Lors de son prêche du vendredi 24 août 2018, le guide spirituel N’Bouyé Haidara a révélé ses conversations avec le fiston national venu à son chevet au Maroc en 2015. Ce dernier lui aurait avoué, au cours de leurs échanges, lier son implication dans la gestion du pays à l’Etat de santé de son père, IBK. Dans l’enregistrement audio que nous possédons, M’Bouyé a aussi dénoncé la gestion chaotique d’IBK et précisé qu’il est opposé à son pouvoir. Nous vous livrons des morceaux choisis de ce prêche.

« A travers cette élection, je comprends de ce que Karim m’a dit lors de sa visite et à mon chevet. Il avait dit que son père n’est pas en bonne santé. Il est donc obligatoire pour lui de s’impliquer dans la gestion du pouvoir. Dans son intervention, il a dit que son père est malade et qu’il se bat pour que le jour où le père ne pourra plus, que lui puisse parachever son œuvre. C’est ce qu’il a dit ce jour-là. Aussi, il a précisé qu’on ne peut pas préparer le second mandat sans pour autant économiser beaucoup d’argent. Ce sont ces propos qu’il (Karim Keita) a dit ce jour-là. Si aujourd’hui beaucoup disent qu’il y a eu des fraudes et des irrégularités à cette élection ; moi je savais que c’était préparé, il y a longtemps.

Pour être bref, je suis convaincu et j’ai des preuves que la victoire d’IBK ne fera pas avancer le Mali. Il se peut que des présidents aient fait des choses qui ne sont pas bons. Rares même sont ceux qui n’ont pas fait d’anomalies, mais aucun président au Mali n’en a fait autant qu’IBK. Le fait de prendre le pouvoir et de le confier à sa femme et son fils pour qu’ils en fassent ce qu’ils veulent ; nous ne l’avons vu qu’avec lui, IBK. Nous n’avons jamais vu cela au Mali. Nous l’avons vu ni avec Modibo, ni avec Moussa, ni avec Alpha ni avec ATT.

Même si certains des enfants de certains de ces présidents étaient impliqués dans leur gestion, c’est au niveau de leur famille et non dans toutes les affaires du pays, comme a fait IBK. Toute la gestion est centrée sur lui (IBK), sa femme et ses enfants. C’est même arrivé à un degré où ça ne peut même plus être caché. Le nom du fils est dans toute la gestion, sur tous les sujets. C’est pourquoi je suis contre ce pouvoir ; contre cette manière de diriger. Tous mes disciples sont aussi contre ce pouvoir. Et tous ceux qui seront contre ce pouvoir, nous serons ensemble pour ce combat.

Mais je ne combats ce pouvoir avec la violence et ne collaborerai pas avec celui qui est pour cette option. Nous n’avons aucun moyen d’empêcher les abus de pouvoir dont nous pourrions être victimes, mais nous n’allons jamais casser les biens de ce pays ni agir par la violence qui pourrait faire régresser ce pays. La raison : ils (ceux qui sont aux affaires) sont venus hier, ils partiront demain, mais le Mali demeurera. Beaucoup sont passés avant eux. Et après leur départ, le peuple qu’ils vont laisser appartient à tous les fils de ce pays. Ce pouvoir n’est rien sans le peuple malien. C’est le peuple qui l’a élu. C’est pourquoi, je dis que le pouvoir passe, mais le peuple reste.

Parlant de la gestion du pays, il y a eu beaucoup de gaspillages due à la mauvaise gestion. Je suis et resterais donc contre ce pouvoir. Je lance un appel aux porteurs d’uniformes du Mali (militaires, la garde nationale, la police, la gendarmerie). Sachez que vous êtes agents du Mali ; vous n’êtes ni au service de Modibo, de Moussa, d’Alpha, d’ATT et encore moins d’IBK. Votre pays est le Mali et c’est ce que vous devez défendre. Vous travaillez pour la sécurité et le développement du Mali. Vous ne devez pas accepter de procéder à la violence contre votre peuple au nom d’un président. Vous ne devez pas faire cela !

 

De nos jours, des présidents font des menaces ! Je tiens à préciser cela. Beaucoup le savent et l’admettent. Mais certains, même si on dit que Dieu est un, ils ne croiront pas. Ce que je vais dire, le candidat qui a été au 2ème tour, Soumaila Cissé dit qu’il a gagné cette élection et que sa victoire lui a été volée. Le pouvoir (IBK) a aussi dit qu’il a gagné, cela n’est pas mon problème. Mais celui dont la victoire a été volée bénéficiera de mon soutien. S’il (le camp de Soumaila Cissé) dit qu’il a été volé, je le crois parce que les Maliens sont dérangés et leurs droits sont violés. Mais si eux (les gouvernants) disent qu’ils ont gagné, je ne peux rien dire car tous les moyens sont avec eux et ce sont eux qui proclament les résultats ; moi je ne sais pas.

Mais demain (le samedi 25 août), on va marcher partout à travers le pays si tout va bien. L’objectif de la marche, c’est de protester contre la fraude électorale. Le peuple dira que le pouvoir lui appartient. Je précise, nous sommes contre ce pouvoir ; nous voulons qu’il parte. Mais notre marche est pacifique et dans le respect des lois qui nous l’autorisent ; sans jet de cailloux ni aucune autre violence. La raison de ma participation : ce pouvoir a échoué ; c’est un pouvoir qui viole les droits des faibles. J’ai dit cela ici à Nioro et je le ferais ici à Nioro. Nous allons nous ajouter aux organisateurs pour marcher pacifiquement. Je lance un appel à celui qui partage notre idée, mais sans violence, qu’ils nous rejoignent. Pour qu’il n’y ait pas d’infiltré lors de cette marche, il faut que mes partisans soient devant, au milieu et par derrière ».

Par Boureima Guindo

Source: Le Pays