Le point de vue du berger de ce jour est consacré à la visite que notre Président de la République, IBK, fera dans les jours ou semaines à venir en Russie. Pour l’instant nous ne savons pas s’il s’agit d’une visite d’Etat, de travail ou simplement d’une visite privée. Dans tous les cas c’est notre chef d’Etat qui se rendra dans l’un des pays qui a formé un grand nombre de cadres maliens. Des cadres qui furent et qui sont encore très nombreux dans les différentes sphères de l’Etat. IBK se rend donc à un moment critique de notre nation chez un ami.

 

Moment critique marqué par une insécurité plus prononcée dans certaines parties du pays où les populations sont soumises à la dîme imposée par les occupants du terrain (la nature ayant horreur du vide) et que la population accepte à cœur joie parce que les éléments de langage « s’acquitter de la part d’Allah » utilisés font référence à notre religion.

Moment critique aussi parce que l’espoir que certains observateurs de la scène nationale ont placé dans le dialogue national risque de voler en éclats avec la non-participation annoncée de l’opposition représentative et représentée à l’hémicycle et de certains groupes armés signataires de l’Accord de paix de mai et juin 2015.

Enfin moment critique parce que le président Ibrahim Boubacar Keita se rend en Russie quelques mois après la signature d’une pétition par laquelle des millions de Maliens ont appelé au secours une Russie dont le pragmatisme et la fiabilité dans les relations avec les pays amis n’est plus à démontrer.

A titre d’exemple nous évoquons le cas le plus emblématique de la Syrie. IBK va donc en Russie, fort du soutien de son peuple, un fait rare (des opposants l’accusent de voyager souvent inutilement). Il y trouvera un Vladimir Poutine qui l’écoutera avec une oreille attentive, maligne mais aussi intéressée parce qu’investi par le peuple malien du droit de discuter avec ses dirigeants (hé oui Poutine a été appelé directement par les Maliens ! ).

En effet, rarement un peuple ne s’adresse directement à une puissance étrangère sans passer par ses dirigeants. Poutine se verra dans une certaine légitimité de discuter de presque d’égal à égal avec notre président. C’est surement ce que lui conseilleront ses communicateurs qui lui feront comprendre que les Maliens l’ont investi en s’adressant directement à lui, sans passer par les voies orthodoxes de la diplomatie, de leur venir en aide pour vaincre l’hydre et le serpent de mer rampant depuis des années dans notre pays. De ce fait Poutine suivra donc les faits et gestes d’IBK tout au long de leur entretien pour y chercher les signes d’une harmonie d’avec la volonté populaire exprimée dans la pétition. Volonté du peuple malien de renforcer une coopération jadis des plus avantageuses pour notre pays mais qui a souffert de la fin de la bipolarisation mondiale et d’une démocratisation qui peine à s’incruster dans les esprits en Afrique.

En ancien du KGB et du FSB, Poutine posera des questions au-delà du cadre formel de la diplomatie et fera des avances et des propositions au peuple malien qui l’a ouvertement invité à s’impliquer dans la sécurisation de notre territoire. Il sait en effet que les Maliens ont besoin aujourd’hui d’une défense forte de leur pays. Une défense qui nous préservera de l’état de charogne de notre pays. Il répondra à l’invitation du peuple malien dont il connait les potentialités économiques et le sens patriotique. Car il est parfaitement conscient que la défense (le berger se permet de paraphraser un machiavélien) de la Cité suppose que le gouvernement s’appuie sur le peuple et qu’il ait confiance dans le peuple.

Cette perche qui nous sera tendue doit être saisie sans tenir compte des marchands d’illusion qui nous font miroiter une amitié bancale, fondée sur le rapport d’anciens colonisés. N’oubliant pas, comme l’a si bien dit Lord Palmerston que « les États n’ont pas d’amis ; ils n’ont que des intérêts ».

Il y a donc une chance à saisir pour notre président dont le patriotisme, du point de vue personnel du berger, ne souffre d’aucun doute. En ne la saisissant pas, nous perdrons certainement une occasion que des ennemis internes comme externes n’hésiteront pas à prendre avec les deux mains. Et cela aucun malien ne l’excusera.

PS : les Points de vue du berger sont personnels et n’engagent même ses chèvres. Encore moins ses employeurs.

Berger Dicko

Info-Matin