Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a réuni samedi des milliers de représentants de partis, de groupes armés et de la société civile pour tenter de trouver des solutions politiques et pas seulement militaires à la crise traversée depuis des années par le pays en guerre contre les jihadistes.

 

L’idée de ce “dialogue national inclusif”, tenu jusqu’au 22 décembre à Bamako, est de dégager une feuille de route politique qui, d’un avis largement partagé, doit aller de pair avec la réponse militaire face à une crise qui n’est pas seulement sécuritaire, mais multiforme: humanitaire, étatique, économique, voire climatique.

Malgré la main tendue, beaucoup ont refusé de venir à un dialogue qu’ils estiment “faussé”.

“Unissons-nous, unissons nos mains pour boucher les trous de la jarre percée”, a déclaré sous les applaudissements le chef de l’Etat devant quelques 3.000 personnes au Palais de la culture.

De larges pans du territoire échappent au contrôle de Bamako. Les attaques jihadistes et crapuleuses sont quotidiennes. Avec les violences intercommunautaires, elles ont fait des milliers de morts depuis le début du conflit en 2012. L’Etat est accusé de faillite devant la multiplicité des problèmes.

Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a refusé l’invitation au dialogue. Il a estimé jeudi que ce dialogue était “de la pure communication politique” et “une mise en scène”.

La plate-forme Anw Ko Mali Drown, qui comprend de nombreux partis, associations et mouvement de la société civile, a également décliné l’offre, arguant d’un manque d’inclusivité dans les travaux préparatoires, lancés il y a plusieurs mois.

“Il y a eu des concertations dans 605 communes sur (les) 703” du Mali, a répondu auprès de l’AFP Cheick Sidi Diarra, président du comité d’organisation du dialogue.

En revanche, les principaux groupes armés touareg qui ont signé l’accord de paix d’Alger en 2015 contre des promesses d’inclusivité et de décentralisation sont présents.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), principal groupement de groupes armés signataires, a indiqué avoir obtenu du gouvernement des assurances. “Nous sommes là parce que nous avons eu la certitude qu’on ne touchera pas à l’accord de paix pendant ce dialogue”, a dit à l’AFP son porte-parole Almou Ag Mohamed.

Devant la lenteur de la mise en oeuvre de l’accord et son inefficacité à rétablir la paix, certains opposants avaient demandé sa révision, ce que les groupes signataires refusent.

Dans les régions du nord du Mali, dont certaines sont sous le contrôle de ces groupes armés signataires, les attaques jihadistes sont récurrentes et l’Etat peu implanté.

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