Dans un communiqué dont nous avons pu nous procurer une copie, la plateforme Anw Ko Mali Dron (AKMD) composée de plusieurs partis politiques et organisations de la société civile dont l’Adéma Association, les Fare-Anka Wili… s’est prononcée sur l’atelier de validation du projet de termes de références du Dialogue politique inclusif du Comité national d’organisation.

Selon le document, la plateforme Anw Ko Mali Dron, à travers ses membres, a participé aux écoutes organisées par le Triumvirat et le Comité d’organisation du dialogue politique inclusif, unilatéralement mis en place, au cours desquelles la plateforme avait fait des propositions et avait aussi développé et rendu public sa compréhension du Dialogue national inclusif (DNI) à travers trois documents, notamment la Déclaration relative à la Sécurité, au Dialogue national et à la Prorogation du mandat des députés (juin 2019); le texte de la conférence-débats (juillet 2019) et le document “Pour un Dialogue National Inclusif (août 2019)”.

A en croire les responsables de la plateforme, durant les différentes écoutes, le Triumvirat a tenté de rassurer sur sa qualité de facilitateur, son indépendance et sa volonté de conduire un processus participatif et inclusif. Et d’ajouter que dans cet esprit, il avait été indiqué que le Triumvirat dresse un rapport de synthèse des écoutes et des documents remis par les uns et les autres, sur l’état du pays, les convergences et les divergences sur l’essentiel du dialogue et qu’il soumette ce rapport à une rencontre des forces politiques et sociales. Et de poursuivre que cela permettra de créer un véritable compromis dynamique autour du processus, grâce à un consensus sur le diagnostic de la situation nationale, la compréhension et la dénomination du Dialogue, le but principal, les principes directeurs du Dialogue national, l’architecture institutionnelle et organisationnelle, le déroulé des différentes phases et les règlements y afférents.

Les TDR proposés par

le Triumvirat portent un dialogue politique inclusif formaté

“Malheureusement, au lieu de légitimer ainsi  le processus, le Triumvirat, par les TDR proposés, porte un dialogue politique inclusif formaté, en ligne directe de l’accord politique de gouvernance, processus ni inclusif, ni participatif, ni autonome. Ce qui n’est pas conforme à notre vision du Dialogue national inclusif”, a déploré la plateforme.

Aussi, la plateforme Anw Ko Mali Dron dit avoir constaté que les TDR vont à l’encontre de l’exercice hautement démocratique et participatif en ne redonnant pas véritablement la parole au citoyen qui se trouve évincé de tous les niveaux du processus. Car, poursuit le communiqué, ces TDR n’optent pas pour le Dialogue National Inclusif qui prend en compte toutes les dimensions du Mali en crise, la globalité, la profondeur de la crise et se veut le conducteur pertinent pour une véritable union sacrée.

A la lecture des responsables de la plateforme, les TDR montrent bien que le Dialogue est ancré dans l’Accord politique de gouvernance (APG), ce à travers la référence à l’APG dans le contexte, la consécration du concept de Dialogue politique inclusif et son contenu. Aussi, à travers les différents compartiments, les objectifs de l’APG sont clairement évoqués, qui sont essentiellement focalisés sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (APR) et la révision constitutionnelle.

“La validation des TDR par un atelier regroupant ceux qui auraient répondu ou formulé des propositions concrètes de contenu et de format à la lettre du  président de la République ou auprès du Triumvirat et non à une rencontre des forces politiques et sociales, est non inclusive et n’a donc aucune légitimité”, a martelé la plateforme.

De leur point de vue, l’autonomie du Dialogue national inclusif est compromise car les  différents actes posés montrent qu’en lien avec le Gouvernement, le Triumvirat et le Comité travaillent à un dialogue politique inclusif administré. Donc, les autorités administratives doivent être strictement cantonnées aux aspects logistiques et sécuritaires en appui aux Comités régionaux et locaux autonomes. “Il n’est pas acceptable que le secrétariat de la concertation soit assuré par les services déconcentrés de l’Etat sous l’autorité du sous-préfet ou du préfet, ou que le niveau régional et du district de Bamako serve également de cadre de compilation et de synthèse des conclusions des différents cercles par les Gouverneurs de région et du district de Bamako pour les communes du District…”, peut-on lire dans le communique de la plateforme Anw Ko Mali Dron.

De l’analyse des cadres de la plateforme Anw Ko Mali Dron, il ressort que les TDR occultent carrément tout diagnostic du Mali en crise avec un contexte et des justificatifs bien lissés. “Sans un état des lieux complet et partagé, de quoi va-t-on parler et pour quelles solutions ? Quel projet commun ?”, s’est interrogée la plateforme.

Le caractère souverain du Dialogue national inclusif n’est nulle part affirmé comme un préalable

De leur avis, le processus ascendant, du local au sommet, est biaisé par une liste des participants déséquilibrée au profit des officiels, semi-officiels et para-officiels ainsi qu’au détriment des citoyens. Et de préciser que le monde rural est complètement ignoré de même que le tissu urbain, le monde universitaire et le secteur privé dans sa diversité. “Il n’y a pas de délégués des communes à la rencontre du cercle, ni de ceux des cercles à la concertation régionale et pas de délégués des régions à la rencontre nationale de synthèse. Le caractère souverain du Dialogue national inclusif n’est nulle part affirmé comme un préalable et la liberté des sujets à débattre, sans tabou, n’est pas un principe posé par les TDR”, a-t-il indiqué.

Aux dires de la plateforme, les thématiques fixées au nombre de quatre et leur éclatement ne répondent pas au Mali en crise, parce qu’elles ne sont pas significatives pour un traitement de fond de l’ensemble des causalités ayant engendré et alimenté la grave crise que connaît le pays depuis quelques années. Ainsi, mentionne le communiqué, le temps utile à un Dialogue national inclusif, ouvrant la voie à une sortie de crise endogène et durable, est sacrifié au profit d’une course contre la montre qui cale toute la partie active du processus du dialogue entre fin août et fin septembre 2019, pour répondre à on ne sait quel agenda.

Au regard de tous ces constats cités plus haut, il a été décidé que les organisations membres de la plateforme Anw Ko Mali Dron ne participent pas à l’atelier de validation des TDR du Dialogue politique inclusif qui s’est tenu les 14 et 15 septembre 2019 afin de ne pas cautionner le lancement d’un dialogue administré.                 

                          Boubacar PAÏTAO

Source: Aujourd’hui Mali