35 ministres dont 8 femmes, 25 restants, 8 sortants et 10 entrants. C’est le constat général qui se dégage de l’attelage de l’équipe AIM. Décryptage !

Premier ministre Abdoulaye Idrissa maiga chef gouvernement pm

Nommé par Décret n°2017-0315/P-RM du 08 avril 2017, le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a formé son gouvernement 4 jours après. La nomination des membres de l’équipe AIM a été rendue publique, le mardi 11 avril. A la surprise de bons nombre d’observateurs et dans un contexte de fortes attentes populaires, il y a eu peu de changements, voire très peu surtout au niveau des principaux portefeuilles.

Taille : Ils sont 35 ministres contre 34 dans le précédent gouvernement. Si l’on note, outre les partis politiques de la mouvance, la représentation de la Plateforme et de la Société civile, la Coordination des mouvements de l’Azawad, elle, ne fait pas partie du nouveau gouvernement.

Les nouveaux entrants :

Ils sont au nombre de 10 dont deux anciens ministres qui rengainent. Il s’agit de Tiéna Coulibaly, n°2 de l’équipe, précédemment ambassadeur du Mali à New York et ancien ministre de l’Economie et des Finances, lors de la transition, nommé ministre de la Défense et des Anciens combattants et de Tiéman Hubert Coulibaly, ancien locataire de la Défense qui avait cédé ce portefeuille au nouveau Premier ministre dans l’équipe Modibo Keïta, nommé au super ministère de l’Administration Territoriale.

Les 8 autres font leur entrée pour la première fois au gouvernement. Il s’agit de  Me Baber Gano Sécrétaire Général du RPM, nommé Ministre des Transports ; Me Kassoum Tapo, proche du Président de la République, nommé Ministre des Droits de l’homme et de la Réforme de l’Etat ; M. Alhassane Ag Hamed Moussa, haut cadre des finances, nommé Ministre de la Décentralisation et de Fiscalité locale ; Mme Ly Taher Dravé, Ministre de l’Elevage et de la Pêche ; M. Harouna Modibo Touré, précédemment DG du PMU-Mali, nommé Ministre de l’Economie numérique  et de la Communication ; M. Maouloud  Ben Kattra de l’UNTM occupe le portefeuille de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

Le conseiller spécial du Président dans la lutte contre la maladie Ebola, Pr Samba Ousmane Sow, hérite du Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique ; Adama Tiémoko Diarra précédemment DG de la SOMAPEP, nommé Ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Population et Mme Traoré Oumou Touré de la CAFO, hérite du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.

Les sortants : Parmi les départs, on note deux grandes figures du parti au pouvoir, le RPM : Ousmane Koné et Mahamane Baby, qui étaient respectivement en charge de l’Environnement et de l’Emploi. Le ministère de la Communication et celui de la Défense changent de titulaires. Un membre actif de la majorité présidentielle, Me Mountaga Tall, alors porte-parole du gouvernement qui avait en charge de l’Energie numérique et la Communication quitte le gouvernement. Raisons des grèves ou simple coïncidence ?

En tout cas l’éviction des  ministres Marie Madeleine Togo de la Santé, et Barthelemy Togo de l’Education nationale n’a pas surpris certains quand bien même qu’ils aient été vus à la tâche. Mme Sangaré Oumou Bah, cadre du RPM, visiblement fatiguée, cède son portefeuille de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, un département qu’elle a dirigé avec brio. Quant au ministre Kassoum Denon, il quitte lui aussi le gouvernement en cédant sa place, l’Agriculture à Nango Dembélé. Un autre malheureux, Sambel Bana Diallo laisse sa place à un nouveau, M. Adama Tiémoko Diarra.

Les femmes :

Dans l’équipe AIM, le quota des 30% de femmes publiquement et solennellement promis par le chef de l’Etat le 8 Mars dernier n’a pas pu être respecté. Mais le nombre de femmes (8 femmes sur 35 ministres au total) dans ce gouvernement, est tout de même proche du quota. Ces amazones sont  Mme Traoré Oumou Touré (nouvelle), Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille ; Mme Ly Taher Dravé (nouvelle), Ministre de l’Elevage et de la Pêche ;  Pr Assétou Founè Samaké Miguan (ancienne), Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ; Mme Traoré Seynabou Diop (ancienne), Ministre de l’Equipement et du Désenclavement ; Mme Diarra Raky Talla (ancienne), Ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions ; Mme Keita Aida M’Bo (ancienne), Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable ; Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo (ancienne), Ministre de la Culture et Mme Ninan Walet Intallou (ancienne), Ministre de l’Artisanat et du Tourisme.

Les permutations : Ils ne sont seulement que deux ministres qui ont permuté dans le nouveau gouvernement. Il s’agit de  Nango Dembélé qui quitte le Département de l’Elevage et de la Pêche pour celui de l’Agriculture et Mohamed Ag Erlaf qui avait la lourde tâche de l’Administration Territoriale et de la Réforme de l’Etat, affairé dans le dossier d’installation des autorités intérimaires quitte au profit de l’Education nationale.

Représentativité et coloration politique :

Dans l’attelage du gouvernement AIM, l’on note la représentation des partis politiques membres de la CMP, mais pas tous, de la Société civile et de la Plateforme. Les partis représentés sont : le RPM avec 7 portefeuilles ; l’ADEMA avec 4 portefeuilles (le Commerce, les Mines, l’Aménagement du Territoire et de la Population et les Droits de l’homme et la Réforme de l’Etat) ; la CODEM ; l’UDD et le MODEC. Si au parti RPM, c’est la grosse déception, le parti ADEMA, deuxième force politique, voit sa position renforcée. Avec deux ministres dans le précédent gouvernement, le parti se retrouve avec 4 désormais. De plus, le ministre du Commerce, Abdel Karim Konaté, le doyen des ministres, s’est vu attribuer une importante casquette politique, celle de porte-parole du gouvernement.

La Société civile est bien représentée. Les ministres Maouloud Ben Kattra à l’Emploi et la Formation professionnelle et Mme Traoré Oumou Touré à la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille sont issues de la Société civile malienne. Le premier est un syndicaliste, membre influent de la première centrale syndicale, l’UNTM. La deuxième est une grande figure du mouvement féministe malien. Elle était précédemment présidente de la CAFO. L’on note également la présence de certains mouvements en l’occurrence la Plateforme représenté par les ministres Mohamed El Moctar de la Réconciliation nationale, et Alhassane Ag Hamed Moussa, de la Décentralisation et de Fiscalité locale.

Mais il y a aussi des apolitiques ou du moins des inconnus du paysage politique dans le gouvernement d’AIM. Ils sont considérés comme des proches du Président de la République. Au nombre desquels, Dr Boubou Cissé de l’Economie et des Finances,  Pr Samba Sow de la Santé, Mme Traoré Seynabou Diop de l’Equipement et du Désenclavement, Mme Ly Taher Dravé qui a la charge de l’Elevage et de la Pêche, mais aussi Mohamed Ali Ag Ibrahim, du développement industriel.

Daniel KOURIBA