Interrogé le lundi 14 juillet sur Radio Rempart FM (97.9 MHZ), au sujet de la crise sociopolitique du Mali, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali, par ailleurs patron de la Minusma, Mohamed Saleh Annadif, a invité les Maliens à s’asseoir pour discuter. Selon lui, aucune crise n’est insurmontable et il dit croire qu’en dialoguant, une solution entre Maliens est possible.

Que pensez-vous de ce qui se passe actuellement au Mali ?
Mahamat Saleh Annadif : Je pense qu’il y a eu beaucoup de violences, beaucoup de débordements. Mais, comme les Maliens ont l’habitude de dire, rien ne vaut le Mali, rien n’est au-dessus du Mali et aucun sacrifice n’est de trop pour le Mali. Il est nécessaire qu’au stade où nous sommes arrivés, il est extrêmement important que les Maliens pensent à se retrouver, discuter et négocier.
C’est le dialogue que j’ai appris ici et qui est une des vertus de la société malienne. Je demande aussi aux jeunes et aux acteurs politiques du Mali de mettre la balle à terre et s’asseoir pour discuter. Aucune crise n’est insurmontable et je crois aussi qu’en dialoguant, une solution de sortie de crise est possible.
Quelle analyse faites-vous de la situation sociopolitique actuelle du Mali ?
Mohamed Saleh Annadif : La situation sociopolitique actuelle du Mali est assez sérieuse tant que les acteurs politiques ne se parlent pas. Il faut donc les encourager à parler. J’ai trouvé les membres du M5 (Ndlr, Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques qui demande la démission d’IBK et celle de son régime) compréhensifs lors de notre rencontre.
Il faut nécessairement renouer les fils du dialogue. C’est à ce prix qu’on pourra sortir de la crise. Je ne veux pas dire que je suis naïf ou que je suis trop optimiste. Mais je dois être optimiste pour la situation du Mali. Je pense que les Maliens ont cette capacité de résilience qui peut leur permettre de sauter ce pas, qui est un moment difficile, un moment pénible.

Pouvez-vous nous faire le point des négociations ?
Mahamat Saleh Annadif : Je suis en contact avec le Premier ministre, la majorité et les membres du M5-RFP pour avoir un cadre de dialogue, et je trouve que la libération des membres du Mouvement du 5 juin peut contribuer à trouver un terrain d’entente entre les différentes parties et que c’est un bon signe dans la décrispation.
Une sortie de crise est-elle envisageable dans les prochaines heures ?
Mahamat Saleh Annadif : que la sortie de crise soit envisageable dans les prochaines heures ? Je suis en train d’œuvrer, comme la CEDEAO, l’Union européenne, l’Union africaine et tous les diplomates, du matin ou au soir, pour sortir le Mali de cette crise. La sortie de crise doit venir et nous devons l’exiger. Nous avons fait un communiqué et j’espère qu’il sera entendu par les uns et les autres. Il faut une sortie de crise et cela n’est pas marchandable. Car, on ne peut rester dans la crise.
Est-ce que des rencontres ont eu lieu ou auront lieu avec l’imam Dicko ?
Mahamat Saleh Annadif : J’ai rencontré l’Imam Mahmoud Dicko et je l’ai informé qu’on allait rencontrer les membres du M5. Il a d’ailleurs encouragé à ce qu’on rencontre les membres du M5. Je suis certain que l’appel au calme de l’imam Mahmoud Dicko va être d’une grande aide pour une sortie de crise.
Quelle solution préconisez-vous pour une sortie de crise ?
Mahamat Saleh Annadif : La solution pour une sortie de crise viendra des Maliens. Il faut une solution de sortie de crise qui soit malienne, à travers une rencontre qui sera organisée entre la majorité et les membres de M5, et ce n’est pas à nous d’imposer une solution.
À propos de la désobéissance civile, quel appel avez-vous à lancer ?
Mahamat Saleh Annadif : La désobéissance civile est un droit constitutionnel malien et je ne peux pas empêcher les Maliens d’exercer leur droit. Mais ce que je leur demande, c’est de ne pas faire de violences ni de débordements ; ils doivent tout maîtriser pour qu’on ne puisse pas être débordé parce que c’est bien beau de le faire, mais on risque d’être débordé.
Je suis pour les libertés, pour la liberté d’expression, pour la liberté de marcher, pour toutes les libertés autorisées par la Constitution. Mais on doit faire attention pour éviter les débordements.
Pas de violence, renouer le dialogue. Je prie de tous mes vœux pour qu’une solution interne puisse être trouvée et les Maliens en ont la capacité.
Abdoul Madjid Sanogo

Source : Nouvelle Libération