Dans sa politique de recherche des voies et moyens pour la sortie de crise au Mali, les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare/An ka wuli) avait organisé une série de rencontres avec différentes personnalités politiques et la société civile. Le samedi 27 avril dernier, au CICB, le parti a organisé une cérémonie de restitution de ces rencontres. C’était sous la présidence du président du parti, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, en présence de plusieurs personnalités de notre pays.

De prime abord, le président du parti, Modibo Sidibé a adressé ses sincères remerciements aux responsables de toutes les organisations politiques de l’opposition comme de la majorité, celles de la société civile, les dignitaires des diverses confessions religieuses de notre pays ainsi que les personnalités indépendantes et les hauts responsables de nos institutions républicaines que le parti a rencontrés pour partager avec eux les préoccupations des Fare quant à la très grave situation que le Mali vit aujourd’hui, ainsi que les propositions relatives à un processus de sortie de crise endogène et durable. Aussi, il s’est félicité du constat fait au cours de toutes ces nombreuses rencontres, de la conviction affirmée par tous leurs interlocuteurs, de la nécessité impérieuse et de l’extrême urgence pour nous, Maliens, d’œuvrer ensemble à trouver une solution aux maux qui minent notre pays. “Tout comme nous nous félicitons de leur engagement déclaré à contribuer à la résolution de la crise. Grand merci à toutes  et à tous”, a-t-il ajouté.

Mettre en œuvre des décisions courageuses et patriotiques…

Et de rappeler que notre pays vit la crise la plus grave, la plus profonde et la plus dangereuse de son histoire contemporaine. En effet, dira-t-il, la situation sécuritaire, politique et économique, la surchauffe du front social, les conflits fratricides, la dégradation continue des conditions de vie des populations, la perte de confiance des citoyens à l’égard des institutions de la République et de la classe politique, les trafics criminels en tout genre,  le risque de partition du Mali et d’effondrement de l’Etat, sont autant de réalités qui exigent des réponses appropriées et urgentes.

S’agissant de la question sécuritaire en particulier, il dira les récents événements de Dioura, Ogossagou et Guiré, emblématiques de l’inefficacité de l’Etat, viennent de confirmer dramatiquement la détérioration continue et inadmissible de la situation au centre du pays et dans le Sahel occidental, après celle du Nord. Sans oublier tous ces morts silencieux, ces enlèvements, la détresse de populations isolées, déplacées, la déstructuration de l’économie rurale.

“Aujourd’hui, tous les voyants du pays sont passés au rouge vif. Il y a urgence que notre peuple puisse se réunir dans la sérénité, pour parler et se parler, en toute responsabilité, de la base au sommet : gouvernants, partis politiques, organisations de la société civile, citoyens maliens de l’intérieur du pays comme de la diaspora, ayons une conscience claire de l’urgence à mettre en œuvre les décisions courageuses et patriotiques devant permettre aux Maliens de conjuguer ensemble leurs intelligences et leurs efforts pour sortir le pays de la trappe dans laquelle il est tombé”, a plaider le président du parti.

Selon lui, c’est fort de cette conviction que les Fare ont décidé, au sortir de l’élection présidentielle de juillet-août 2018, d’engager des rencontres avec les partis politiques de la majorité comme de l’opposition, les organisations de la société civile, les confessions religieuses, des hauts responsables de nos institutions et des personnalités indépendantes, pour partager avec eux la vision du processus de sortie de crise de notre pays que le parti a élaborée parce que sans projet, encore moins un agenda politique clair et consensuel de sortie de crise, c’est le chemin vers l’inconnu.

Aussi, il a laissé entendre que seule une démarche articulée en processus, ouvrant une vraie perspective pourrait rassurer nos compatriotes de l’intérieur et de la  diaspora et rassurer ceux qui se tiennent à nos côtés. Il rappellera le schéma proposé dans ce sens et qui a fait l’objet d’échanges avec les différentes personnalités rencontrées.

Le dialogue national refondateur portera sur l’ensemble des sujets d’intérêt national

De sa lecture, après un diagnostic partagé de la situation nationale, des enjeux, des défis et de nos vulnérabilités structurelles, la Conférence des forces politiques et sociales conviendra d’un Pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement qui sera inclus dans l’Accord politique afin de créer un changement radical de gouvernance, un climat d’apaisement sur les fronts sécuritaire, politique, économique et social, de recréer un sentiment de confiance mutuelle.

A l’en croire, le président de la République constituera dans le même temps une équipe de haut niveau présidée par une personnalité consensuelle crédible, compétente, aux faits des enjeux nationaux et moralement irréprochable pour conduire le Dialogue national refondateur conformément à l’Accord politique obtenu dans le cadre de la Conférence politique. “Le Dialogue national refondateur portera sur l’ensemble des sujets d’intérêt national, la priorité étant donnée aux réformes politiques, institutionnelles et sécuritaires. Il donnera par la même occasion à l’Accord issu du Processus d’Alger un souffle politique nouveau et partagé”, a laissé entendre l’ancien Premier ministre.

A ses dires, pendant la durée de ce processus, l’Etat ne s’arrêtera pas de fonctionner bien entendu. Car, le président de la République nommera un gouvernement de mission restreint qui aura la charge, en plus d’assurer le fonctionnement régulier de l’administration, de mettre en œuvre le Pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement. “Le gouvernement de mission sera chargé aussi de la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles prioritaires issues du Dialogue national refondateur, dont la révision constitutionnelle, selon un agenda électoral approprié”, a-t-il précisé.

Pour lui, les recommandations issues du Dialogue national refondateur, consignées dans un rapport adressé au président de la République, auront force contraignante pour tous les gouvernements qui auront la charge de conduire les affaires publiques du Mali. Et de poursuivre que les rencontres autour de ce processus ont permis aux cadres du parti de constater de nombreuses convergences de vue sur des points essentiels. Selon lui, il s’agit principalement du diagnostic de la situation nationale, des enjeux et des périls, de l’idée d’un processus de sortie de crise solide et endogène, d’un agenda du Mali, de l’appréciation du processus que nous proposons, de la nécessité de ne plus  panser les plaies mais bien de les guérir, de la réaffirmation de la République et de ses valeurs, de la nécessité du dialogue national, des vulnérabilités de l’Etat, de la démarche inappropriée de la révision constitutionnelle entamée par le gouvernement, du changement radical dans la gouvernance, entre autres.

A l’entendre, des interrogations aussi sur l’état de l’Accord pour la paix et ses implications, sur comment enclencher ce processus, comment le conduire, comment rendre opérationnel le Dialogue national refondateur. “Suite à ces échanges, il nous a paru logique et constructif de réunir tous ceux avec lesquels nous avons partagé notre proposition de sortie de crise dans le but  d’élaborer ensemble la synthèse de nos points de vue respectifs, afin d’en établir les convergences et de nous interroger sur la suite à donner à notre quête commune d’une sortie de crise effective et durable pour notre pays”, a-t-il noté.

Il est temps d’agir et de s’attaquer au Mali en crise

Ce faisant, dira-t-il, il leur a semblé opportun, sans exclure quelque aspect que ce soit, d’approfondir les échanges sur le Dialogue national refondateur, le sens et la portée de la Conférence des forces politiques et sociales (accord politique) et la nécessité d’un apaisement des différents fronts qu’induit le Pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement.

Sur la pierre angulaire du processus de sortie de crise, notamment le Dialogue national refondateur, il a déclaré que le parti a demandé à Ousmane Sy qui a développé depuis quelques années et avec pertinence une analyse sur le sujet, d’introduire cette thématique.

Aux dires du président des Fare, il  est évident, qu’aucune démarche visant à apporter une solution structurelle sérieuse, durable et efficace ne saurait être envisagée sans la contribution active et constructive de l’ensemble des forces politiques, économiques, sociales et citoyennes du pays à travers la tenue d’assises nationales visant à refonder l’infrastructure institutionnelle de notre pays. Et d’ajouter que cela permettra de redonner à l’Etat sa légitimité sur des bases endogènes, à inventer un nouveau fonctionnement institutionnel, une nouvelle alliance entre les citoyens et leurs gouvernants.

“Certes le président de la République dans sa dernière adresse à la nation a déclaré le dialogue national  incontournable, mais déjà les indications données, le fait  de placer la question de la révision constitutionnelle au niveau d’une concertation nationale montrent bien que nous devons ensemble cerner ce que ne doit pas être le dialogue national. Nous nous sommes enrichis de nos volontés communes de redresser notre pays. Le Mali est en situation d’urgence nationale. Il est temps d’agir et de s’attaquer au Mali en crise. Notre rencontre d’aujourd’hui est une étape importante dans la construction d’un agenda de sortie de crise solide et durable. Merci pour ce que nous sommes en train d’entreprendre pour notre pays”, a-t-il conclu.

  Boubacar Païtao

Source: Aujourd’hui-Mali