Selon que l’on soit Bandiougou Doumbia ou Mahmoud Dicko, le régime vous jettera dans les geôles ou s’excusera de vous avoir… importuné, aurait sûrement dit le Fabuliste!

Après les propos musclés tenus lors du meeting de ce samedi 29 février au Palais de la Culture, le Procureur de la République, près le Tribunal de Grande Instance de la Commune V, a saisi la Section d’investigations judiciaires du Camp I pour convoquer ce mardi aux fins d’auditionner le prêcheur de Badalabougou. Motif invoqué: trouble à l’ordre public (et probablement pour propos séditieux).

Mais l’immense mobilisation populaire qui a envahi, très tôt ce mardi, les abords du Tribunal de la Commune V a vite fait de faire décamper tout le personnel du service judiciaire, y compris le Procureur auteur de la saisine.
En dépit des instances officielles du régime auprès de lui pour l’en dissuader en assurant que la procédure a été annulée, l’Imam Dicko a insisté pour se rendre à la convocation, avant d’y enjoindre à la marée populaire de retourner calmement à la maison, scandant «Dicko est intouchable!».

On peut dire qu’en jouant avec le feu, le régime l’a échappé belle: la mobilisation de ce mardi pourrait bien être un signe avant-coureur de ce vendredi 6. Même le Chérif de Nioro, le puissant Guide de la Tidjania, avait dépêché son fils pour apporter son soutien à celui qui l’a toujours placé au rang de mentor et de Guide.
Plus tard, dans la journée, on apprenait que Tiébilé Dramé, le ministre des Affaires étrangères, après avoir éteint à Paris l’incendie de Toumani Djimé Diallo, avait été requis de toute diligence pour jouer au pompier auprès de l’ancien président du HCI, en lui présentant toute la contrition et les plates excuses du régime et du président IBK.
Et pourtant, les propos de Mahmoud Dicko sont sans équivoque : «…De Kidira jusqu’à Kidal, que tous se lèvent comme un seul homme, qu’aucune communauté, qu’aucune localité ne demeurent en reste ! Si nous ne nous mettons pas debout… Même au besoin si nous devons nous armer de pierres… Que chacun fasse avec les moyens qu’il peut: que ceux qui le peuvent s’arment de bâtons, de haches, que nous fassions tout ce dont nous sommes capables. Qu’on ne reste plus assis, nous sommes des personnes libres qui ne devrions pas accepter de devenir des esclaves, en perdant nos libertés», avait-il lancé.

Faut-il y voir un appel à la sédition ou à la résistance, même avec des armes blanches, contre le pouvoir ? Mahmoud Dicko n’est guère loin de Bandiougou Doumbia, un autre prêcheur embastillé, depuis le 19 février dernier pour des propos séditieux et menaces contre le Chef de l’Etat et sa famille.

Cependant, l’Imam Dicko, plus fin et plus futé, se situe dans un registre nettement différent et pour une cause autrement plus noble qu’une sordide affaire de dépit après démolition de constructions illégales acquises au prix d’une ignoble prédation foncière!

Mohamed Ag Aliou
Source : Nouvelle Liberation