« Mr le président, personne ne peut douter, aujourd’hui, de la pertinence de cette révision constitutionnelle. C’est même une priorité. Mais, est-ce la priorité ?
Quand le peuple britannique a murmuré, Theresa May est retournée à l’Union Européenne pour négocier ; quand le peuple français s’est agité, Emmanuel Macron est allé à sa rencontre ; quand le peuple algérien a crié, Bouteflika a écouté ; quand le peuple soudanais s’est manifesté, le président El Béchir a tendu l’oreille. Le peuple malien a fini de crier, de se manifester, il gémit. Ecoutons ses gémissements.


Le peuple malien est fracturé. Il y a une rupture entre l’Etat et les citoyens, rupture entre et à l’intérieur des communautés. Toutes les organisations s’agitent pour réclamer leur part…
Là où je vous parle, il y a au moins 3 villages, qui sont en train de quitter le site qu’ils occupent depuis des siècles. Nous vivons une insécurité grandissante.
Dans ce contexte, il nous est très difficile d’aller parler de révision constitutionnelle. Le Mali a besoin d’être refondé, les Maliens ont besoin d’être rassemblés…
Pour finir, permettez-moi de vous faire un rappel : il y a, exactement, 783 ans, un autre Keïta a senti cette nécessité. Il a fait présider une grande assemblée par Kamadjan Camara en 1236. Cela a donné naissance à un Etat stable, dont nous sommes très fiers.
Mr le président, l’histoire vous tend une perche ».

 

Oumar Babi 

Source: Canard Déchaîné