Si la quête du pouvoir mène à tous les compromis, notamment aux plus improbables, la soif du pouvoir, elle, conduit à tous les excès. La dynamique électorale au Mali est longtemps restée l’apanage des politiques, avec des candidats naturels et issus du même conglomérat idéologique. Cette main-mise de l’establishment politico-politicienne sur la chose électorale tend vers sa fin. En effet, les prochaines échéances électorales annoncent une guerre à triple sens : politique, financière et religieuse.

Les classiques politiques se voient de plus en plus bousculés par de nouveaux challengers, d’aucuns milliardaires et certains portés par des chapelles religieuses. La bataille politique classique, autrefois nourrie par des jeux de compromis et le lobbying, se manifestera avec le pouvoir de l’argent, le pouvoir des armes et le pouvoir des chapelets. Un véritable cocktail qui annonce une élection de tous les excès et prédit, inéluctablement, une instabilité institutionnelle sur les 10 prochaines années si la transparence électorale est bradée sous l’autel des ambitions claniques.

Entre les jeux, caractérisés par la diversion et la perversion, des briscards du jeu politique ; les ambitions volatiles des jeunes pousses de la scène politique ; les calculs existentiels de certaines figures morales dictés par le principe d’exister pour ne pas périr ; et la gâchette facile des hommes d’affaires prêts à tout pour avoir le pouvoir ou être dans les grâces du pouvoir…se situent tous les enjeux des futures échéances présidentielles.

L’argent sera le maître-mot et tout aussi important que le parrainage du comité des Colonels ou la bénédiction des moines. Et quand on sait que le pouvoir du premier sur les deux autres maillons du triptyque électoral qui se dessine, l’on ne peut noter que deux nouvelles. La bonne, les sous-traitants politiques et les militants de miette électorale auront de quoi se frotter les mains. Les milliardaires candidats, surtout ceux ayant bâti leurs fortunes sur le dos des contribuables, ne lésineront pas sur les moyens pour sauvegarder leurs privilèges, tisser davantage leur toile ou protéger leurs arrières. Tout comme les tenants actuels du pouvoir qui, mieux que quiconque, maîtrisent la loi du retour de la manivelle. La mauvaise nouvelle : les caisses publiques vont souffrir et de nombreux sous volés seront blanchis. Comme pour dire que le Mali n’est pas sorti de l’auberge.

 

 F.MAIGA 

Source: Bamako News