La région de Bougouni a abrité un divorce douloureux au sein de la CDS-Mogotiguiya, parti le plus en vue dans la contrée depuis des décennies. L’empoignade entre Blaise et Zou a eu raison du parlementaire, qui a fini par rejoindre le RPM.  Un duel s’annonce désormais pour les 4 sièges à pourvoir dans la circonscription du Banimonitè.

 Personne ne voyait venir cette histoire même s’il fallait y penser après le remaniement ministériel. Blaise Sangaré alias Mogotigui entreprend une guerre de clochers avec son désormais numéro 2 Zoumana N’Tji Doumbia : scenario inimaginable il y a mois de 3 semaines. Mais le député à la tête de la commission des Lois a fini par claquer la porte pour rejoindre le RPM, formation qui est justement à l’origine de son départ puisqu’il était question d’une alliance où la CDS n’aurait qu’une seule place parlementaire.

Fort de sa popularité et des actions posées durant son mandat, Zoumana N’Tji Doumbia désire rempiler et ne s‘en cache pas. Seulement , le Secrétaire général sortant de la CDS ne voyait pas venir son désormais ex-président dans la chose parlementaire. Pourtant, le Mogotigui impute une bourde à l’enfant  de Zantiebougou depuis les dernières communales.

VÉRITÉS D’UNE RUPTURE

 S’il est clair que sur la forme, on en a le sentiment d’un abus de pouvoir, dans le fond ce n’est pas du tout le cas. Le député de Bougouni paie un revers du parti qui a fini par le rattraper : celui des élections communales de Novembre 2016. Durant l’épisode desdites municipalités, très attendues après plusieurs reports, les ténors de la majorité présidentielle dans leur grande majorité avaient failli à domicile. On peut citer le Président de l’Assemblée Nationale, ministre de la jeunesse ou le président du RPM pour ne citer que ceux-ci. Celui qui avait émergé du lot fut le président de la CDS non moins conseillé spécial du Chef de l’Etat.

Bien que victorieux à Bougouni de façon écrasante , celle-ci n’est pas absolue. Zoumana N’Tji Doumbia aurait échoué à Zantiebougou son fief. Une défaite que Blaise aura eu du mal à digérer et ne pardonnera pas à son numéro 2. Car il faut noter que le député qui siègera maintenant au groupe RPM était aussi le Secrétaire Général du Baniminotie. Autant d’atouts qui ne pouvaient justifier sa défaite face à des acteurs locaux qui ne pèsent pas grand-chose.

Ce fiasco qui lui est imputé déclencha les hostilités et mettait l’honorable Doumbia sous les projecteurs du règlement des comptes. Malheureusement, le congrès tant attendu du parti n’aura pas lieu pour que cela se fasse. Blaise Sangaré venait de renoncer à une candidature pour Koulouba 2018 et a opté pour soutien total à IBK. Autrement dit , un désistement du Mogotigui pour l’homme fort de Koulouba était la priorité d’alors avant que le tout soit tiré au clair.

Vu qu’il était question d’une place pour la CDS parmi les 4 sièges parlementaires de Bougouni, l’ancien DG de la CMSS n’a pas eu à réfléchir. Zoumana N’Tji subit donc une sanction de cet épisode qui l’aura décrédibilisé depuis un moment, aux yeux du Blaise et ses soutiens.

Il aura donc fallu attendre 2 années plus tard pour que resurgisse cette affaire sous le format que nous connaissons : récupération de l’unique siège parlementaire par le maître du MOGOTIGUIYA depuis Bougouni. Aussi, Zoumana N’Tji était pressenti pour prendre les rênes de la CDS. Chose qu’il refusa, préférant renforcer sa côté auprès du Chef de l’Etat qui n’hésitera pas à faire des gestes au commissaire-priseur de formation.

FACE A FACE EN VUE

Maintenant que Le député Doumbia a claqué la porte de sa famille politique, on attend de voir l’accueil qui lui sera réservé au RPM. Son arrivée a chamboulé la formule de la liste et donne maintenant du fil à retordre à Blaise Sangaré. Est-ce que le parti présidentiel ira finalement avec 3 candidats et Blaise Sangaré comme allié ? Le report des législatives permettra de tirer tout au clair.

Des sources locales à Bougouni indiquent en tout cas que le patron de la CDS a compilé une liste pour augmenter ses chances. La CODEM et l’ADEMA iraient avec celui qui fut conseiller communal à la mairie de Garalo et siégé au conseil régional de Bougouni. En tout cas, une situation où Zou et Mogotigui se retrouveraient sous des couleurs opposées fera sensation dans cette région que l’autre disait ne jamais devenir… bougouBA. Les mois à venir situeront !

Idrissa Keïta

Source: Le Témoin