Il était un parfait inconnu lorsqu’il a pris la tête de la transition, en août 2020. Secret et discret, l’ancien commandant des Forces spéciales s’est engagé dans une épreuve de force sans précédent avec la Cedeao et la France. Est-il prêt à tout pour se maintenir au pouvoir ?

 

C’est le jour du Sacrifice. En cet Aïd-el-Kébir, la foule se presse dans la grande mosquée de Bamako. Partout dans la ville, l’heure est à la fête, et l’humeur des hommes venus se recueillir est badine malgré le déploiement des forces de sécurité : les plus hautes autorités sont en train de prier. Tout à coup, un homme surgit dans le dos d’Assimi Goïta. Il brandit un couteau, tente de l’atteindre à la gorge. Mais c’est à un colonel des forces spéciales qu’il s’en prend, un homme qui a chassé les terroristes dans le Nord, appris à se défaire de l’ennemi, combattu au corps-à-corps. Le militaire esquive. Imperturbable.

ICI À BAMAKO, C’EST GOÏTA QUI COMMANDE. ET IL FAIT CE QU’IL VEUT

Ce n’est pas la première attaque à laquelle le président de la transition échappe. Il le sait déjà : ce ne sera pas la dernière. En quelques instants, ce 20 juillet 2021, l’assaillant est maîtrisé, et la sécurité personnelle du dirigeant malien quadrille les environs de la grande mosquée. « Que Dieu lui donne de la force ! » scandent en bamanankan quelques badauds lorsque Goïta s’éclipse. À son retour au palais de Koulouba, entouré de quelques fidèles, le rescapé relativise. « Cela fait partie du jeu », dit-il, serein. Du jeu ? Mais à quoi joue-t-il ? 

 

Source : Jeune Afrique