La parole du président de la République, celui qui se faisait appeler Kankelentigui (qui n’a qu’une seule parole), a perdu considérablement de sa valeur. Ses promesses et autres engagements, plus personne n’y croit. Il fait rarement ce qu’il dit et dit rarement ce qu’il fait.

L’homme, c’est sa parole, a-t-on coutume de dire. Une assertion qui ne sied, malheureusement, pas à certains comportements et attitudes de notre président. Souvent, peut-être, sous le coup de l’émotion, il dit des choses, tient des promesses, se montrant emphatique, pour, plus tard, agir à contresens.

Il faut dire que, si au début, l’on était un peu étonné voire surpris, de ces revirements présidentiels à 180 degrés, aujourd’hui, on est plutôt déçu de voir la parole présidentielle, celle de la première institution, perdre toute valeur et tout crédit. Tous les Maliens se souviennent, il y a de cela presqu’une année, quand le président de la République, à Ogossagou, a vivement interpellé le tout nouveau chef d’état-major de l’Armée. À propos du carnage qui s’y était déroulé.

Le pauvre Abdoulaye Coulibaly, qui venait d’être fraîchement nommé, se demandait, sûrement, ce qu’il avait fait pour mériter de telles remontrances, pareille remontée de bretelles. Lui qui, d’ailleurs, n’avait rien demandé et sur lequel cette promotion (empoisonnée) venait de tomber.

IBK avait promis sur la place publique d’Ogossagou, en présence des populations (le chef de village et toutes les notabilités), qu’ils étaient allés dénicher de leurs cachettes, que si le carnage d’Ogossagou se produisait une nouvelle fois, si lui était obligé de se présenter sur une telle scène, il relèverait immédiatement le Général de ses fonctions. Les Bambaras disent : « Môgô te malo f’i ka kuma ». Ce qui peut se traduire par : «il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. En réalité, les Bambaras nous apprennent, et c’est vérifié et prouvé partout et par tous, que notre honte, notre humiliation ne peut provenir que des propos et des promesses que nous tenons.

Ce jour, IBK a manqué de tourner sept fois sa langue… Il a oublié qu’un autre Ogossagou pouvait avoir lieu, qu’au-dessus de lui, il y a le Bon Dieu, et qu’en face, il a affaire à un Etat faible, une armée qui se cherche ; que donc tous les ingrédients étaient réunis pour la récidive. Elle survint, implacable, cette récidive.

L’on s’attendait à ce qu’IBK tienne ses promesses et ses engagements. Qu’il relève le pauvre Général Abdoulaye Coulibaly. Rien. Absolument rien ! Car, de responsables, il en a relevés beaucoup, dans tous les domaines, qu’il commence à en manquer sérieusement.

Le président de la République doit comprendre que le pays n’est pas un « grin », qu’il ne se gère ni par la famille, les proches et les amis, ni par les émotions et les sentiments.

Qui ne se souvient pas encore de l’une de ses autres célèbres phrases : « Il existe une mer de sang entre lui et moi ». Et qu’en est-il aujourd’hui ? Où est passée cette fameuse «mer de sang » ? Engloutie dans le sable de l’Azawad ? Décidemment.

Makan Koné
Source : Nouvelle Liberation