Alors que nombre de Maliens et la Communauté internationale, notamment la France, sont dans la dynamique de la tenue de la présidentielle en juillet prochain, le président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid-Fyt)), a opté pour une fuite en avant. En effet, c’est à cors et à cris qu’il réclame le report de trois mois de la présidentielle devant permettre au Mali de se doter d’un président légal.

Me Mountaga Tall

Après plusieurs tentatives d’être président de la République du Mali, Me Tall aurait-il peur d’affronter les autres poids lourds de la scène politique malienne à l’instar d’Ibk, Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé, Zoumana Sacko, Tiébilé Dramé… ? C’est la question qui taraude actuellement les esprits.

Ramant à contre-courant, il a surpris tous les Maliens en déclarant récemment sur les ondes de Rfi qu’il préfère «un report de trois mois» de cette échéance électorale. Raison évoquée : «Il faudrait éviter le scénario à l’ivoirienne.  «Il faudrait mieux, de mon point de vue, décaler les élections de trois mois que d’avoir à gérer dix ans de crise».
Et de poursuivre : «Nous devons travailler à réunir toutes les conditions afin que ces élections soient les plus inclusives possibles, c’est-à-dire avec la participation des populations déplacées ou réfugiées Il faut que le futur président de la République ait une légitimité incontestable avec une très forte participation. Je préfère une élection retardée à un  conflit post-électoral à l’ivoirienne  qui a duré dix ans, avec des milliers de morts».
Il souhaite aussi le règlement de la question des communautés arabes et noires ; la réintégration des populations déplacées ou réfugiées dans les pays limitrophes, notamment en Mauritanie, avant de songer à aller aux élections. Mais, Me Tall oublie-t-il que le Mali ne doit pas continuer à végéter dans la léthargie et qu’il faut aller obligatoirement aux élections pour permettre au président qui sera issu des urnes de ramener le Mali sur le bon chemin ? De toutes les façons, si toutes ces questions doivent être résolues avant que le Mali n’aille aux élections, il faudrait bien craindre qu’elles se déroulent en 2050 ou qu’elles ne se déroulent jamais. Me Tall oublie-t-il que des élections ont bien pu se tenir dans certains pays, bien qu’ils soient en crise et que cela a bien marché ?
Alors que le ministre de l’Administration territoriale, le Premier ministre et le président de la République sont à pied d’œuvre pour que les élections se tiennent en juillet prochain, le président du Cnid-Fyt, sachant bien qu’il ne sera jamais président de la République du Mali, veut d’avance semer le doute, la confusion et entretenir une crise post-électorale imaginaire.
Ce qui est marrant dans cette histoire, c’est le jour qu’il a choisi pour se prononcer sur Rfi. Pour rappel, c’était à l’aube de l’arrivée du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans notre capitale.  Mais, c’est à son grand dam que celui-ci a insisté sur le respect du calendrier qui prévoit l’organisation des élections avant la fin du mois de juillet prochain. Fabius a également fait état d’une amélioration de la situation et a jugé préférable de respecter les échéances prévues pour les élections. «Nos partenaires maliens disent que c’est ce qu’ils veulent et que c’est possible. L’objectif, c’est juillet et tout est fait pour le respecter», a-t-il assuré.
«Vouloir, c’est pouvoir», dit une maxime bien connue. Si les partis politiques le veulent bien, les élections se tiendront avant le 31 juillet prochain et elles seront bien réussies. Comme le dirait l’autre, il faut qu’elles se tiennent et tant pis pour «les canards boiteux». Les partis politiques qui ne seront pas prêts, devraient tout simplement s’y résigner.
Basile ESSO