Ils étaient cinq jeunes soit trois de la Majorité et deux de l’Opposition à débattre le jeudi 2 janvier 2020 des résolutions et recommandations du Dialogue National Inclusif, DNI, au micro de notre confrère Kassim Traoré, à la Radio Klédu. Boubou Doucouré de la cellule de communication et des relations publiques à la primature, Abdramane Diallo du PACP, Me Abdoulaye Sidibé secrétaire général de l’ADP-Maliba, Abdramane Diarra, Président des jeunes de l’URD et Dr Aboubacar Sidick Fomba, Président de l’ADPM étaient les invités du premier numéro de la célèbre émission, le Débat politique de la Radio Klédu.

Deux camps, deux lectures parallèles ; mais une même conclusion, celle de la paix, de la stabilité et du vivre ensemble au Mali. A partir de ce débat qui a été certes houleux, mais empreint de courtoisie et de respect, ne pourrait-on pas en déduire qu’il est possible que les positions se rapprochent pour dégager un large consensus autour des résolutions et recommandations du DNI ?

C’est dans une atmosphère détendue et dans la franche camaraderie que s’est déroulé le premier débat politique radiophonique de l’année 2020 sur Klédu. Prenant la parole à tour de retour les débateurs ont tout d’abord présenté leurs vœux pour la nouvelle année qui a commencé avant d’entrer dans le vif du sujet.

Pour le représentant de la cellule de communication et des relations publiques de la Primature, Boubou Doucouré, l’organisation d’un Dialogue National Inclusif a été unanimement demandée par toutes les forces vives de la nation. C’est pourquoi le Gouvernement n’a fait qu’accompagner, mais il regrette l’absence une frange importante de l’opposition qui n’a pas daigné prendre part à cet important rendez-vous. Pour Boubou Doucouré, l’accord politique de gouvernance et le choix du Triumvirat pour diriger le dialogue étaient des signes d’ouverture et de bonne foi du Gouvernement à cheminer avec tous les fils et toutes les filles du Mali.

Quant au représentant de l’URD, Abdramane Diarra, il a fait un bref rappel historique. Pour lui depuis 2013 l’Opposition incarnée par l’URD avait demandé un dialogue avant même la signature de l’Accord d’Alger, afin que les Maliens puissent parler d’une même voix à Alger. Ensuite après les élections présidentielles de 2018, une crise postélectorale d’une rare gravité s’est installée au Mali, le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie, FSD, une coalition regroupant certains partis de l’Opposition, avait demandé un dialogue politique pour discuter de toutes les problématiques du pays. Pour Diarra il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’opposition était de bonne foi et est demandeuse du dialogue. Maintenant pourquoi l’URD a refusé d’y prendre part en l’état ? Diarra répondra que c’est parce que ses propositions n’ont pas été prises en compte et mieux malgré que le Triumvirat ait été désigné unilatéralement et l’avant-projet des Termes de Référence fait en solo, le FSD a participé à l’atelier de validation pour montrer sa bonne foi.

Le comité d’organisation n’ayant pas pris en compte ses propositions, le FSD a fait un document signé du Président du regroupement, Soumaila Cissé et contenant les 7 propositions qui conditionnaient la participation du FSD au DNI. Ce document aussi a été qualifié de tract par certains participants à l’atelier, martèle M. Diarra. Se disant disposer à accompagner les bonnes résolutions, Abdramane Diarra pense qu’il est encore possible que tout le monde soit dans le train pour accompagner le processus.

Pour Abdramane Diallo du PACP, le parti du virevoltant ex Maire de Ouelessebougou, Yeah Samaké, le Dialogue a permis à une frange importante de toutes composantes de la Nation de se parler. De discuter sans apriori de toutes les questions majeures du pays, car pour lui quand le pays est en danger on ne doit pas refuser de répondre à l’appel pour venir à son secours. Pour M. Diallo, c’est certainement pour cette raison que même la CMA a daigné participer au DNI. Il a tout de même regretté l’absence de l’URD qui, bien qu’elle avait des griefs à reprocher à l’organisation, aux TDR, mais aurait dû être présente pour non seulement défendre ses propositions, mais aussi et surtout prendre à témoin l’Opinion nationale et même internationale de sa bonne foi. Pour le représentant du PACP, le cadre était vraiment idoine pour parler du Mal au-delà de toute considération partisane. Et M. Diallo de conclure que quand la patrie est menacée Il n’y aura ni Majorité, ni Opposition, mais le Mali dans sa diversité.

Quant à Dr Aboubacar Sidick Fomba, Président de l’ADPM, ni l’Accord politique de Gouvernance qui ne serait qu’une arnaque politique, encore moins le Dialogue National Inclusif dont l’objectif n’était autre que la révision Constitutionnelle, la mise en œuvre de l’Accord d’Alger et la légitimation des forces étrangères au Mali, ne seront la solution de la crise malienne. Répondant à M. Diallo du PACP qui se vantait de la participation de la CMA, Dr Fomba dira que la CMA a participé parce qu’on lui a donné toutes les assurances qu’on ne touchera pas à l’Accord d’Alger. Il ne s’est pas privé non plus de critiquer l’armée nationale constituée, qui ne serait qu’une armée déséquilibrée. Dr Fomba de conclure que le DNI n’est pas tenu pour construire le Mali mais pour un agenda international. Dr Fomba se dit néanmoins disposer à apporter sa petite pierre à la construction de l’édifice Mali, c’est pourquoi il a lancé un appel à tous les patriotes pour un grand rassemblement le 10 janvier 2020.

Pour Me Abdoulaye Sidibé, secrétaire général de l’ADP- Maliba, son parti a pris part à ce dialogue parce que beaucoup de ses propositions ont été prises en compte. Rappelant que l’ADP Maliba n’a pas signé l’Accord politique de Gouvernance, car le dialogue devrait précéder l’APG. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’ADP n’a signé l’Accord politique de gouvernance que le 30 décembre contrairement aux autres qui l’ont signé le 2 Mai 2019.

Pour Me Sidibé l’ADP Maliba a participé de façon qualitative aux travaux du DNI et attend fermement la mise en œuvre des résolutions et recommandations. Répondant aux détracteurs qui prêtent à son parti des comportements versatiles, à savoir tantôt à la Majorité, tantôt l’opposition et surtout de sa volonté de rentrer dans le prochain gouvernement, de façon évasive Me Sidibé dira que son parti se bat pour sauver le Mali d’abord. Il répliquera à la question de M. Diarra en lui, posant également la question de savoir si l’URD n’a pas refusé pour tout simplement continuer à bénéficier des 500 millions dus à son statut de chef de file de l’Opposition.

En définitive, Opposition comme Majorité, ont fini par être unanime que le dialogue était et est toujours indispensable pour sortir le Mali de la torpeur. Vivement un autre débat entre les deux camps, à savoir la Majorité et l’Opposition au grand bonheur de notre peuple et de sa démocratie.

Youssouf Sissoko

Infosept