Une semaine après la tonitruante démission du Général directeur de l’École de maintien de la paix, le Tsunami promis, pardon la vague de démissions au sein de l’armée n’a pas eu lieu. Il n’y a aucun remous au sein de l’armée. La grande armée du Mali reste fidèle et loyale à la République. Elle a choisi de rester dans ses casernes et de laisser la politique aux politiciens.


Ceux qui servent aujourd’hui sous le drapeau connaissent la portée du serment du soldat : engagement, fidélité et loyauté.

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Un Général perdu dans le landernau politique ne constitue aucune menace pour préoccuper la hiérarchie militaire et distraire l’armée républicaine du Mali de sa mission sacrée de défense et de protection de la Nation.

Comme une tempête dans un verre d’eau, la tête pensante de l’ex-junte a fait son show. Visiblement grand monde n’a pas été conquis par les leucorrhées d’un général qui fulminant clairement d’être endimanché et qui s’est envisagé une carrière mouvementée dans la nasse politicienne. Politiquement, c’est cuit. La page est tournée.

Pour les aventuriers qui espèrent tirer les marrons du mauvais plan du généralissime de l’ex-junte de Kati font feu de tous bois. C’est un peu comme la Ciguë dont ils ont du mal à avaler. Alors, on indexe un groupe imaginaire d’officiers ligués pour contrecarrer une option vouée à l’échec en raison du contexte et de son porteur.
Contexte

Officier bombardé général en 2013, dans des circonstances exceptionnelles alors que le Mali tentait de renaitre après la crise multidimensionnelle qu’il a connue suite au coup d’État auquel il a pris part, le Général Moussa Sinko Coulibaly, un Saint-Cyrien, occupe depuis la semaine dernière le devant de l’actualité nationale.

Comme si le Mali, dans son contexte sécuritaire préoccupant, avait plus besoin d’un général de brigade ailleurs qu’au front, comme dans une inspiration mystique caractérielle, MSK rend le tablier. Depuis, il se fait remarquer par des critiques acerbes contre le régime du président IBK, dont il n’est pourtant qu’un fruit.

Dans une inqualifiable contradiction, le général de division Moussa Sinko Coulibaly, cet officier qui est entré par effraction dans l’arène politique s’autoproclame le Mesie vengeur et sauveur de la démocratie malienne. Tel un Père Noël ! préconise-t-il en matière de démocratie ? Un renouveau du Comité national de redressement de la démocratie et le rétablissement de l’État (CNRDRE) ?

Le parcours de l’ancien directeur de Cabinet du chef de l’ex-junte militaire, Amadou Haya Sanogo, qui a été ministre de l’Administration territoriale et enfin directeur général de l’École de maintien de la paix Me Alioune Blondin Beye de Bamako plaide-t-il pour la confiance ?

En se faisant passer pour le donneur de leçon idéal dans un contexte de crise larvée dans notre pays, Moussa Sinko Coulibaly, veut se positionner comme, l’homme idéal, qui veut désormais conduire le Mali vers le salut souhaité.

Dans un contexte politicien où un vieux briscard comme Soumi, deux fois candidat à la présidentielle et auréolé du prestige de Chef de file de l’Opposition, n’arrive pas à fédérer autour de lui en vue de 2018, comment un ex-officier putschiste réussira-t-il à rassembler pour réaliser l’alternance.

Les mauvaises langues racontent que directeur général de cette école prestigieuse au cœur des politiques et stratégies militaires en Afrique, Moussa Sinko Coulibaly y a été l’hôte de nombreux ambassadeurs et diplomates qui ne veulent pas tous du bien à notre pays. Ceci explique-t-il cela ?

Mais tout finit par se savoir ! Car les murs de cette école à la tête de laquelle, le général a servi le régime en place ont aussi des oreilles et des yeux.
Mauvais plan

La stratégie suicidaire du général démissionnaire est loin d’une surprise, selon plusieurs analystes politiques. Les déclarations les moins attendues lancées, à travers les médias, depuis sa lettre de démission au chef suprême des armées, la semaine, illustrent à suffisance les ambitions nourries par cet officier qui se présage un destin national.

« Je suis avec tous les Maliens aujourd’hui qui pensent que nous devons donner un nouvel élan à la démocratie malienne et que nous devons changer la gouvernance. Il y a des échéances et des rendez-vous qui pointent à l’horizon. C’est une belle opportunité pour essayer de changer l’histoire de notre pays », a-t-il lancé dans les médias. Est-il vraiment sincère ce général avec lui-même et le peuple du Mali ? Quelle place a-t-il donné, à côté de ses critiques, aux nombreuses réalisations que le régime a entamées avec sa personne pour l’armée, pour les services de sécurité, pour le retour de la paix ?

Ce que cet ancien putschiste semble ignorer, c’est que sous la courte transition dirigée par la junte dont il a été le maillon essentiel, le pays, qui était devenu la risée du monde entier face aux indépendantistes et narcodjihadistes, a amorcé sa véritable mue, ces dernières années. Si certaine jeunesse en panne de repère ignore encore les conséquences de ce basculement historique du Mali, les hommes politiques de l’époque et tous les démocrates et défenseurs des droits de l’homme, mesurent parfaitement la portée de ce qui est en train d’être accompli.

Aussi, beaucoup pensent que ce Moussa Sinko Coulibaly, à cause de sa posture d’ancien putschiste ne peut se mettre dans la peau d’un rassembleur et de l’homme qui incarne seulement le changement.

Ce qui fait dire à certain qu’en réalité, Moussa Sinko Coulibaly, dans le contexte actuel, ne peut être qu’un défenseur de ses ex-compagnons putschistes qui pourront difficilement pardonner leur mise à l’écart et leur incarcération pour des faits qui leur sont reprochés.

Faut-il le prendre au sérieux ? C’est clair qu’il n’est pas à minimiser au regard du phénomène Macron devenu depuis peu une mode que certains milieux africains veulent reproduire chez eux à tout prix. Exactement comme le disait le président Macron lors de sa dernière visite au Burkina Faso, Moussa Sinko Coulibaly appelle la jeunesse à prendre ses responsabilités et son destin en main. Une histoire de purger la classe politique avilissante ?

Par Sidi Dao

 

Source:  Info-Matin