A quand, en Afrique, l’avènement d’une véritable démocratie, apaisée ? C’est l’interrogation à laquelle est parvenu Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France, à l’issue d’une analyse de la situation politique en Afrique, surtout, lors des crises nées des élections, en partant des cas du Mali et du Zimbabwe.

Quand des élections se déroulent en Afrique, un mot émerge généralement à l’esprit : chienlit (désordre). Nous y sommes accoutumés. C’est, encore une fois le cas, aujourd’hui, au Mali et au Zimbabwe. On crie à la fraude ; on conteste le résultat dans la rue. Au Zimbabwe, l’armée tire dans la foule. Tuant le peuple pour lequel on se bat pour accéder au pouvoir. Sauf miracle, on assistera au même psychodrame en RD Congo, lors des élections prévues en décembre prochain.

Ces deux élections, avec celles prochaines en RD Congo, vont clôturer « l’année politique africaine 2018 ». Elles ont lieu, presqu’au même moment. Pour le Mali, une présidentielle à deux tours entre le 29 juillet et le 12 août, et au Zimbabwe, des élections générales, à la fois législatives et présidentielles, également à deux tours, entre le 30 juillet et le 8 septembre. Le deuxième tour n’aura pas lieu, à la suite de la victoire totale de Mnangagwa, au premier tour.

Au Zimbabwe, les dés sont donc déjà jetés. La Zanu-PF, au départ, mouvement de libération devenu parti politique, aux accents d’un « Parti-Etat », a raflé toutes les mises. Aussi bien au niveau des législatives que de la présidentielle. C’est Emmerson Mnangagwa, que le quotidien Ouest-France a qualifié de « clone de Mugabe », qui l’aurait emporté, à la présidentielle. Avec 50,8 % des suffrages, contre 44,3 % des voix récoltées par le jeune Nelson Chamisa du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

Pouvait-il en être autrement quand on sait qu’en matière d’élections, la règle est simple, en Afrique : le nom du pays doit se confondre – non pour une raison de clause de style, mais en réalité sociologique – avec celui du satrape. Autrement dit, une continuation indéfinie au pouvoir que le penseur camerounais, Achille Mbembe, appelle « système de chefferie masquée ». En Occident : monarchie de droit divin.

Le combat « des mêmes contre les mêmes »

Voilà pourquoi les régimes dictatoriaux ne lâchent rien, et face au moindre mouvement susceptible de menacer leur pouvoir, ils n’hésitent pas à ordonner le massacre de leur peuple. Voilà pourquoi on a tué au Zimabwe, car Emmerson Mnangagwa est un alter ego de l’autocrate Robert Mugabe. Ce dernier est resté au pouvoir pendant 38 ans, grâce à un amalgame de fonctionnement entre l’armée et le parti Zanu-PF, ancienne armée de libération. C’est la même confusion juridique qui vient d’installer Mnangagwa aux commandes du pays.

Si le contexte politique est différent, au Mali, la perception du pouvoir est à loger à la même enseigne africaine : « chefferie masquée ». Bilan ou pas bilan. Peu importe. Le pouvoir doit rester en place. Les présidents africains ont moqué la décision d’un François Hollande de quitter l’Elysée sans avoir engagé un bras de fer. On a ainsi entendu parler, au Mali, du désir velléitaire de modifier la Constitution. Comme partout ailleurs. La pérennisation du pouvoir en restait le but déclaré ou caché. L’opposition est vent debout contre le résultat du premier tour. On chahute.  On manifeste. La Cour Constitutionnelle est sollicitée, à travers un recours déposé par 17 partis …

C’est cela les vraies élections à l’africaine. Tant pour le pouvoir que pour l’opposition, c’est la curée. On voit moins le peuple. Le regard est plutôt tourné vers l’intérêt que procure le pouvoir. Ce combat « des mêmes contre les mêmes » a la même odeur partout en Afrique. En embuscade en RD Congo, les mêmes effluves attendent de se rependre le jour « J ».

A quand, en Afrique, l’avènement d’une véritable démocratie, apaisée ?

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