De nos jours, à part l’Adema, qui a reconduit son ancien candidat des élections reportées, Mahamadou Doucouré, aucune  autre formation politique, ou candidat indépendant, n’a sorti sa tête de l’eau au niveau de la commune III du district de Bamako, pour les élections législatives du 29 mars prochain. Va-t-on encore assister à l’élection d’un député (illustre inconnu) sur fond de distribution d’argent le jour du scrutin au compte de cette circonscription électorale importante du district de Bamako ?

Certes, il n’y a aucune violation des textes dans le retard de proclamation de candidature pour les législatives, mais cette situation démontre encore, si besoin en était, la légèreté avec laquelle, les grands enjeux politiques sont traités dans cette commune importante du district de Bamako.

Nul besoin de le rappeler, la Commune III, est l’épicentre de l’histoire politique de la République du Mali et constitue l’une des plus importantes communes du district de Bamako. Elle est la commune qui abrite le siège du palais présidentiel, des sièges de toutes les formations politiques qui ont marqué l’histoire du Mali.  Au-delà de cette particularité vis-à-vis des autres communes, la commune III au fil des années  est devenue une commune ou la chose politique a été reléguée au second plan. Elle enregistre les taux les plus faibles en termes de participation aux devoirs citoyens et politiques et même de représentativité dans les instances de décision. Son électorat, composé en majeur partie de sa jeunesse est dédié au suivisme et à l’achat de sa voix lors des joutes électorales. C’est pourquoi, il n’est pas rare de voir des ‘’illustres inconnus’’, souvent sans ancrage sérieux dans les 23 quartiers de cette commune, venir se faire élire à la surprise générale lors des grandes élections, dont celles des législatives.

Pour rappel, cela fut le cas lors de plusieurs scrutins, dont celui de 2013, où le candidat du RPM, Kalilou Ouattara, à la grande surprise de tout le monde a gagné son  ticket à l’hémicycle.  Pourtant, M.Ouattara, un natif de la 3ème région était un homme méconnu de la commune. Sa seule chance a été le fait d’avoir pu se présenter sous les couleurs du RPM.

A part des bavardages inutiles à l’Assemblée Nationale et souvent des prises de position contre certaines ethnies du pays, le député Ouattara, n’a presque jamais été en contact avec  les populations pour faire des compte rendus encore moins s’enquérir de leurs préoccupations. Comme pour démontrer, qu’il n’est animé d’aucune conviction politique, l’honorable Ouattara, a décidé de tourner dos à ses amis du RPM en plein mandat pour regagner le parti du beau-père de son fils.

Pour convaincre que la commune III est la chasse gardée des aventuriers politiques, il sied de rappeler que le député Ouatara a succédé à une autre ‘’fabrication politique’’ du régime d’ATT, bombardée à l’hémicycle au COMPTE de la CIII. Il s’agit de Mme Touré Safiatou Traoré, élue sous les couleurs du PCR, qu’elle abandonnera en plein mandat pour intégrer d’autres formations politiques (qui chantaient le PDES) avant de créer son propre parti le SYNUMA, actuellement membre de l’EPM (mouvance présidentielle).

Déficit de candidats sérieux ou stratégie de guichet automatique le jour du scrutin ?

Comme si les différentes formations politiques n’accordent aucune importance à l’électorat de cette commune, elles ne s’empressent point à enclencher des empoignades dans la désignation de leur porte étendard au compte du scrutin du 29 mars prochain.

Cependant, même s’il s’avère que la chose politique est piétinée dans cette commune, deux partis se disputent le taux de meilleure implantation en son sein, à savoir l’ADEMA-PASJ et le RPM. Ils sont talonnés souvent par l’URD, l’UDD, le CNID, le PARENA et maintenant l’ASMA et d’autres partis mieux nantis.

« Nous avons décidé dans la sérénité la plus totale de reconduire notre ancien candidat des législatives annulées », nous a indiqué un responsable de l’Adema PASJ. Ce candidat, selon notre interlocuteur n’est autre qu’un certain Mamadou Doucouré, natif de Bamako Coura Bolibana, ancien cadre de la CMDT.

Si du coté de l’ADEMA, en raison de la situation difficile dans laquelle sa tête de proue est plongée (le Maire du district, Adama Sangaré), on joue à la cohésion, du coté du RPM et des autres formations politiques, le déficit de candidat ‘’capable’’ se pose avec acuité.

En outre, dans les causeries de grins et rumeurs dans les QG des partis politiques, on cite beaucoup le nom de Kader Sidibé (trois fois maire de cette commune) comme candidat sous les couleurs de la CODEM. L’homme jouit d’une grande notoriété.

Au compte du RPM, les regards sont beaucoup plus tournés sur le seul expérimenté de leur section, l’ancien député Bomboté. En ce qui concerne, l’URD, ce parti se propose de sortir le nom de son candidat lors de sa conférence d’investiture de cette semaine (jeudi, selon certaines sources).

Au niveau du parti de l’oiseau blanc (l’UDD), l’enfant de Niomirambougou, le jeune Dr Gerard Mandié, Dembélé est fortement pressenti.

En tout état de cause, pour l’instant rien n’est encore précis en Commune III. La population vaque à ses affaires, les politiques misent sur la stratégie de mobilisation de gros sous pour procéder à l’achat des voix le jour du scrutin.

Au rythme où se présente l’atmosphère actuelle qui prévaut au sein de landerneau politique de cette commune, il n’est pas à exclure qu’un illustre inconnu occupe son seul fauteuil au niveau de l’Assemblée Nationale. A condition qu’il distribue de l’argent comme un guichet automatique le jour du scrutin.

Par Moïse Keïta

 

Le Sursaut