À plus de deux mois du premier tour de la présidentielle, les anciens  candidats favoris officiels ou non de 2012 sont en difficulté. Cette situation due à une nouvelle vision de la politique par les Maliens fait rêver certains outsiders. Lire notre grand format.candidats_maliens_elections presidentiels

L’avortement des élections générales de 2012 est intervenu au moment où la plupart de nos compatriotes fustigeaient les tentatives de fraude massive et les violations de la loi électorale par des candidats supposés être des favoris. Les spéculations vont bon train car les électeurs sont déçus par l’environnement politique. On se rappelle lors des élections générales de 2007 et des communales de 2009, le phénomène de bulletins frauduleux a brillé. À l’époque, presque tous les grands partis avaient eu les mains souillées. Du coup, cette année les Maliens aspirent à un grand changement résultant du climat de méfiance qui peut aboutir à des tensions postélectorales.

 

Ce qui veut dire que les anciens candidats favoris ont tout à refaire pour séduire leur électorat de plus en plus réduit à cause du dégoût à la pratique politique. Cet état de fait présage que la campagne prochaine sera houleuse. Certains éventuels prétendants ont déjà commencé à se positionner. À preuve, Soumaïla Cissé multiplie ses activités à l’étranger tant auprès des Maliens que des partenaires. Il a même dévoilé les grandes lignes de son projet politique bien qu’il compte revenir dans peu de temps pour de simples formalités avec ses camarades sur la reconduite de sa candidature.

 

Modibo Sidibé aussi tente de redorer son blason à partir de l’extérieur. Lors de sa visite à Paris en fin avril, il a fait le tour des foyers à la rencontre de la communauté Malienne. Il s’est donné l’occasion de démentir encore une fois les allégations sur des urnes  bourrées de bulletins faits à son effigie qui auraient été retrouvées à Koulouba. Il s’est aussi prononcé sur les fonds volés et les véhicules qui se trouveraient chez lui. Le super flic a donné sa vision politique basée sur la bonne gouvernance, le renouveau démocratique et l’émergence de l’initiative citoyenne. Mais où étaient nos prolixes hommes politiques quand le Mali s’effondrait?

 

De son côté, Hamed Diane Séméga dont le sobriquet est Amadou wolof est revenu de l’exil le 29 avril 2013 pour se positionner. Il a animé une conférence de presse à l’hôtel Radisson en faisant savoir les idées du PDES. À l’entendre, l’avenir politique du pays passe par la réconciliation. Par rapport à ATT, Séméga a répondu qu’il assume son compagnonnage tout en reconnaissant qu’il y a eu des erreurs dans la gestion et qu’il est prêt à faire l’inventaire.

S’agissant sa possible candidature à la magistrature suprême, il a affirmé attendre la décision de ses pairs. À travers ces actions, on sent une allure de vraie campagne surtout que les éventuels candidats considérés à tort ou à raison comme outsiders commencent à tenir des discours rassurants et à prendre des décisions qui font monter leur cote. À titre d’exemple, Zoumana Sacko de la CNAS et Housseyni Amion Guindo de la CODEM veulent renoncer à leur part respective provenant du financement alloué aux partis politiques. Les gens s’exercent à évaluer le montant total de ces sous parce qu’il n’est pas rare d’entendre dans les rues que les grands partis s’enrichissent sur le dos de l’Etat.

 

Par ailleurs, si Hamed Diane Séméga ou Amadou wolof pour les intimes ne barre pas la route à Mme Haïdara Aïchata Cissé dite Chato pour devenir le candidat du PDES, celle-ci constitue une adversaire redoutable pour n’importe quel présumé favori.
Sa popularité bâtie pendant la transition grâce à sa combativité en faveur des régions du nord, fait qu’elle est beaucoup réclamée pour la présidentielle du juillet prochain. Cette effervescence pour Chato prouve à suffisance que les Maliens veulent l’action et la sincérité et non les verbiages et du déjà entendu.

 

Issa  SANTARA