La Charte de la Transition au Mali a été finalement rendue publique à travers sa publication au Journal Officiel du 1er Octobre 2020, conformément aux desiderata de la CEDEAO.

 

Elle prévoit dans ses principales dispositions, les organes de la Transition, avec notamment le gouvernement de la Transition qui incarnera l’exécutif pendant une période de 18 mois, et le Conseil National de la transition de 121 membres, qui devrait être l’organe législatif représentant les 19 entités nationales aux termes de l’art 13 de la charte de Transition.

Depuis cette date,  il est vrai, le gouvernement de transition dirigé par le premier Ministre Moctar OUANE a été mis en place par « césarienne », et sous la pression de la Cedeao, le principal leader de l’opposition Soumaila Cissé a été libéré par ses ravisseurs, et le blocus de la CEDEAO a été levé, permettant au Mali de retrouver une activité économique normale et de désamorcer la tension qui commençait à monter au sein de la population.

En dehors de ça plus rien. Le conseil national de transition n’a jusqu’à présent pas vu le jour. En effet, sa composition et le mode de désignation inclusif de ses membres, comportent en eux-mêmes les germes d’un blocage pour sa mise en place et son fonctionnement.

Les dissensions notées ici et là au sein des entités et organisations qui sont censées représenter les forces vives au sein du conseil, aux termes de la Charte, restent encore très prononcées.

Le risque est grand de voir un retour en arrière aux anciennes pratiques décriées, avec un exécutif qui va gouverner par ordonnance pour parachever l’agenda des réformes inscrites à sa mission, tout le contraire de ce qui était voulu par les tenants de la contestation qui ont conduit à la chute de Ibrahim Boubacar Keita(IBK).

Gouverner sans eux,  ce serait évidemment dans leur entendement le faire contre eux, et ouvrir la voie à une autre forme de contestation préjudiciable au retour annoncé à la normal dans 18 mois date butoir fixée par la communauté internationale.

En tout cas, c’est ce qui semble ressortir de leurs préoccupations exprimées ou non par les différentes franges du M5 RFP, pour ne citer que celles-là, et qui traduit une certaine impatience pour ne pas dire plus.

Il faut reconnaître que le gouvernement de la transition n’aura pas de période de grâce, il est attendu sur des urgences et pas des moindres et sur un délai relativement très court.

Même s’il a semblé marquer des points notamment avec la libération du principal leader de l’opposition malienne Soumaila Cissé, et réussi à lever le blocus imposé  du 06 au 22 Octobre par un groupe armé autour de Farabougou à 400 Km de Bamako.

Ce fut le premier test de crédibilité pour les membres de la junte militaire, notamment le Colonel Assimi Goita, vice-président de la Transition qui avait dirigé le coup d’état du 18 Août qui a renversé le Président IBK.

La tâche est ardue et le temps presse et la situation sous régionale ajoute à la complexité d’un agenda dont on sait que chacune des composantes en elle même constitue une gageure à cause de facteurs souvent exogènes.

Le rétablissement et le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, un des points cruciaux de la transition, pour ne citer que celui-là, risque d’être hypothéqué par l’environnement conflictogène des voisins, que sont la Guinée et la Côte d’ivoire où tout peut basculer à tout moment, sans compter les poches internes comme Kidal.

Les chantiers de réformes institutionnelles qui vont tracer la voie vers de nouveaux textes organisant la dévolution du pouvoir et l’élection des députés devront être validés par le conseil national de transition, avant leur mise en œuvre. Or, ce dernier n’est pas encore en place.

Que reste -t-il alors de l’agenda de la transition ?  Un équilibre précaire qui justifie peut-être le déplacement à Bamako du ministre français des affaires étrangères Jean Yves Le Drian.

Allafrica.com