Marchera, marchera pas. Le bras de fer entre les forces de l’ordre et les manifestants de ce samedi 2 juin 2018 n’est qu’en réalité la face voilée d’une démonstration de force entre la majorité et l’opposition. Ce, en perspective de la présidentielle de 2018. 

Le samedi 2 juin 2018  a été caractérisé par la dispersion d’une marche de l’opposition interdite par l’administration. Si on dénombre 15 blessés légers du côté des manifestants et 3 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, l’incident du week-end passé contient  des non-dits.

L’opposition qui prétend marcher pour réclamer les élections libres et transparentes en 2018 n’est pas comprise par le gouvernement. Car, au regard des déclarations de l’opposition rejetant une victoire d’Ibrahim Boubacar Keïta, le gouvernement voit en cette marche la mise en œuvre d’une feuille de route visant à huiler une machine de contestation des résultats de l’élection. Ainsi, sachant que la marche est un droit constitutionnel, le gouverneur a argué    l’interdiction de ladite marche par l’Etat d’urgence en cours. Malgré tout, les initiateurs ont maintenu leur manifestation. Bravant ainsi l’autorité de l’Etat. Or, le gouvernement entend rétablir l’autorité de l’Etat. C’est ainsi qu’il a reçu à appliquer la loi.

A analyser cette situation sous un angle politique, on peut affirmer que la peur change de camp. L’équipe de Soumeylou Boubèye Maïga a réussi ce qu’elle devrait faire en s’imposant à l’opposition pour cette première manche. Mettant ainsi la majorité présidentielle face à ses responsabilités de mobilisation.  Cette majorité muette, invisible, incolore et sans saveur qui ne se réveille que trop tard doit mettre à profit ces actions du gouvernement. Pour que la peur change véritablement de camp, il faut une majorité qui s’assume, qui montre sa force, sa vraie force, celle qui aidera le Premier ministre à maintenir l’équilibre. C’est de cela que le gouvernement SBM a besoin aujourd’hui. Car, le gouvernement ne pourra pas avoir raison sur l’opposition tous les temps. Inutile de rappeler que dans sa mission d’arbitrage entre 2 à 3 pôles politiques, le gouvernement a souvent besoin de la majorité débout, engagée, prête à assumer ses responsabilités partout. A cette allure, le combat sera trop difficile si des actions concrètes ne sont pas engagées pour accompagner les immenses œuvres entreprises par le gouvernement.

Oumar KONATE   

La Preuve