Les responsables de la Synergie des organisations de la société civile et de la CNDH (Commission nationale des droits de l’homme) étaient face à la presse, hier, lundi 30 mars 2020 à l’hôtel Radisson Blu pour rendre public les aspects constatés par leurs observateurs lors du premier tour de l’élection législative du 29 mars 2020. La Mission d’Observation Electorale (MOE) de la Synergie, dirigée par Dr Ibrahima Sangho a constaté le manque de produits sanitaires et hygiéniques liés à la pandémie du CORONAVIRUS. « Des cas d’achats de conscience, de spéculations sur les cartes d’électeur et de bourrage d’urnes ont été constatés », indiquent les conférenciers. Dans la déclaration produit par la Synergie, il ressort que 51,20% des votants étaient des femmes.

Selon le conférencier, Dr Ibrahima Sangho, la campagne électorale a été fortement affectée par la détérioration des conditions sécuritaires et sanitaires dans le pays. Cette situation, dit-il, a limité fortement la capacité de mouvement des candidats et a même rompu l’égalité des chances entre eux. A ses dires, sur 562 candidatures reçues, 547 ont été retenues et15 rejetées par la Cour constitutionnelle. Les observateurs de la Synergie ont noté que le matériel électoral était disponible et en quantité suffisante dans la plupart des bureaux de vote observés. Cependant, la mission a constaté le manque de produits sanitaires et hygiéniques liés à la pandémie du Coronavirus et de matériel électoral dans certains centres de vote.

Elle a par ailleurs observé des scènes d’intimidation ou d’enlèvement d’agents électoraux notamment dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. «Des cas d’achats de conscience, de spéculations sur les cartes d’électeur et de bourrage d’urnes ont été constatés », a déclaré Dr Ibrahima Sangho. En outre, la mission a noté que 51,20% des votants étaient des femmes.

A ce stade de l’observation des élections législatives et pour améliorer les conditions de la poursuite des opérations, la mission recommande au Gouvernement de préserver les droits des électeurs et des candidats par leur sécurisation et la garantie de l’égalité de chance des candidats ; d’étendre les dérogations aux mesures de couvre-feu aux acteurs impliqués dans le processus électoral, notamment les agents électoraux et les observateurs ; de mettre un accent particulier sur la formation des agents électoraux aux procédures et règles en matière de tenue du bureau de vote et leur sécurisation ; de prendre des mesures pratiques afin de faciliter l’accès aux bureaux de vote aux personnes vivant avec handicap ; de mettre en œuvre les mesures de protection des agents électoraux, observateurs et électeurs contre le Coronavirus (COVID 19) et l’insécurité ; de poursuivre en lien, avec la société civile, les initiatives d’appels collectifs au calme des populations et de tous les acteurs politiques et réactiver le programme national d’éducation civique ; de créer les conditions pour l’effectivité des élections paisibles sur l’ensemble du territoire national.

La Synergie des organisations de la société civile et de la CNDH recommande aux acteurs politiques de poursuivre dans la voie du dialogue et de la concertation, le règlement de toutes les divergences pouvant naître du processus électoral ; de recourir aux juridictions compétentes pour le règlement de tout contentieux électoral.

Le conférencier invite les organisations de la société civile et à la CNDH à poursuivre et à intensifier leur travail d’éducation civique et de sensibilisation de la population sur toute l’étendue du territoire malien ; à appeler les leaders religieux à poursuivre leur appel à la cohésion sociale, aux respects des règles institutionnelles et électorales. En outre, la Synergie des organisations de la société civile et de la CNDH recommande à la communauté internationale de poursuivre et renforcer son appui multiforme aux acteurs locaux du processus électoral ; de renforcer son soutien technique et matériel aux autorités maliennes dans leurs efforts pour l’instauration de la paix et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire ; d’encourager la coopération entre les Forces Armées Maliennes, les Forces de la MINUSMA, Barkhane et du G5 Sahel dans la coordination et la sécurisation du processus électoral.

Aux dires de Dr Ibrahima Sangho, la mission poursuit actuellement l’observation de la centralisation des résultats dans les cercles et le District de Bamako. « Les procédures s’effectuent jusqu’à présent de manière transparente, avec la participation des représentants de candidats. La MOE de la Synergie poursuivra l’observation dans les cercles, le District de Bamako et au niveau national jusqu’à l’annonce des résultats provisoires par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MATD). La MOE de la Synergie salue les efforts du Gouvernement, de la CENI, de la DGE, de la Classe Politique, de la Société Civile, des médias, du Peuple malien et de la Communauté internationale qui ont concouru à la tenue du scrutin du 29 mars 2020. La Mission encourage les parties prenantes au processus électoral de créer les conditions de paix et de sécurité sans lesquelles la marche vers le développement inclusif n’est point possible. Enfin, il s’agit, pour tous et chacun, de mettre le Mali au-dessus de tout », a conclu le conférencier.

Aguibou Sogodogo

Source: Journal le Républicain-Mali