Après l’annulation de l’autorisation du lancement de son mouvement ” Plateforme pour le changement ” au Stade du 26 mars, Moussa Sinko Coulibaly l’a finalement fait devant des milliers de militants le samedi 20 janvier, sur le terrain municipal de la commune VI. Très serein et très rassuré, il a dressé un tableau très sombre de la gouvernance IBK et a invité les Maliens à mettre fin au régime IBK à l’occasion de la présidentielle de 2018.

Le désormais ex-général de l’armée malienne, Moussa Sinko Coulibaly, n’a pas cessé de remercier le maire de la commune VI, Alou Coulibaly, pour avoir autorisé la tenue de cette cérémonie en commune VI du district de Bamako, lorsque les forces qui ne veulent pas le changement s’étaient opposées au lancement des activités de son mouvement au Stade du 26 mars en annulant l’autorisation. “Cela ne nous a pas découragés car nous sommes plus de 60 000 personnes à être présents à cette cérémonie pour porter le message du changement. Je sais que rien ne va vous décourager. Je sais que rien ne va vous arrêter. Je sais que la victoire finale est sûre car le président IBK et son gouvernement ne seront plus aux affaires au mois de septembre prochain. Nous avons décidé de réunir tout le Mali et rien ne va nous arrêter. C’est pour cela que toutes les sensibilités de notre pays, de Kayes à Kidal, sont présentes à ce lancement “, a-t-il rassuré.

Il a saisi l’occasion pour inviter l’assistance à observer une minute de silence en hommage à toutes les victimes maliennes et étrangères du fait de la crise malienne. “Nous avons observé ces moments de silence en mémoire également de toutes les victimes du président IBK car en 2017 ce régime a laissé mourir des centaines de Maliens faute de soins pendant 45 jours de grève des agents de la santé. Ce régime a décidé de fermer les hôpitaux du Mali parce que ses ténors ainsi que les membres de leur famille n’ont pas besoin de se faire soigner dans ces établissements. Nous qui avons besoin de nous soigner dans ce pays, nous pouvons mourir ici faute de soins”, a-t-il déploré.

Les écoles fermées dans le nord et le centre du pays

Évoquant la question de l’éducation, il dira que les jeunes Maliens savent les difficultés dans lesquelles ils vont à l’école parce qu’elle a été transformée en un ” véritable champ de bataille “. Avant d’émettre son vœu d’une école pour tous au Mali. ” Les écoles sont fermées dans plusieurs localités du nord et du centre de notre pays depuis trois voire quatre ans de règne du président Keïta et son régime”, a ajouté le porte-étendard de la Plateforme pour le changement.

De sa lecture, la santé et l’éducation ne sont pas le souci du régime IBK parce que son seul souci c’est de surfacturer et de pouvoir voyager à travers le monde. “Ainsi, vous ne saurez jamais le prix de l’avion acheté par le président IBK. Quand IBK a acheté son avion, le seul pays qu’il devrait visiter et qu’il n’a pas encore visité c’est le Mali. Il a fait le tour du monde, mais il n’a pas visité les différentes capitales régionales du Mali. Ce n’est pas son souci d’aller visiter le Mali”, a-t-il martelé.

Pour Moussa Sinko Coulibaly, au lieu de s’occuper de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, le régime de IBK n’a fait qu’utiliser l’armée comme un moyen de vider les caisses de l’État. Ainsi, dit-il, tous les marchés de l’armée sans exception ont été surfacturés. “Au lieu d’équiper l’armée et former les militaires, nous n’avons eu droit qu’aux discours creux et vides de sens”.

Par rapport au monde paysan, il a indiqué que les paysans qui ont voté massivement pour le président de la République en 2013 n’ont eu comme récompense que d’être fournis en engrais frelatés après avoir payé de l’argent en lieu et place des bons produits. “Ce qui fait qu’aujourd’hui nos paysans, au lieu de vivre de leur travail, n’ont pas à manger et ils ont été réduits à la mendicité”, a-t-il renchéri.

Dans son réquisitoire, il a déclaré que les commerçants détaillants de Bamako qui se réveillent tous les matins, avec comme seul souci gagner leur pain quotidien, ont assisté impuissamment à la destruction de leurs kiosques et lieux de travail en les réduisant au chômage.

À le croire, le combat pour le changement est nécessaire parce que c’est un combat noble et utile pour redonner l’espoir au peuple malien. Selon lui, ce combat ne s’arrêtera que lorsque la Plateforme pour le changement gagnera les élections au mois de juillet prochain. Et de poursuivre qu’au Mali, il y a une justice pour les amis, une justice pour la famille, une justice pour les bons criminels et une justice pour les bons terroristes. “Nous voulons une justice pour tous pour que tout le monde soit traité sur le même pied d’égalité. Nous ne pensons pas qu’il y ait un bon criminel ou un bon terroriste car soit nous sommes un terroriste soit nous ne le sommes pas”, a-t-il souligné.

À ses dires, tout cela est arrivé pendant les quatre premières années du régime IBK. Selon lui, après l’élection présidentielle de 2013, les Maliens pensaient qu’un nouveau Mali était devant eux et que c’en était fini avec la crise. “Hélas ! Aujourd’hui après avoir signé un accord de paix, le gouvernement malien se montre incapable de le mettre en œuvre. Il est même devenu presque difficile de vivre au Mali et de s’afficher comme Malien hors du Mali. Nous avons été suspendus des grandes institutions internationales parce que nous n’arrivons pas à assumer nos obligations envers ces institutions”, a laissé entendre l’ex-général de l’armée malienne.

De son point de vue, les Maliens ne se sont pas trompés en 2013 en élisant IBK à la tête de l’État, mais plutôt ils ont été trahis par le régime IBK. “La confiance que vous avez placée en ce régime a été trahie. Nous sommes ici aujourd’hui pour essayer de reconstruire le Mali, unir les enfants de ce pays, apporter la paix et renforcer la sécurité dans ce pays. Comment allons-nous le faire ? La présence de toutes les communautés du Mali à cette cérémonie répond parfaitement à cette interrogation”, a-t-il dit.

Aux dires de l’ancien ministre en charge des élections, son organisation ne fera pas de distinction entre les communautés, les religions, les partis politiques, les associations. Ainsi, il a invité tous les Maliens qui veulent une vraie éducation, un système de santé performant et une paix durable au Mali, à rejoindre la Plateforme pour le changement afin d’amorcer le vrai développement de notre pays. “Ce mouvement est ouvert à tout le monde, il n’y aura pas de militant de première heure ni de deuxième heure, encore moins de vingt-cinquième heure. Tout le monde est la bienvenue dans ce mouvement. Il appartient à tous ceux qui veulent le changement dans ce pays et à tous ceux qui disent que nous sommes dans une crise qu’une partie de la solution ne dépend que de nous”, a-t-il affirmé.

Il a mis l’occasion à profit pour expliquer que les Maliens ont une partie de la solution. À ce titre, ils doivent faire en sorte que la paix puisse régner au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. “Nous voulons une armée réformée et restructurée qui pourrait permettre à nos populations de dormir. Nous voulons que nos enfants aillent à l’école pour apprendre. Nous ne voulons plus distribuer de l’engrais frelaté à nos paysans. Nous voulons que nos commerçants et nos industriels puissent travailler sans chantage et sans intimidation“, a souhaité le porte-étendard de la Plateforme.

Le régime IBK n’a rien apporté aux Maliens

À l’entendre, le Mali a besoin de tous les acteurs qui aspirent au changement pour faire partir l’actuel régime lors de l’élection présidentielle de juillet prochain. “Cette équipe a échoué sur toute la ligne. Nous avons demandé au président Keïta de se réveiller au propre comme au figuré afin qu’il comprenne qu’il n’est plus une solution pour la crise malienne. Et d’ailleurs, nous ne sommes pas sûrs s’il a déjà été une solution pour le Mali. Ce régime n’a rien apporté aux Maliens, mais nous allons tout reconstruire et faire du Mali un très beau pays. Nous avons la solution pour le Mali. Plus personne ne va trahir ce peuple-là encore”, a-t-il fait savoir.

Et d’exhorter les Maliens à la patience pendant les cinq petits mois car les Maliens ont souffert pendant quatre années et demi. Ainsi, ajoute-t-il, les Maliens peuvent tenir encore cinq mois afin de commencer à transformer ce pays en écrivant un nouveau chapitre de l’histoire de notre pays.

Par rapport à la candidature de l’actuel président, Moussa Sinko Coulibaly est formel : “Le seul choix qui reste au président IBK et à son régime c’est de démissionner avant la fin de mandat ou de renoncer à se présenter à la présidentielle de 2018. Si jamais il ne tenait pas compte de ces conseils, à l’élection du mois de juillet, il n’aura que ces quarante ministres pour voter pour lui car tout le Mali va voter pour le changement. Et d’ailleurs, nous ne sommes pas sûrs si tous ses ministres vont voter pour lui. Le choix de la sagesse pour lui c’est de se rendre compte qu’il ne fait plus partie de la solution et qu’il fait désormais partie du problème”.

Pour finir, il a invité les porteurs du changement à ne pas se décourager et à ne pas désespérer parce que le Mali regorge de potentialités et de ressources pouvant le reconstruire en y apportant la paix, la sécurité. “Cela ne dépend que de nous car en mettant en chantier ce travail de changement, c’est pour être sûr et certain que nous n’allons pas rater le rendez-vous du mois de juillet prochain”, a-t-il conclu.   

  Boubacar PAÏTAO

Source: Aujourd’hui-Mali