Perçu comme étant l’ultime solution de sortie de crise au Mali, le dialogue national inclusif s’est finalement tenu sans un nombre important de partis politiques et d’associations de la société civile, si bien que les maliens y fondaient un espoir certain. Vu le rejet des élections législatives par la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), on serait tenté de dire que l’opposition politique avait certainement raison.

En effet, si certains, à l’issue dudit dialogue, n’ont eu de cesse de narguer les acteurs politiques et ceux de la société civile qui ont refusé d’y prendre, non pas par mauvaise foi, mais par simple mesure de précaution après que les conditions qu’ils ont posées pour y garantir un succès total ont été rejetées par la majorité présidentielle avec la caution personnelle du Président IBK, le temps, un mois seulement après le dialogue, semble donner raison à l’opposition et à tous ceux qui ont refusé d’y prendre part.

La CMA, dans un communiqué rendu public, a fait savoir son refus de prendre part aux législatives du 29 mars dans les conditions du calendrier actuel. Elle conditionne sa participation à la satisfaction d’un certain nombre de préalables, à savoir : – La diligence d’engager le processus de la réorganisation territoriale et du nouveau découpage administratif, – La prise en compte et en charge dans le prochain processus électoral des Régions de Taoudéni et de Ménaka en plus des Cercles d’El-Moustarat et d’Achibogho dont l’organisation territoriale a été adoptée par le Gouvernement en Conseil de Ministres depuis le 28 Février 2018, – La possibilité de faire participer les centaines des milliers des réfugiés et déplacés internes.

Et cela, non pas sans faire référence aux dispositions de l’Accord qui stipule en son Titre I dans le cadre des mesures destinées à assurer une meilleure gouvernance Chapitre 2 – Article 5 – Paragraphe 3 – Alinéa 3 « une plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales ».

Si le Triumvirat et le comité national d’organisation du DNI et les partis de la majorité avaient écouté et pris en compte les conditions posées par l’opposition, on n’en serait pas là aujourd’hui ! Et quelles sont donc les conditions posées par l’opposition ? Il s’agissait, entre autres, de l’intégration des questions de fond constituant les paramètres fondamentaux de la crise multidimensionnelle malienne, dont entre autres les raisons du blocage dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger en vue de sa nécessaire relecture, de l’absence de l’Etat à Kidal et sur des pans entiers du territoire national.

L’opposition exigeait aussi que les conclusions et recommandations issues du dialogue national aient un caractère exécutoire et contraignant pour tout le monde, y compris le Président de la République, et que le suivi soit assuré par un comité paritaire indépendant.

Ce dernier point semble si intéressant que si on avait adopté un tel paravent, la CMA n’aurait pas eu l’opportunité de récuser les législatives, encore de faire chanter l’Etat en vue d’une éventuelle participation. Auquel cas, le comité paritaire indépendant de suivi des conclusions du dialogue, tel que préconisé par l’opposition, allait lui faire remonter la bretelle ! En l’absence d’un tel comité, qui alors pour rappeler la CMA à l’ordre ?

Nous espérons que le temps va nous démentir, sinon nous sommes convaincus que ce n’est là que le début du commencement : la CMA, comme elle l’a toujours fait, va certainement, et à coup sûr, continuer à tout remettre en cause, car elle a son propre agenda, difficilement conciliable avec celui du Mali !

Seydou DIALLO

LE PAYS