’Résultats acceptés de tous’’, présentation d’un ‘’chronogramme des élections’’, ‘’élections impossibles’’ à tenir, une partie de la classe politique rivalise d’imagination pour trouver la recette miracle d’un bide électoral. Il y a-t-il réellement péril en la demeure en ce qui est de cet important rendez-vous de la présidentielle ? Pur fantasme ou fragments de vérité ?

À quelque 5 mois de l’élection du président de la République, la sérénité ne semble pas être la chose la mieux partagée sur l’échiquier politique national. Les comportements de certains acteurs ne laissent aucun doute quant à une fébrilité grandissante.

En effet, il ressort des exigences de l’Opposition, l’organisation d’une élection présidentielle dont les résultats seraient ‘’acceptés de tous’’. Point besoin d’être un thaumaturge, pour comprendre le ‘’tous’’ de l’Opposition républicaine et démocratique. Ce, d’autant plus que ce ne sont pas ceux qui ont la charge de l’organisation de la présidentielle qui vont rejeter le fruit de leur œuvre.

Implicitement, les acteurs politiques de l’Opposition connaissent à l’avance le résultat qui ne s’annonce pas leur être favorable. D’où, cette condition ubuesque de l’acceptation par ‘’tous’’ des résultats du vote.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une telle exigence est inédite dans les annales électorales en Afrique où il est plutôt question de résultats acceptés par ‘’le plus grand nombre’’ d’acteurs politiques. Parce qu’il est chimérique de croire que l’ensemble des acteurs ira dans le même sens. Même en cas d’élection parfaite, quand bien même la perfection est de l’ordre du divin, il y aura des gens qui contesteront, question de marquer leur différence.

Dans le lot des Opposants, il y a ceux qui ne croient pas à la tenue de l’élection présidentielle à date échue. Après le ballon d’essai lâché par le maître d’œuvre de la décentralisation avec cette question ‘’et si les élections n’avaient pas lieu, beaucoup d’acteurs politiques se sont engouffrés dans la brèche, en prétextant des problèmes sécuritaires.

Le PM, Soumeylou Boubèye MAIGA, a tranché cette question. Il a annoncé à Mopti la date du premier tour de la présidentielle qui aura lieu le 29 juillet 2018.

Quelques jours plus tard, en tournée en 4e région, s’adressant aux forces vives de Niono et de Ké-Macina, il maintient son annonce qui n’est qu’un délai constitutionnel : ‘’ceux qui veulent aller aux élections peuvent se préparer’’. Pour être clair, on ne peut l’être plus.

Des actes qui crédibilisent cet avertissement sont posés. Ainsi, par la Décision n° 2018-0004 du 12 janvier 2018, le ministre de l’Administration territoriale a prescrit une révision exceptionnelle des listes électorales prévue du 25 février au 6 mars 2018 sur toute l’étendue du territoire national ainsi que dans les ambassades et consulats du Mali, pour les nouveaux majeurs.

Une autre préoccupation qui fait son apparition porte sur la présentation d’un chronogramme. Dans cette veine Modibo SIDIBE, président des FARE AN KA WULI, lors du lancement des activités du Groupe d’Appui et de Réflexion à Modibo SIDIBE (GAR) et l’inauguration de son siège le samedi 3 mars dernier, à Hamdallaye ACI 2000, exigeait : « Le gouvernement doit établir un chronogramme clair et précis des opérations électorales».

Il est de notoriété publique que la phase pré-électorale comprend : l’installation de l’organisme de gestion des élections ; l’élaboration du cadre juridique des élections ; l’inscription des électeurs ; le financement des partis politiques ; la Campagne d’éducation civique et électorale ; la Campagne électorale.
L’exigence de l’ancien Premier ministre quant à la présentation d’un chronogramme trouve sa réponse dans la Loi fondamentale. En effet, elle dispose :

Article 32 : ‘’Les élections présidentielles sont fixées vingt et un jours au moins et quarante jours au plus avant l’expiration du mandat du président en exercice’’.

Article 33 : ‘’La loi détermine la procédure, les conditions d’éligibilité et de présentation des candidatures aux élections présidentielles, du déroulement du scrutin, de dépouillement et de la proclamation des résultats. Elle prévoit toutes les dispositions requises pour que les élections soient libres et régulières (…)’’.

Article 37 : ‘’Le président élu entre en fonction quinze jours après la proclamation officielle des résultats’’.
Comme on le voit, la préoccupation est largement prise en compte par les dispositions légales en vigueur dans le pays. Ce qui dispense le Gouvernement de décréter un chronogramme, dans le cas d’espèce.

In fine, il n’y a aucun péril en la demeure quand bien même la situation sécuritaire qui prévaut en ce moment autorise à croire que l’élection présidentielle de juillet prochain ne se déroulera probablement pas dans les mêmes conditions que par le passé. D’où, une réelle capacité d’adaptation. D’ailleurs, dit-on : ‘’la souplesse et la capacité d’adaptation sont des outils indispensables pour faire face aux situations les plus difficiles’’.

Par Bertin DAKOUO

 Info-Matin