétition comme d’habitude. N’ayant pas de poids financier, même avec un programme de gouvernement savamment élaboré, les poids lourds de la scène politique leur ont refusé toute alliance, les confinant ainsi dans un rôle de figurant qu’ils ne méritent pas. De plus en plus, comme au temps d’ATT, les affaires publiques de ce pays se gèrent dans une même famille par un seul clan et ses alliés de la veille et du lendemain comme en France en 1803 quand Napoléon n’était encore que le Ier Consul et qui déclara selon, Chateaubriand dans “Mémoires d’Outre-tombe” à ses parents : “Elevez-vous ! Celui qui ne montera pas avec moi restera à jamais à terre”.

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)

Mali Tribune