Lors des échéances électorales au Mali, les candidats en campagne  promettent aux citoyens des actions de développement pour leurs localités. Mais, une fois sur un piédestal, la plupart de ces représentants du peuple  se démarquent de leur base, alors qu’ils ont une obligation de restitution de leurs activités.

« La redevabilité, c’est le devoir pour un élu de rendre compte de façon régulière  de ses actions aux citoyens de son territoire », précise Yacouba Traoré, maire de la commune de Tangandougou, dans le cercle de Yanfolila. « Elle est  fréquente  au niveau des  communes », ajoute ce Vice-président de l’Association des municipalités du Mali (AMM). Pendant les périodes de campagne électorale, les candidats font miroiter aux populations monts et merveilles pour obtenir leurs voix. Des engagements sont annoncés pour le développement local. Cependant, une fois sur leur trône, la plupart des élus se distancent de leur base. Ils sont rares ceux qui font un bilan quelconque de leur mandat de député ou d’élu communal. Alors que le Code des collectivités institue cette pratique à tous les niveaux. « C’est dur de le dire, mais les élus ne se prêtent pas à cette obligation», regrette Moussa Diarra, chef de la composante 1 de Mali SNGP (Programme de gouvernance Locale). « Si vous dépensez  un franc  des impôts des citoyens, vous devez leur dire dans quoi il a été investi, parce que toute gestion des fonds publics est assujettie au devoir de rendre  compte ». La méconnaissance par les citoyens de leur droit de connaitre des affaires publiques constitue  un handicap à l’émergence de la redevabilité. «  Je connais des députés qui passent cinq ans sans faire une seule restitution, alors que c’est un devoir moral », note l’Honorable Idrissa Sankaré, élu à Bankass.

Que des avantages

Pourtant, s’acquitter de ce devoir citoyen est bénéfique tant pour l’électeur que pour l’élu. « Si vous construisez un CSCOM, en informant la population que c’est grâce à leur contribution, les ressources pourront être facilement mobilisées, parce qu’elle sera actrice de son développement », souligne Moussa Diarra. En outre, la redevabilité contribue à la transparence dans la gestion de la chose publique et amoindrit la corruption. « Elle est un moyen de créer la confiance entre le maire ou le député et ceux qui l’ont élu, mais aussi une occasion pour le citoyen de poser des questions sur les dépenses et de s’impliquer davantage », conclut le responsable du SNGP.

Journal du mali